Par Jean-Yves Guiomar
Né en 1898 ; instituteur ; secrétaire départemental du SNI et de la Fédération des fonctionnaires des Côtes-du-Nord.
Après la dissolution du syndicat illégal des instituteurs et institutrices des Côtes-du-Nord en juillet 1922, Michel Burel participa à la fondation, en octobre de la même année, et alors qu’il était instituteur à Binic (Côtes-du-Nord), de l’Émancipation dont il était secrétaire et qui disparut dans l’été de 1924. Membre du conseil départemental de Défense laïque et secrétaire, au printemps de 1923, de la section d’Étables-sur-Mer du Cartel des fonctionnaires, il s’attacha avant tout, durant cette période, à la reconstitution de l’organisation syndicale des instituteurs. Dans une région où la classe ouvrière était numériquement très faible et où la prise de conscience sociale des paysans était à des débuts, la laïcité constituait une base essentielle des revendications de la gauche, et les instituteurs une pépinière de cadres pour le développement du socialisme.
Le numéro du 16 décembre 1923 de l’Éveil breton, organe de la Fédération SFIO des Côtes-du-Nord, indique qu’une section du SNI était en cours de constitution dans le département et qu’il fallait envoyer les adhésions à Burel. Cette section tint une assemblée générale en juin 1924 et inscrivit dans son programme d’action la collaboration « avec les autres organisations ouvrières ». C’était l’expression de la ligne défendue par son secrétaire Burel qui ne concevait cette collaboration que comme une adhésion à la CGT. En juillet, il refusa d’ailleurs ainsi que Pasquiou* de se rendre à une réunion syndicale d’enseignants organisée à Saint-Brieuc par Lagain* , militant unitaire, et il présenta au congrès fédéral de Lyon, en août, une motion tendant à l’adhésion du SNI à la CGT, décision qui fut repoussée au congrès suivant. Aux assises de la section, en mars 1925, l’ensemble de ses six cents membres était confédérés et le syndicat fut représenté par Burel au congrès de Paris de la CGT au mois d’août.
Nommé au Légué-Plérin en octobre 1925, Burel poursuivit son entreprise d’élargissement et d’ouverture du syndicalisme enseignant. Toujours secrétaire de la section départementale du SNI, il représenta en février 1926 les instituteurs à la Fédération des fonctionnaires des Côtes-du-Nord, Fédération dont il occupait le secrétariat à la fin de l’année. Il fut également de 1927 à 1931 (au moins) secrétaire de la commission de défense laïque (cf. Bulletin mensuel SNI, n° spécial, octobre 1927 et l’École Libératrice, 19 septembre 1931).
Délégué au congrès fédéral de Strasbourg, il était devenu, en 1926, membre de la commission permanente du SNI, un SNI très anti-unitaire, comme Burel. Ayant dû lutter de vitesse, notamment avec Lagain qui l’accusait de vouloir accaparer l’Émancipation, lors de la constitution des deux syndicats rivaux, il en conserva une vive hostilité envers la CGTU. Il polémiquait, notamment en 1930-1931 dans le bulletin de la section avec les instituteurs unitaires des Côtes-du-Nord. On ne le vit qu’une fois à la même tribune que ses adversaires, en avril 1927, lors d’une réunion organisée à Saint-Brieuc par les deux Unions locales en faveur de Sacco et Vanzetti.
Réélu secrétaire fédéral en 1928 et en 1931, il représentait les instituteurs en mars 1929 lorsque fut fondée une section départementale de la Fédération générale de l’Enseignement-CGT. Nommé directeur d’école à Loudéac (Côtes-du-Nord) en 1929, il conserva cependant le secrétariat du syndicat jusqu’en 1931 et resta un personnage important de l’Union départementale puisque c’est à lui qu’on fit appel en juin 1932 pour présider le meeting d’inauguration de la Maison du Peuple de Saint-Brieuc auquel Jouhaux était invité.
Isolé à Loudéac où l’activité syndicale était quasiment inexistante et vraisemblablement hostile à l’unité, il resta membre de la commission administrative de l’UD jusqu’en 1935. Une dernière mention est faite de lui lorsque, toujours directeur d’école, il organisa, le 1er décembre 1935, un cortège au monument aux morts de l’association des mutilés, réformés et anciens combattants de Loudéac.
Par Jean-Yves Guiomar
SOURCES : Arch. Dép. Côtes-du-Nord, série M, réunions syndicales et corporatives ; réunions diverses. — CGT : congrès confédéral de Paris, 1925. — L’Éveil breton. — Le Travailleur unitaire — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste. — L’Avenir syndicaliste des Côtes-du-Nord, 1928-1934.