Par Antoine Olivesi
Né le 25 mars 1901 à Alès (Gard), mort au printemps 1977 ; commis des PTT ; secrétaire régional de la Fédération nationale des Travailleurs des PTT, pour la région de Marseille (CGT) avant la Deuxième Guerre mondiale ; syndicaliste FO.
Fernand Cambacédès a exercé parallèlement son métier de postier et son activité syndicale d’abord à Paris de 1919 à 1922, puis dans la Marne de 1922 à 1926, et à Nancy en 1926-1927, enfin à Marseille à partir de 1928. Il appartenait à la CGT et devint secrétaire régional de la Fédération des Travailleurs des PTT pour la région marseillaise. En 1932, il était membre de la CA de l’UL de Marseille et le demeura, en 1936, après la réunification syndicale. Il fit partie, la même année, du conseil d’administration de la Bourse du Travail de Marseille. Deux ans plus tard, au congrès de l’UD qui se tint à Marseille les 26 et 27 juin 1938, il se prononça, au nom de l’indépendance syndicale, contre la souscription par la CGT à l’emprunt de Défense nationale, lancé par le gouvernement de Front populaire. Il présenta ensuite au congrès le rapport de la commission de contrôle. Critiqué par Pierre Gabrielli* , Cambacédès déclara qu’il retirait sa candidature à la commission de contrôle. Il fit partie, avec son syndicat, de la minorité qui vota contre le rapport moral présenté par Charles Nédelec. En avril 1938, il avait signé un appel favorable à la tendance « Syndicats » protestant contre la mainmise du PC. En 1939, il était membre du conseil d’administration de Radio-Liberté pour les Bouches-du-Rhône.
Peu après le début de la guerre et l’élimination des communistes de la CGT, Cambacédès redevint membre de la CA de l’UD au début novembre 1939, avec l’équipe des ex-confédérés. Pendant la guerre, en 1943, Cambacédès rencontra à Toulouse, au nom de ces derniers, des militants communistes en vue de reconstituer une Fédération postale unifiée, dans le cadre des accords du Perreux. Il a gardé le souvenir de négociations longues et difficiles ; de même il a évoqué les tensions qui se manifestèrent assez vite, après la Libération, tant au niveau national qu’à celui de l’UD, au sein d’une CGT à nouveau réunifiée, mais de plus en plus dominée, surtout dans les Bouches-du-Rhône, par les communistes.
Il fut exclu de la Fédération postale par la commission d’épuration syndicale après la Libération pour avoir soutenu l’ex-secrétaire national du syndicat des agents Mathé, pacifiste (« Mieux vaut la servitude que la guerre »). Il se défendit dans le numéro 9 de novembre 1945 d’Informations syndicales qui lui fit une large place en dénonçant les menaces. Il interpelait les unitaires en leur demandant : « Quand m’exclurez-vous de votre organisation ? » Il dirigea avec Joseph Séguy* la grève des centraux téléphoniques et télégraphiques fin juillet-début août 1946 et se heurta aux communistes qui étaient très hostiles au mouvement et cherchèrent à le briser.
Cambacédès, dès 1946, fonda la Fédération syndicaliste des PTT « se séparant, écrit-il, des organisations communistes ». Cette Fédération s’affilia l’année suivante à FO Fernand Cambacédès fit partie de la commission administrative de l’UD-FO et fut secrétaire général de la Bourse du Travail. Il a quitté ses mandats syndicaux à l’UD — Force ouvrière en 1970.
Par Antoine Olivesi
SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6 11 379 (la date de naissance indiquée est 25 mai 1901), XIV M 24/62, 148 W 365, 84 J 61. — Arch. Communales de Marseille, listes électorales de Marseille (1937) qui indiquent, comme date de naissance, le 25 mars. — Le Petit Provençal, 26 juin et 6 novembre 1938. — Le Midi syndicaliste, mars 1932, 15 janvier 1936, 20 juillet 1938. — Provence Socialiste, 7 avril 1939. — Indicateur Marseillais, 1936. — M.A. Stagliano, Le Midi syndicaliste de 1932 à 1939. op. cit. — R. Mencherini, Scission syndicale dans les Bouches-du-Rhône. op. cit. — Guy Roca, La Fédération postale dans la région marseillaise. De la Libération à la scission 1944-1948, Aix-en-Provence, mémoire de maitrises histoire, 2001. — Notes Jean-Marie Guillon. — Renseignements fournis par le militant lui-même en réponse au questionnaire.