CAÏTI Désiré [CAÏTI Franco, Désiré]

Par René Lemarquis

Né le 16 août 1875 à Scandeano (Italie) ; mort le 12 août 1946 à Romilly-sur-Seine (Aube). Militant syndicaliste du Textile.

Franco Caïti (1921)
Franco Caïti (1921)
Caricature par H.-P. Gassier dans L’Humanité

D’origine italienne, Caïti vint en France dès son enfance et habita à Romilly-sur-Seine (Aube) à partir de 1885. Militant syndicaliste avant 1914 il participa notamment au XVIIIe congrès national corporatif — XIIe de la CGT — et à la 5e conférence des Bourses du Travail tenus au Havre du 16 au 23 septembre 1912. Il y représentait différents syndicats du Textile. Il polémiqua avec V. Renard au sujet du versement des cotisations à payer à la CGT par la fédération du Textile (cf. compte rendu, p. 27).

En 1919, il était secrétaire du syndicat textile CGT et il négocia, en juin de cette année, comme délégué ouvrier avec les patrons romillons. En avril 1920, il organisa la grève des ouvriers caoutchoutiers. Aussi le préfet de l’Aube, Mage le rejeta-t-il de la commission d’étude du coût de la vie sous prétexte qu’il était sujet italien ce qui provoqua les protestations de la commission exécutive de l’Union départementale des syndicats ouvriers car Caïti, qui habitait depuis trente-cinq ans à Romilly avait demandé, en vain, plusieurs fois sa naturalisation. Le même préfet tenta le 15 juin, de le faire expulser. Arrêté par le commissaire spécial et par cinq gendarmes, il était emmené vers Modane mais le lendemain il était de retour à Romilly après une vigoureuse campagne du journal Le Travailleur (articles de Plard et de Thibault). Convoqué de nouveau à la commission du coût de la vie, il en fut encore exclu le 19 juin. Il était « la bête noire » des patrons du Textile et, par contre, très apprécié des syndicalistes aubois qui, dans une Assemblée générale du Textile, refusèrent son départ comme permanent à la Fédération nationale. Il se consacra alors à une série de déplacements de propagande et devint délégué régional du syndicat textile : il prit la parole dans les départements des Vosges où il présida le congrès d’Épinal le 2 avril 1921 et de la Marne.

Caïti, membre du Parti socialiste depuis 1893 affirmait-il au XVIe congrès du Textile en septembre 1920, présida une séance du congrès fédéral du Parti le 19 décembre 1920 mais son action s’exerçait avant tout sur le plan syndical. Lors de la crise dans la CGT, il défendit Thibault contre les attaques des Comités syndicalistes révolutionnaires et au congrès de l’Union départementale du 10 mai 1921, il fut élu membre de la CE et du bureau départemental en tant que majoritaire. De 1921 à 1926 il continua son activité syndicale comme délégué à la propagande de la Fédération du textile CGT. Il joua un rôle actif dans la grève générale du textile de septembre-novembre 1921, assura des réunions dans le département à Estissac et Troyes. Sur le plan politique il était présent à la réunion où Bonneaux reconstitua en 1921 la SFIO à Romilly.

En novembre 1926 il entra en conflit avec la Confédération. Ayant participé à un meeting aux côtés des unitaires Bourgerie et Mauduit, son attitude fut critiquée par Bidegaray au nom du Bureau confédéral. Mais il reçut le soutien d’autres confédérés de l’Aube. Il s’engagea alors dans le groupe : « Les Amis de l’Unité », tendance intérieure de la CGT.

En février 1927, il était présent au meeting de l’UL-CGTU. Il écrivait alors dans l’Unité, journal de sa tendance : « Je suis un syndicaliste révolutionnaire d’avant même la Charte d’Amiens... C’est un crime abominable de continuer la scission ».

Son organisation, le syndicat textile CGT de Romilly, le soutint et adhéra aux « Amis de l’Unité », le syndicat textile d’Arcis-sur-Aube adopta la même position ainsi que le syndicat CGT du Livre. En juillet 1927, la crise devint aiguë : à une assemblée générale du 6 la motion d’unité présentée par Caïti obtint 23 voix contre 22 à celle du Bureau confédéral. Le vote de Caïti étant contesté ses partisans sortirent ; le 8 il retrouvait une bonne majorité dans une assemblée d’environ cent personnes mais alors ce furent ses adversaires qui quittèrent la salle et formèrent un autre syndicat textile qui fut reconnu par la Confédération.

Caïti fut cependant délégué au XIXe congrès de la CGT les 26-28 juillet. De vifs incidents eurent lieu à la commission de vérification des mandats dont le président voulait lui refuser la parole et une altercation eut lieu entre Jouhaux et Caïti qui put enfin intervenir au congrès le 28. Il plaida de nouveau pour l’unité syndicale « seul moyen des travailleurs devant les menaces de la crise économique, du chômage, de la baisse des salaires ». Jouhaux affirma alors que ce langage reflétait plus « un bureau prédisposé à la folie qu’à la raison ». Dans une interview à l’Humanité du 1er août, Caïti indiqua qu’il avait voté contre le rapport moral au sujet du Conseil économique.

Une Assemblée générale du textile CGT de Romilly réunie le 8 septembre 1927, présidée par Michelot (l’assemblée ayant rejeté la présidence de Douet) confirma son accord total avec Caïti qui rejeta l’ultimatum du Bureau confédéral lui enjoignant de quitter les « Amis de l’unité ». Il se rapprocha alors de plus en plus des unitaires et, en octobre 1927, lors du congrès départemental de la CGTU, Cuny annonçait la demande d’adhésion à cette organisation des syndicats textiles CGT de Romilly ainsi que celui des métaux de Plaines-Saint-Lange. À cette date, Caïti parlait aux côtés de Monmousseau dans un meeting à Romilly cependant que sous la plume de Morel, le Peuple l’accusait (3-10 novembre) d’être rémunéré par la CGTU comme délégué à la propagande, ce qui était formellement démenti par Cuny.

Devenu secrétaire du syndicat unitaire du textile de Romilly, Caïti eut encore l’occasion de lutter en impulsant par exemple la grève des apprêteurs en septembre 1928.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103346, notice CAÏTI Désiré [CAÏTI Franco, Désiré] par René Lemarquis, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par René Lemarquis

Franco Caïti (1921)
Franco Caïti (1921)
Caricature par H.-P. Gassier dans L’Humanité

SOURCES : Le Travailleur, 1920. — La Dépêche de l’Aube, 1921 et 1926-1928. — L’Humanité 1er août 1927.

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