ASTRIEUD Alice, Cécile, Marie, épouse ALLOUIS

Par Jacques Girault

Née le 10 mars 1923 à La Cluse-en-Dévoluy (Hautes-Alpes), morte le 21 septembre 2015 à Gap (Hautes-Alpes) ; institutrice ; militante communiste ; militante syndicaliste, secrétaire des sections des Hautes-Alpes du SNI et de la FEN.

Alice Allouis-Astrieud
Alice Allouis-Astrieud

Fille d’un boulanger qui travailla par la suite dans les Ponts et Chaussées, sympathisant communiste, Alice Astrieud reçut les premiers sacrements catholiques et passa sa jeunesse dans un milieu rural et montagnard. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires, elle entra comme pensionnaire à l’école primaire supérieure de Gap en 1935, participa à la solidarité en faveur des républicains espagnols et fut admise au concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de Gap en 1940. En raison de la suppression des écoles normales, elle fut élève au lycée de jeunes filles de Gap, et obtint le baccalauréat (philosophie) en 1943. Après un an de stages successivement à Gap, à Valence puis à l’école nationale professionnelle de Vizille (Isère), au CREPS de Voiron (Isère), elle débuta comme institutrice à Chaumenq, hameau de Bréziers (1944) où elle aida la Résistance locale. Elle exerça par la suite à La Cluse (1947), à Chorges (Les Bernards, 1953), et dirigea l’école de La Roche des Arnauds (1960) avant d’être nommée à Gap (1966). Devenue directrice de l’école de Bonneval en 1971, elle y prit sa retraite en 1978.

Dès 1944, Alice Astrieud milita dans le groupe de jeunes du Syndicat national des instituteurs et participa aux activités du syndicat qui sortait de la clandestinité. Elle prit part au congrès national de Grenoble en juillet 1946 comme auditrice et participa à la visite dans le Vercors, riche en souvenirs de la Résistance. Elle fut désignée comme représentante du groupe de jeunes au conseil syndical de la section départementale, puis y fut élue à partir de 1952. Elle siégea régulièrement à la commission administrative paritaire départementale à partir de 1954 jusqu’au début des années 1970, au Conseil départemental de l’enseignement primaire et au comité technique paritaire. Elle y lutta notamment contre la fermeture des écoles rurales. En octobre 1953, elle devint secrétaire adjointe "cégétiste" de la section avant d’en devenir secrétaire générale en 1964 et le demeura jusqu’en 1971-1972.

Elle figurait régulièrement, en position de non éligible, sur la liste des ex-cégétistes au bureau national du SNI à partir de décembre 1961 (« Le prestige du SNI dépend d’une orientation correcte et ferme et de la vraie démocratie syndicale » où elle était dix-septième). Elle signa en novembre 1963 le texte de présentation des candidats au bureau national de la liste « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort » dont elle faisait partie en 15e position. À la suite de démissions successives parmi les candidats qui la précédaient, proclamée élue au bureau national, elle démissionna à son tour au début de février 1964. Elle fut à nouveau candidate en 1965, en 1966, en 1967, en 1969, en dix-huitième position sur les listes « Pour l’unité, l’action, l’efficacité du SNI ». Elle participa à tous les congrès nationaux, mais n’y prit jamais la parole, se « sentant écrasée par l’omnipotence masculine ». Elle fut assesseur de la séance du 14 juillet 1962.

Elle resta la secrétaire "Unité et Action" de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale de 1958 à 1965 puis à nouveau à partir de 1970

Dans le même temps, membre de la commission exécutive de la Fédération des œuvres laïques, Alice Astrieud participa à l’organisation des nombreuses actions pour la défense de l’école laïque, notamment en 1959 en faveur de la pétition contre la loi Debré. Elle collaborait aussi à la rédaction de L’Ami de l’école laïque parallèlement aux articles qu’elle composait pour le bulletin syndical, L’école haut-alpine. Retraitée, elle présida la Mutuelle Accidents Élèves (1978-1985) puis l’association des Délégués départementaux de l’Éducation nationale (1985-1993).

Adhérente au Parti communiste français depuis 1954 à Chorges, trésorière de la section communiste de Chorges, Alice Astrieud entra au comité fédéral en 1956 et fut régulièrement renouvelée. Membre de la commission féminine en 1962, elle devint membre du bureau fédéral (1965-1970). Redevenue membre du comité fédéral, elle cessa d’en être membre en 1974, sur sa demande. Elle avait été trésorière de sa section du Parti entre 1959 et 1963. Redevenu membre du comité fédéral, elle y siégea jusqu’en 1990. Elle suivit le stage central pour les instituteurs communistes à Viroflay (Seine-et-Oise/Yvelines) en septembre 1955. Le responsable estimait qu’elle avait « bien travaillé » et avait une « assez bonne compréhension de la politique du Parti » Il notait une timidité et souhaitait qu’elle soit en « liaison plus étroite avec l’activité du Parti ». Elle figurait parmi les élèves de l’école centrale d’un mois à Viroflay pendant l’été 1969, puis participa aussi à une autre école à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Elle ne fut déléguée de sa fédération qu’au congrès national de 1995 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Alice Astrieud fut candidate du PCF aux élections pour le conseil général dans le canton de Saint-Étienne-en-Dévoluy en 1958, région très conservatrice où se posait la question de la domination des puissances financières. Elle militait aussi au Mouvement de la paix.

Mariée en avril 1976 avec Albert Allouis, agent comptable des organismes de Sécurité sociale, veuve depuis 1995, Alice Allouis-Astrieud, toujours membre du PCF et du Mouvement de la paix, participait à l’organisation de soirées culturelles, d’expositions annuelles de travaux artistiques régionaux, du Printemps du livre à Veynes, contait pour les enfants les légendes du Dévoluy ou présentait des conférences sur l’école (« Visages de l’école publique dans les Hautes-Alpes depuis la Libération », 15 juin 2002 devant l’assemblée générale des DDEN) ou sur le Dévoluy (21 juin 2002, lors d’un stage de botanistes). Elle assuma l’intérim de la présidence de l’institut d’études occitanes « Espaci Occitan dels Aups » et elle siégea à son conseil d’administration durant des années.

Après son décès à l’EHPAD de Gap, une soirée d’hommage fut organisée le 2 octobre 2015 par les organisations dans lesquelles elle avait milité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10323, notice ASTRIEUD Alice, Cécile, Marie, épouse ALLOUIS par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 21 septembre 2021.

Par Jacques Girault

Alice Allouis-Astrieud
Alice Allouis-Astrieud

ŒUVRE : Histoire d’un village haut-alpin. La Cluse, 1987, — Si les écoles normales nous étaient contées, 1993, — Harmonies occitanes en Dévoluy, Gap, Louis Jean, 2001, 105 p.

SOURCES : Arch. comité national PCF. — L’Ecole libératrice ; bulletins départementaux du SNI. — — https://www.espaci-occitan.com/fr/actualites/2015/10/01/. — Renseignements fournis par l’intéressée. — Notes d’Alain Dalançon et de Laurent Frajerman.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable