BÉBIN Ambroise, Marie

Par R. Balland

Né le 7 mars 1883 à Ploërmel (Morbihan), mort le 22 mai 1972 à Antony (Seine) ; cordonnier ; anarchiste puis communiste.

Fils d’un carrier, époux de Berthe Roure, militante communiste depuis 1921, Ambroise Bébin entra lui-même au PC, le quitta puis le rejoignit en 1950, attaché dans tous les cas à la défense de la cause populaire, jusqu’à sa mort survenue en mai 1972.

Issu d’une famille pauvre de six enfants (il était le quatrième), il eut une enfance malheureuse et manqua parfois de l’essentiel. Apprenti cordonnier chez un premier patron misérable, il passa son temps rivé à des besognes qui n’avaient rien à voir avec sa formation. Tuberculeux à quinze ans par suite de privations, il retrouva peu à peu assez de force pour commencer à Rennes une vie de militant au service de la classe ouvrière dont « les problèmes devaient l’occuper toute sa vie ». C’est là qu’il connut Louise Michel, comme elle passait dans cette ville au cours d’une longue tournée à travers la France. À Paris ensuite, il retrouva certains de ses camarades, auxquels s’ajoutèrent ceux qui participaient comme lui aux conférences anarchistes révolutionnaires : Libertad, Monmousseau, Lorulot. Militant anarchiste passionné d’antimilitarisme, il fut parfois surveillé pendant la période 1914-1918 et connut même plusieurs fois la prison.

Mais après la guerre, sans qu’il rompît jamais avec ses amis libertaires, il devait être influencé par de nouveaux courants de pensée, se sentir attiré par de nouvelles lignes d’action. « La révolution de 1917 l’avait galvanisé » au dire de Berthe Bébin. Il avait rencontré celle-ci en 1919, l’avait suivie aux réunions où parlaient Cachin, Vaillant-Couturier, Barbusse, Georges Pioch, Frossard. Ouvrier bottier, il lui était arrivé de chausser des rois (Alphonse XIII, Édouard VII), plus souvent encore de réfléchir aux injustices sociales tout en travaillant « pour le compte de patrons âpres » au service de « clients méprisants ». Peu à peu, la lecture du journal l’Humanité fit de lui, selon sa femme, « un de ces ouvriers devenus intellectuels » éprouvant le besoin d’adhérer. En 1934, il entra au PC, l’abandonna pendant quelques années pour le retrouver en 1950 (cellule Paillole d’Orsay-le-Guichet) et ne plus s’en séparer.

Quand vinrent les années tourmentées d’avant-guerre, la victoire nazie et le cortège de misères qu’elle entraînait, ce fut l’occasion pour les époux Bébin d’aider les infortunés (adoption en commun avec des amis d’enfants espagnols, secours matériels et moraux aux militants incarcérés ou en fuite).

Cordonnier retraité, domicilié à Orsay (Essonne), il mourut à Antony (Hauts-de-Seine) le 22 mai 1972.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103150, notice BÉBIN Ambroise, Marie par R. Balland, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 9 novembre 2022.

Par R. Balland

SOURCE : La Marseillaise de l’Essonne, 27 juin 1972, article rédigé d’après les propos de Berthe Bébin.

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