CADENAT Bernard

Par Antoine Olivesi

Né à Pexiora (Aude) le 2 janvier 1853 ; mort à Marseille le 1er août 1930 ; ouvrier puis artisan cordonnier ; militant syndicaliste et socialiste ; député et maire de Marseille.

Son père, Pierre, dit le Loup, était colporteur ; sa mère, ménagère. Son aïeul, Pierre, membre du Comité de surveillance en 1794, instaura une tradition familiale : on classait sa descendance parmi les « rouges ». Bernard avait dix ans quand sa famille s’installa dans le bourg voisin de Saint-Martin-la-Lande. À l’âge de quatorze ans, il gagna Béziers et s’y engagea comme apprenti cordonnier. En 1868, il vint exercer son métier à Marseille. Il y fut d’abord coupeur de tiges, puis contremaître dans une entreprise de cordonnerie marseillaise, enfin artisan à son compte, employant quelques ouvriers. En 1870, il s’engagea comme volontaire pour la défense nationale : il le rappela lui-même au cours de sa campagne électorale de 1898. Pendant la Commune, Cadenat se trouvait en Corse et le 9 mai 1871, il se maria à Sartène avec une demoiselle Susini. Travailleur manuel muni du seul, mais appréciable, savoir d’autodidacte, à l’aise dans les réunions populaires de quartier, Cadenat compta parmi les obscurs pionniers du socialisme marseillais. Il appartint aux premiers groupements ouvriers, syndicaux et politiques, prit une part active à l’organisation du syndicat de la cordonnerie. En 1881, il siégeait à la commission exécutive de la première fédération ouvrière des Bouches-du-Rhône et fut délégué au congrès de Reims. Il figura parmi les promoteurs et orateurs des grandes journées de lutte comme au meeting de l’Eldorado, le 7 juillet 1883, où les socialistes marseillais clamèrent leur solidarité avec J. Guesde, condamné devant les assises de la Seine, et au rassemblement d’avril 1885, contre « Ferry le Tonkinois ».

Au cours des années de division, où les controverses tactiques et doctrinales se compliquèrent à Marseille d’intrigues électorales, Bernard Cadenat se rangea parmi les guesdistes. Le 11 décembre 1881, deux courants presque équivalents s’affirmèrent au sein de la commission exécutive de la fédération pour la désignation de représentants au congrès du Parti ouvrier. Treize voix désignèrent Brousse. Cadenat avait posé la candidature de Guesde qui en recueillit douze. En 1885, face à « Cl. Hugues et à A. Boyer élus députés sur une liste en majorité radicale, il fut candidat sur une liste socialiste avec J. Guesde et avec J. Lombard, l’organisateur du congrès de 1879 : il n’obtint que 570 voix. L’année suivante, il fut au nombre des fondateurs de l’Union socialiste révolutionnaire dont il signa le manifeste. Il collabora à son organe Le Travailleur dont le premier numéro parut en février 1888. En 1889, il fut le principal lieutenant de Guesde, candidat dans la 2e circonscription de Marseille. Il était alors l’animateur du « Phare social », groupe socialiste de ce quartier populaire de la Belle-de-Mai, qui restera son champ d’action et fera sa fortune politique et où s’élève aujourd’hui un buste sur une place qui porte son nom. Il participa aux premiers Mai de l’époque héroïque. En 1891, il fut au nombre des délégués porteurs de revendications à la préfecture et des orateurs de la réunion du Château des Fleurs. En 1893, il joua le même rôle ; le rassemblement s’opéra au Lazaret où Cadenat fut arrêté. Il fut révoqué de son poste d’adjoint au maire par ordre de Charles Dupuy, président du conseil et ministre de l’Intérieur. Cadenat qui était alors délégué à la police municipale (!) fut traduit en correctionnelle, défendu par Millerand et condamné à un mois de prison. Il connut des heures difficiles, fut calomnié dans sa vie privée, et accusé d’avoir trafiqué des bons de pain dans ses fonctions municipales.

Les groupes socialistes isolés s’étant multipliés, le « Phare social » proposa la réorganisation d’une fédération départementale. Bernard Cadenat assista à la réunion préparatoire de Marseille (mai 1896) et au congrès d’Arles où naquit la nouvelle fédération (1897). Il s’y opposa à l’adhésion au POSR suggérée par Renou, député de Paris, délégué au congrès, et la fédération se déclara autonome. Avec elle, Cadenat combattit pour Dreyfus et fut arrêté au cours d’une bruyante riposte à la conférence nationaliste de Marcel Habert à l’Alhambra. Au congrès socialiste de Paris, salle Japy (1899), Cadenat représenta le syndicat de la cordonnerie de Marseille et quatre groupes socialistes marseillais : l’Alerte sociale, le Phare social, l’Union socialiste des Chartreux et la Vieille-Montagne. Au cours des scissions et regroupements consécutifs à l’Affaire, des groupes rejoignirent le Parti socialiste de France, d’autres, le Parti socialiste français. Cadenat qui avait participé aux congrès du POF à Marseille (1892) et à Montluçon (1898) demeura dans la fédération autonome, mais resta fidèle aux thèses guesdistes de la lutte de classes et hostile à toute participation ministérielle. Cependant, après la rupture du Comité d’entente socialiste et devant les attaques guesdistes et blanquistes contre la tactique que personnifiait Jaurès, il prit la défense de celui-ci dans une lettre à Gérault-Richard, publiée dans La Petite République (20 juillet 1899).

Sur ces positions, il fut délégué au congrès de Lyon (1901). Il représenta, entre autres, les fédérations autonomes à la commission d’unification chargée de réaliser l’unité socialiste, après le congrès international d’Amsterdam de 1904. Il fut délégué au congrès d’unité à Paris, salle du Globe (avril 1905) et, le 30 juillet 1905, assista au congrès de Salon qui scella l’unité dans les Bouches-du-Rhône par la fusion des trois fédérations départementales. Il conserva comme élu de la SFIO les mandats qu’il détenait. Il fut donc un des rares élus à accepter l’unité socialiste dans les Bouches-du-Rhône en 1905. Mais il n’en défendit pas moins par la suite les prérogatives du groupe parlementaire devant les instances fédérales.

Depuis 1886, il appartenait à la minorité ouvrière du conseil municipal de Marseille. Le 18 mars 1887, il décida ce dernier à lever la séance en l’honneur de la Commune, ce qui entraîna la dissolution du conseil. En 1890, B. Cadenat fut battu aux élections cantonales. En 1892, il comptait parmi les douze élus socialistes qui imposèrent le Dr Flaissières comme maire de la ville et il fut son adjoint, délégué à la police. En 1895, il prit la tête d’une liste révolutionnaire contre Flaissières dont il était devenu l’ennemi : il n’obtint que 3 730 voix, 21 700 allant à Flaissières. En 1908, les douze conseillers municipaux socialistes dont Bernard Cadenat, avec six radicaux, équilibraient dix-huit progressistes. L’un de ces derniers, Allard, fut nommé maire, au bénéfice de l’âge. À sa mort, en 1910, la majorité passa à la gauche et Cadenat fut élu maire. Il fut donc le premier maire SFIO de Marseille, avant Tasso, puis Defferre. Sa brève gestion municipale fut marquée par la mise en chantier de la nouvelle Faculté des Sciences et par les travaux de démolition du vieux quartier de la Bourse. Mais son pouvoir à l’Hôtel de Ville reposait sur une majorité instable. Des démissions, des défections, des scandales, des querelles de personnes empêchèrent, en 1912, la constitution d’une liste de gauche unie et solide contre la droite en pleine remontée. Cadenat dut improviser, in extremis, une liste composée de candidats SFIO et de républicains de gauche, mais sans avoir obtenu tous les appuis escomptés. Cette liste, où Cadenat fut devancé par le docteur Morucci fut largement battue par la liste progressiste conduite par Chanot.

B. Cadenat détint simultanément un long mandat parlementaire. Une première tentative fut infructueuse, en 1893, dans la 2e circonscription de Marseille. Avec 5 064 voix, il échoua derrière le député radical sortant, Bouge, qui en recueillit 5 411, échec honorable après le déferlement d’attaques dont il avait été l’objet au lendemain du 1er Mai. Il fut élu en 1898 avec 5 882 voix au premier tour et 8 448 au second sur 21 881 inscrits aux dépens de Bouge, radical devenu nationaliste. Il fut réélu au premier tour de scrutin, en 1902, par 6 470 voix sur 16 355 inscrits ; en 1906, par 8 763 sur 18 565 ; en 1910, par 7 424 sur 18 029. Mis en ballottage de justesse en 1914, il fut réélu au second tour par 7 777 sur 19 918 inscrits.

Anticlérical, franc-maçon (33e), mais non sectaire, Cadenat prit une part active à la lutte du Bloc des gauches contre l’Église. Quant à son travail législatif, entre 1898 et 1914, à la Chambre des députés, il fit preuve d’une activité régulière et soutenue. Il appartint à diverses commissions, notamment à celle du travail (1898) et à celle du commerce et de l’industrie (1899). Il prit un intérêt tout particulier au problème du travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels (1899) ; il participa à la discussion des interpellations de MM. Vaseille sur la politique générale du gouvernement, Thierry sur les grèves de Marseille, Marcel Sembat sur l’extradition de Sipido (1900). Il fut entendu dans la discussion du projet de loi adopté par le Sénat sur l’extinction de certaines actions pénales. Il s’intéressa aussi à la législation des conseils de prud’hommes (1901), au tarif des droits de succession, aux caisses de retraites ouvrières, à la réglementation du travail des mécaniciens, chauffeurs et agents des chemins de fer.

Dans la législature 1902-1906, il fut membre de la commission des douanes et de la commission du commerce et de l’industrie, il s’attacha à l’étude d’un projet de résolution tendant à la création d’une caisse de pensions pour les anciens députés, leurs veuves et leurs orphelins mineurs (1904). Comme sous la précédente législature, il ne perdit pas de vue les intérêts des travailleurs, et particulièrement ceux des enfants et des femmes, affectés souvent à cette époque, à des travaux disproportionnés à leurs forces et préjudiciables à leur santé.

Membre de la commission des douanes, comme sous la législature précédente, de la commission des boissons (1907), il s’intéressa à la construction de casernes de douaniers à Marseille, à la sériciculture, au projet de loi tendant à suspendre le monopole de pavillon et à déroger au régime commercial et maritime entre l’Algérie et la métropole.

De 1910 à 1914, Cadenat fut membre des mêmes commissions que sous la précédente législature, il entra en outre à celle des postes et télégraphes (1910) et demanda à interpeller le gouvernement sur les incidents survenus à Marseille le 29 octobre 1912 entre les grévistes et la police ; il prit part à la discussion des projets de loi relatifs : à l’exploitation du service maritime postal entre le Havre et New York (1913), au relèvement des soldes des officiers et sous-officiers des armées de terre et de mer et des militaires de la gendarmerie (1913).

D’une manière générale, il signa la plupart des propositions de loi du groupe socialiste et ne participa personnellement qu’à quelques débats touchant aux questions maritimes et ouvrières et aux discussions budgétaires se rapportant à ces problèmes.

Ce n’est donc pas l’originalité de ses vues ou l’éclat de son éloquence qui caractérisent la carrière parlementaire de Bernard Cadenat, mais plutôt la confiance d’une circonscription ouvrière que lui valut pendant plus d’un quart de siècle sa propre fidélité à ses origines et à ses idées, dans un département où les exemples contraires ne manquaient pas. Ses professions de foi témoignent de franchise et de continuité. Elles énumèrent les revendications immédiates d’actualité, mais rappellent les objectifs fondamentaux du socialisme : « entente et organisation internationale des travailleurs en parti de classe pour la conquête des pouvoirs publics et la socialisation des moyens de production et d’échange... » (Arch. Ass. Nat.). Cette formule de 1902 revient toujours à quelques mots près. Les rapports préfectoraux et la presse non socialiste s’accordent à reconnaître l’intelligence de Cadenat et, s’ils relèvent, à ses débuts, son caractère passionné, autoritaire et violent, ils reconnaissent, tout au long de sa carrière, son énergie et sa franchise.

La Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône appelant en 1914 les électeurs à voter pour cet « élu intègre, modeste, dévoué [...], fidèle à son idéal » pouvait à bon droit prétendre que « son nom seul évoque l’histoire du socialisme à Marseille » (Arch. Ass. Nat.)

À la même époque Le Soleil du Midi, journal royaliste, qui dénonçait naguère « le sombre apôtre de la Révolution, hirsute, excessif, farouche, Legendre dans les habits de Marat » (8 avril 1902), appréciait également « ses qualités de rude franchise et de scrupuleuse honnêteté... notamment son attitude ferme et loyale lors des scandales municipaux, qui lui a valu l’estime de tous les honnêtes gens » (11 avril 1914).

Pendant la Grande Guerre, B. Cadenat fut membre de la commission de la marine marchande, il étudia particulièrement les problèmes concernant l’assurance obligatoire des cargaisons des navires dont le corps a été assuré par l’État (1915) et la réforme du régime des entrepôts (1919).

Il assista, par ailleurs, aux sessions du comité secret de la Chambre, notamment le 6 décembre 1916. Sur le plan politique, il présida le congrès fédéral SFIO des Bouches-du-Rhône, le 5 décembre 1915, qui adopta à l’unanimité la motion Sixte-Quenin et délégua trois mandataires au congrès national.

Aux élections de 1919, il se présenta sur la liste socialiste en mentionnant, comme profession « fabricant de coupeurs de tiges ». En fait ses ressources demeurèrent toujours modiques et, au congrès de Tours, il est signalé parmi les élus qui devaient le plus de reversements de leur indemnité parlementaire, soit 6 700 francs.

À cette date, Cadenat avait perdu son siège, devancé de quelques dizaines de voix par des membres de son parti, Morucci et Maurel, plus favorables à la Révolution russe (34 470 voix sur 84 040 votants, alors que Bouisson, tête de liste, en obtenait 34 858.

Dès janvier 1921, il fut l’un des premiers élus à signer l’appel de fidélité au Parti socialiste et fut acclamé au congrès fédéral qui suivit, le 6 février.

Au congrès fédéral de Marseille, en janvier 1925, il fut délégué au congrès national SFIO de Grenoble. Conseiller municipal de 1919 à 1929, Cadenat retrouva son siège de député sur la liste du Cartel en 1924, puis en 1928, au scrutin uninominal, dans la 2e circonscription correspondant aux mêmes quartiers populaires de la banlieue Nord de Marseille où il avait commencé sa carrière politique. Il battit, plus nettement qu’en 1914, son même adversaire de droite, Laurent, par 7 057 voix, contre 3 018.

Au cours de cette période, Cadenat fut membre de la commission des douanes et des conventions commerciales (1924) et de celle des comptes définitifs et des économies (1927), il participa plus rarement aux débats. Il était à ce moment septuagénaire. Il intervint néanmoins au cours de la discussion d’un projet de loi sur la nationalité (1927).

Mais sa santé déclinant, il n’intervint qu’exceptionnellement dans les débats. Il devait mourir en cours de mandat, atteint d’un cancer le 1er août 1930, à Marseille âgé de 77 ans.

Au cours de la séance du 4 novembre, le président Fernand Bouisson prononça son éloge funèbre. Il parla du dévouement du disparu à l’égard de la classe ouvrière « dont il connaissait, pour vivre près d’elle, tous les besoins », et il conclut en ces termes : « Bernard Cadenat revivait sans cesse dans le labeur et dans la lutte, une ardeur qu’il savait faire partager à ceux qui l’entouraient. On le saluait comme un maître dont la vie même était une leçon et dont le nom ne sera pas oublié ».

En fait, on s’affairait déjà, à Marseille, autour de sa succession, guettée notamment par Ambrosini et Ceccaldi, alors que Simon Sabiani assistait à ses derniers moments.

Tous participèrent, du reste, en juin 1934, à l’inauguration de la place Bernard-Cadenat, en plein coeur de la Belle-de-Mai. Son nom fut donné aussi, plus tard, à l’Institut de rééducation professionnelle des handicapés et infirmes de Saint-Henri fondé et présidé par sa petite-fille et unique descendante.

Son petit-fils, Maurice, était, à la même époque membre des JS du 6e canton et du syndicat CGT de la Ferme municipale, mais il ne fit pas de carrière politique. Sa petite fille, Mireille-Bernard Cadenat, en revanche, a laissé des témoignages intéressants sur la vie de son grand-père dont voici quelques extraits : « Bernard Cadenat était un homme de haute stature, au physique agréable... deux grands yeux noirs éclairaient ce visage qui, malgré son air sévère... dévoilaient une immense bonté... Non seulement c’était un bel homme... mais encore avait-il d’autres dons : une intelligence vive, très intuitif,... une extrême loyauté et une cordialité... une rectitude exemplaire... Il était l’enfant de la Révolution, né dans la souffrance et la misère du peuple... et les Marseillais l’adoptèrent d’autant plus volontiers qu’il était très pauvre... Devenu député, il s’attacha à étudier et obtint une licence ès lettres, mais son éloquence naturelle lui permit de répondre à un ministre qui, à la Chambre, lui reprochait de bousculer la syntaxe : « je bouscule en effet la syntaxe et même je fais des cuirs... pardonnez-moi, ceci était mon premier métier... » ceci dit avec une belle voix chaude, cet accent gascon dont il ne se départit jamais... ces rrr... qu’il roulait... qui lui valurent la sympathie de l’Assemblée...

Lui qui avait connu la prison politique, lutta toute sa vie pour la libération de citoyens enfermés, pour la réhabilitation, contre le casier judiciaire... en tant que marque indélébile du déshonneur... Anticlérical (mais) point à l’extrême... il fit réinstaller, quand il fut maire en 1910, les cloches de l’église Saint-Martin... qui s’abîmaient dans (un musée) sur notre Abbaye de Saint-Victor... Il se battit pour la séparation... mais fut fortement ébranlé par la disparition des soeurs dans les hôpitaux... « Nous venons, disait-il, de commettre une forte sottise... »

« Mais s’il était libéral pour tous, il demeurait intransigeant pour ses propres pensées personnelles ». C’est ainsi que le baptême clandestin de sa petite-fille entraîna, lorsqu’il l’apprit « le divorce de papa et de maman ». La belle-fille de Cadenat était la fille d’Alexandre Picon, commerçant marseillais, riche, clérical et réactionnaire, mais aussi vieux mutualiste qui prit sa revanche en faisant accueillir le Président Poincaré à Marseille en 1913, pour l’inauguration de la Maison de la Mutualité, par Mireille-Bernard Cadenat !

L’intégrité de Cadenat était telle « qu’il rendit sa croix de la Légion d’honneur quand il quitta son fauteuil de maire de Marseille », de même qu’il fit refuser, en 1919, à sa petite-fille devenue orpheline de guerre, la pension à laquelle elle avait droit : « Tu vas renoncer à ta pension, car la petite-fille d’un député socialiste doit ne rien devoir à la France... »

Ses réactions étaient aussi vives que ses répliques. S’estimant injustement calomnié par un article du Petit Marseillais, il profita d’une rencontre fortuite avec le directeur de ce journal pour « l’empoigner » et le jeter dans le canal de la Douane (aujourd’hui comblé et heureusement peu profond à l’époque).

« Cet homme sut être bon sous sa rudesse... et être bon dans la vie politique, c’est l’être deux fois : la première par devoir, la seconde par vertu naturelle » (citation de Martin Lauraguel).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103240, notice CADENAT Bernard par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 11 septembre 2022.

Par Antoine Olivesi

ŒUVRE : Cadenat a collaboré à quelques journaux socialistes marseillais, surtout dans les débuts de sa vie de militant et d’élu : Le Travailleur (1888-1891), Le Socialiste de Marseille (1889), Le Combat (1894), La Bataille (1896-1902). L’Avant-Garde provençale (quotidien qui ne parut que pendant trois mois en 1898), Marseille socialiste (1906). Il écrivit aussi, après la guerre, quelques articles dans Le Petit Provençal.

SOURCES et BIBLIOGRAPHIE : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 2 III. 46 à 58. — V M2/230, 245 et 246. — Arch. Communales de la ville de Marseille, K 5/2 (cf. notamment le décret de révocation de Cadenat dans ses fonctions d’adjoint, signé par Charles Dupuy, président du conseil et ministre de l’Intérieur, le 3 juillet 1893 et notifié de 6 par le préfet au maire Flaissières. Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 345-346. — Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 156 à 181, passim. — Rapports pour le XXVIIIe congrès national du Parti socialiste SFIO à Tours (24-25-26-27 mai 1931), p. 34. — La Vie socialiste. 14 mai 1932. — Le Petit Provençal, notamment les 4 et 6 décembre 1915, le 6 décembre 1916, les 18 janvier et 6 février 1921, puis dans les périodes électorales à partir de 1919, ainsi que les autres périodiques locaux, comme Massalia et Marseille-Libre, notamment les 9 août 1930 et 8 juin 1934. — Dictionnaire des Parlementaires français, t. III, pp. 826 et 827. — Le Congrès de Tours... op. cit., p. 191. — A. Olivesi, « La droite à Marseille en 1914 », in Provence Historique, fasc. 28, avril-juin 1957, pp. 159 à 189 et « Les anciens maires de Marseille : Bernard Cadenat », in revue Marseille, n° 92, pp. 52 à 55, article accompagné d’un témoignage de Mireille-Bernard Cadenat.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 346. — Marseille, revue citée, p. 52.

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