CACOUAULT Jules, Étienne, Ernest, dit aussi Clément

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

Né le 19 juin 1863 à Prailles (Deux-Sèvres), mort le 10 septembre 1938 à Tiercé (Maine-et-Loire) ; officier supérieur de carrière ; militant socialiste des Deux-Sèvres puis communiste des Alpes-Maritimes.

Jules Cacouault fut un des rares officiers de carrière à militer dans les rangs socialistes puis communistes (Voir la biographie de Frédéric Morelle*, communiste du Cher).

Son père, instituteur libre, l’inscrivit au collège militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Le jeune bachelier ès sciences travailla pendant deux ans comme maître-répétiteur au collège Rollin de Paris, puis s’engagea au 114e régiment d’infanterie. Après un passage à l’École militaire d’infanterie, il devint, en mai 1889, sous-lieutenant, puis en 1901, capitaine.

Selon sa profession de foi de novembre 1919 : « Pendant toute sa carrière il sera en lutte contre la réaction et le militarisme » (Le Monde Nouveau, 31 octobre 1919). Lieutenant, il fut Dreyfusard, ce qui lui valut deux duels ; capitaine, il se prononça contre la loi des trois ans et dut partir en disgrâce dans l’Est. En 1909, il assista, comme témoin, le capitaine Henri Gérard* dans un duel retentissant (23 avril). Cacouault participait vraisemblablement au groupe d’officiers socialistes qui, sous la signature collective de « Rossel » rédigeait la rubrique militaire de l’Humanité. Retourné en garnison à Saint-Maixent en 1912, il créa un groupe socialiste avant d’être envoyé en exil en Corse. Les journaux commentèrent cette sanction ; Pressensé et Jaurès protestèrent vigoureusement.

Affecté, au début de la Première Guerre mondiale, comme commandant de compagnie au 360e RI, Cacouault devint, en mars 1916, chef de bataillon au 163e RI devant Verdun. L’officier socialiste fut évacué pour maladie à la fin de l’année 1916 et nommé directeur instructeur des classes 1918 et 1919 à Antibes (Alpes-Maritimes) avec le grade de commandant. Son action pendant la guerre lui valut trois citations, la croix de guerre et la Légion d’honneur. Ses deux fils furent engagés volontaires. Son attitude pendant la guerre semble se rapprocher de celle du commandant Gérard, partisan du socialisme de guerre.

Leurs évolutions divergèrent après la mise à la retraite de Cacouault. Virgile Barel le décrit dans ses Mémoires comme un « socialiste modéré progressivement acquis aux idées minoritaires » (p. 34). La Fédération socialiste des Alpes-Maritimes le présenta aux élections législatives de novembre 1919 et il adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920), auquel il avait été délégué (motion Cachin-Frossard). Les rapports de police précisaient alors : « c’est un sincère et un combatif », un militant influent grâce à son instruction et sa « facilité d’élocution » (F7/12971). La préfecture l’inscrivit au Carnet B. Il était un ami de Marcel Cachin.

Jusqu’en 1932 au moins, Cacouault fut un des dirigeants communistes des Alpes-Maritimes. Au congrès régional du 13 juin 1926, il fit le rapport du rayon d’Antibes qui groupait quatre-vingt-dix adhérents (soixante à Antibes, dix à Golfe Juan, vingt à Vallauris). Il assurait le secrétariat du rayon d’Antibes en 1927, celui de la cellule d’Antibes en 1931 et de la section départementale des Amis de l’URSS la même année. Son nom figura sur les listes électorales d’Antibes (chemin de l’Ermitage, villa Les Primevères) de 1918 à 1938. Divorcé, il mourut chez son fils à Tiercé (Maine-et-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103232, notice CACOUAULT Jules, Étienne, Ernest, dit aussi Clément par Jean Maitron et Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 14 avril 2020.

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/12921, F7/12971, F7/13059, F7/13094, F7/13104, F7/13108, F7/13745. — Arch. Dép. Alpes-Maritimes, M 28. — Le Monde Nouveau, 31 octobre 1919. — Renseignements fournis à Jacques Girault par la mairie d’Antibes. — Notes de Jacques Girault.

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