AUBERGER Fernand [AUBERGER Auguste, Fernand]

Par Fabien Conord

Né le 7 mai 1900 à Rocles (Allier), mort le 6 mars 1962 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; instituteur ; syndicaliste et militant socialiste SFIO ; maire de Bellerive-sur-Allier (1944-1962), conseiller général (1945-1962), sénateur de l’Allier (1948-1958) ; résistant.

[Sénat]

Fils d’ouvriers agricoles, Fernand Auberger, après avoir été élève à l’école primaire de Montet, puis à l’École normale de Moulins, devint instituteur à Laprugne en 1919, puis, après son service militaire (mars 1920-mars 1922), à Lusigny, à Saint-Pourçain-sur-Sioule en 1922, et enfin à Bellerive-sur-Allier en 1929 avec son épouse, institutrice, Alice Champagnat.

Fernand Auberger s’engagea dans le combat syndical en 1928 quand il adhèra au SNI (Syndicat national des instituteurs), dont il devint conseiller syndical en 1932. Membre du courant « pacifiste » en 1938, il fut secrétaire de la section départementale de l’Allier du SNI en 1939. Mais Auberger élargit ses activités syndicales au-delà de sa profession, puisqu’il fut, de 1933 à 1940, le délégué de l’Union locale des syndicats CGT de Vichy à l’UD.

Il militait aussi infatigablement à la SFIO dont il devint secrétaire de l’Union des sections de l’arrondissement de Gannat en 1936. Fernand Auberger, qui appartint à la gauche du Parti (la Gauche révolutionnaire de [Marceau Pivert-<166971]) et s’opposa aux leaders historiques de la a fédération de l’Allier (Marx Dormoy-<22869] et Isidore Thivrier), fut élu à la CAF (Commission administrative fédérale) en juin 1938, au titre de la motion des "Cahiers rouges", et délégué au congrès national, au nom d’un socialisme jugé plus intransigeant que celui des « vieilles barbes » locales. Hostile à la non-intervention en Espagne, il marqua sa sympathie pour l’Espagne républicaine en accueillant pendant une année, deux enfants espagnols.

Mobilisé, réformé temporairement pour maladie, il réunit clandestinement le syndicat des instituteurs en septembre 1940. En 1941, le Journal officiel le mentionnait parmi les dignitaires de la franc-maçonnerie. Résistant (réseau Alliance), Fernand Auberger fut déplacé d’office à Bouchaud, révoqué de l’enseignement en 1941 et interné aux camps de Mons (Puy-de-Dôme) et de Nexon (Haute-Vienne), puis placé en résidence surveillée à Le Bleymard (Lozère), pour la durée de la guerre. Dès lors l’étude de son activité est complexe car il affirmait avoir occupé des fonctions officielles pour renseigner la Résistance. Il devint secrétaire de Georges Vernier, chargé de mission au ministère de l’Intérieur à Vichy (13 novembre 1941-17 avril 1942) dans le service de révision des dossiers des internés administratifs et toutes questions sociales. Selon un rapport des Renseignements généraux, il aurait été membre du cabinet du ministre depuis février 1942. Selon un rapport du commissaire de Vichy, le 7 juillet 1943, il se tenait « à l’écart de toute activité politique », ne reniait pas « son activité passée » et protestait « énergiquement contre les accusations actuellement portées contre lui ». Aussi le préfet se montra-t-il favorable à sa réintégration dans l’enseignement mais dans un autre département que l’Allier. Quelques mois plus tard, il était désigné comme correspondant provisoire dans l’Allier par le secrétaire général à la propagande universitaire auprès des instituteurs. Aussitôt le préfet de l’Allier fit connaître son opposition à cette nomination. Cette situation complexe fut exploitée par ses adversaires communistes après la Libération. Il répondait que ses fonctions lui avaient permis de faire libérer 2 000 internés, pour la plupart communistes.

Nommé maire provisoire de Bellerive-sur-Allier en 1944 et membre du comité local de Libération, Fernand Auberger fut élu maire en mai 1945 et conseiller général du canton d’Escurolles (dans lequel se trouve Bellerive-sur-Allier) en septembre 1945. Rapporteur général des finances et vice-président du conseil général de l’Allier, il s’affirma comme l’un des tout premiers dirigeants politiques du département, élu au Conseil de la République en 1948. Dans le même temps, Fernand Auberger fut tout à la fois secrétaire de la section SFIO de Bellerive-sur-Allier, secrétaire de l’Union d’arrondissement de Gannat, et membre du comité directeur fédéral en septembre 1946.

Moniteur d’éducation physique, et à ce titre décoré de la médaille d’or de la Jeunesse et des Sports, il avait par contre cessé d’exercer son métier d’instituteur en 1948, afin de se consacrer pleinement à la politique. Ainsi, cette même année, Auberger fonda l’Association amicale des maires de l’Allier, dont il devint le premier président. Ce contact très fort avec les élus locaux lui valut de brillantes réélections aux élections sénatoriales, tant en 1955 qu’en 1959. Cette année-là, Fernand Auberger n’était pas investi par la fédération SFIO mais il décida malgré tout de se représenter sans renier son drapeau de socialiste et, le 26 avril 1959, il fut réélu sénateur de l’Allier, au second tour, après avoir devancé tous ses rivaux lors du premier tour. Il continua de siéger au groupe socialiste du Sénat en compagnie de Georges Rougeron, avec qui il menait depuis 1958 une vigoureuse opposition à la Ve République, ayant appelé à voter « non » au référendum de septembre. Surtout, Fernand Auberger se révéla très dur avec les préfets au conseil général, particulièrement lors des séances des 21 juin et 9 octobre 1961, retrouvant en ces circonstances la fougue du jeune militant qu’il avait été avant-guerre. Fougue qui le caractérisa en toutes occasions : c’est ainsi qu’en mars 1959, il affronta ses adversaires aux élections municipales de telle manière que Cazelles déposa une demande de contrôle au nom du bureau de la SFIO le 22 avril 1959 suite à une « campagne pouvant apparaître comme antisémite » d’Auberger envers son rival Benhamou, issu d’une famille très connue, ancien maquisard juif. Un blâme fut infligé à Fernand Auberger par la CNC le 3 décembre 1959. Sa carrière n’était pas brisée pour autant puisqu’il était rapporteur spécial du budget de l’Éducation nationale au Sénat.

Décoré de la médaille de CVR (Combattant Volontaire de la Résistance), de la médaille du courage et du dévouement, de la médaille de la reconnaissance française, Fernand Auberger mourut dans sa ville de Bellerive-sur-Allier le 6 mars 1962. Sa veuve Alice Auberger lui succéda au conseil général de l’Allier à l’occasion d’une élection partielle. Des voies publiques portent le nom de Fernand Auberger à Bellerive-sur-Allier et à Vendat (Allier).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10346, notice AUBERGER Fernand [AUBERGER Auguste, Fernand] par Fabien Conord, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 16 octobre 2021.

Par Fabien Conord

[Sénat]

SOURCES : Arch. Dép. Allier, 46 J 22, 46 J 40, 46 J 41. —Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, dossier Auberger Fernand dans les fonds du PCF, 261J16[61]. — Arch. mun. Montluçon (Centre Matin, 7 mars 1962). — Arch. OURS. — Notice DBMOF par G. Rougeron. — DPF, 1940-1968, op. cit. — Noëlline Castagnez, Socialistes en République. Les parlementaires SFIO de la IVe République, Presses universitaires de Rennes, 2004. — Hnri Terrenoire, Fernand Auberger et la Résistance : Mon devoir de mémoire, Bellerive-sur-Allier : Association des Libres Penseurs, 2006.Entretien avec Alice Auberger. — Notes de Georges Rougeron.

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