AUBERT Henri, Marius, Blaise

Par Jacques Girault

Né le 3 février 1878 à Camps-les-Brignoles (Var), mort le 14 mars 1949 à Saint-Maximin (Var) ; viticulteur ; candidat communiste aux élections législatives de 1924 dans le Var puis militant socialiste ; coopérateur.

Henri Aubert fut recensé avec ses parents, cultivateurs à Camps jusqu’en 1891. Il n’y était pas en 1896 et fut recensé à Saint-Maximin en 1901, comme « cultivateur agricole ». Il habitait chez ses parents « patron fermier ».
Henri Aubert se maria en novembre 1904 et exploita la petite propriété léguée par son beau-père. Il avait reçu tous les sacrements catholiques et fit donner ces sacrements à son fils. Il s’employait comme ouvrier agricole et, surtout avec sa charrette, ramassait du bois pour les boulangers. Il fut servant du cercle « le Réveil social » d’octobre 1910 à septembre 1911.
Henri Aubert devint conseiller municipal en 1908 et démissionna l’année suivante à la suite du vote d’un ordre du jour de confiance à Clemenceau. Il participa au congrès fédéral de la SFIO à Carnoules, le 4 août 1912 et était secrétaire de la section socialiste de Saint-Maximin en 1914. Mobilisé, il séjourna en Allemagne comme prisonnier et y apprit la langue allemande et la comptabilité.
Au retour de la guerre, Henri Aubert milita d’abord chez les anciens combattants. Secrétaire de la section des démobilisés de Saint-Maximin, il figura avec Charles Gaou au bureau des associations de démobilisés de l’arrondissement de Brignoles. Il se présenta aussi aux élections pour le conseil d’arrondissement du canton, et, le 14 décembre 1919, recueillit 524 voix sur 1 926 inscrits. Il fut désigné par le Cercle en juillet 1921, pour parler lors de l’inauguration du monument aux morts.
Militant socialiste, Henri Aubert fut un des premiers partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale ; délégué au congrès fédéral de Toulon du 19 décembre 1920, il se rallia à la motion Cachin-Frossard.
Henri Aubert participa aux débuts du Parti communiste dans le département en tant que secrétaire de la section communiste de Saint-Maximin. Le 14 janvier 1922, il était au nombre des délégués au congrès fédéral de Brignoles ; le 24 septembre 1922, il faisait partie de la commission de vérification des mandats du congrès de Toulon. Il effectua aussi de nombreuses réunions pour l’amnistie dans le nord du département en 1922. Candidat aux élections cantonales à Saint-Maximin le 14 mai 1922, il obtint 80 voix sur 2 173 inscrits ; la presse annonça son désistement pour le socialiste Jules Michel.
Il agissait surtout dans le domaine coopératif. Au nom du groupe de Saint-Maximin, il participa à la fondation de l’Union des Coopérateurs du Var, le 12 janvier 1922 et fut désigné au conseil d’administration le 22 janvier 1922. Il siégea jusqu’à la fin de 1924. Son action aussi toucha le domaine agricole. Originaire de Camps, berceau de la coopération dans le Var, il devait s’occuper du Crédit agricole dont il fut pendant longtemps le correspondant à Saint-Maximin. Membre de la coopérative viticole, « l’Amicale », commissaire aux comptes, il en devint le vice-président le 16 septembre 1923 et siégea au conseil d’administration de l’Union des coopératives du Var. Enfin et surtout, Aubert fut le président en 1924 des Cercles des travailleurs varois contre l’inquisition fiscale. Le gouvernement voulait faire payer aux cercles un impôt supplémentaire, le double-décime. Une Fédération de cercles se créa ; des réunions furent organisées à Carnoules et à Toulon. Mais il fut difficile de constituer un front de lutte car de nombreux cercles étaient déjà ouverts à tout le monde et fonctionnaient, en fait, comme des débits de boissons. Le cercle de Saint-Maximin, dont Aubert était un des animateurs, fut condamné à 26 000 F d’amende que l’amnistie annula. Mais Aubert fut inculpé et condamné avec le gérant du cercle, pour fabrication du pastis.
Henri Aubert, d’autre part, représenta le cercle du « Réveil social » aux réunions de Carqueiranne, de Saint-Raphaël et de Toulon où furent jetés les fondements de la Fédération des cercles rouges pour l’élection législative de 1924. Mais la situation demeurait ambiguë. Il était en effet le représentant du cercle qui présidait la liste « rouge » à ossature de socialistes SFIO. Et comme il fallait un véritable paysan parmi les candidats communistes, il avait été désigné par le congrès de Carnoules, le 17 février. Le cercle décida donc d’adopter une position de neutralité. Le 11 mai 1924, il arrivait deuxième de la liste avec 3 772 voix sur 78 101 inscrits.
Le 3 mai 1925, Henri Aubert conduisait une liste comprenant des communistes pour les élections municipales de Saint-Maximin. Il obtint 68 voix sur 758 inscrits. Il devait être à nouveau « candidat des paysans travailleurs » en 1929. Le 5 mai, il obtint 130 voix sur 790 inscrits.
Henri Aubert était un des communistes de premier plan dans le Var. Délégué au congrès national de Clichy (17-21 janvier 1925), orateur lors des réunions contre la guerre du Maroc (Aubert fit notamment voter en août 1925, par le cercle des Travailleurs de Saint-Maximin, un ordre du jour contre la guerre du Maroc), présent à la cérémonie commémorative sur la tombe d’Alexandre Blanc à Camps, en juin 1925, il figurait sur le répertoire saisi sur Georges Kraus en 1930. En juin 1932, un rapport de police le donnait encore comme membre de la cellule de Saint-Maximin, ce qui n’est pas certain.
Son action essentielle était coopérative. Il présidait la coopérative d’alimentation de la commune à partir de 1928 et il resta à ce poste jusqu’à sa mort. Il participait à cet effet aux assemblées départementales des coopérateurs du Var.
À la coopérative viticole « l’Amicale », en 1926, Henri Aubert déposa un voeu pour faciliter les remboursements des sociétaires qui n’apportaient plus de vendange à la coopérative afin que ces membres dont les revenus principaux étaient extra-agricoles ne puissent pas avoir droit de regard sur les affaires de l’« Amicale ». Aubert était de ceux qui refusaient une ouverture de la coopérative. Il protesta contre la menace de fermeture de la distillerie « la Provençale » en 1932 et démissionna, en avril 1934, de la vice-présidence de la coopérative ; il était partisan de continuer le financement de la distillerie pour pallier ses difficultés, aspect de la politique de déflation et de la crise viticole. Il dut être réélu à la vice-présidence, puisque le 15 septembre 1935, il en démissionna, cette fois définitivement. Le président avait, selon lui, décidé, sans consulter les adhérents, d’augmenter le capital social ; en outre, il l’accusait d’avoir acheté le terrain pour la construction de la distillerie à un prix trop élevé.
Une évolution se produisit. Selon des sources orales multiples Henri Aubert n’avait jamais rompu avec ses amis socialistes et partageait leurs soucis à la coopérative et leurs discussions au cercle du « Réveil social ». Celui-ci, au début des années 1930, était déserté par les jeunes et devenait un lieu de rencontre pour les « rouges » plus âgés, de toutes tendances. En janvier 1936, Aubert fut élu à la commission d’administration du cercle.
Henri Aubert réadhéra à la SFIO et participa au congrès fédéral du 3 décembre 1933. Ce changement était aussi la conséquence du départ dans le Parti socialiste de France de la plupart des élus socialistes du département. Il participa à plusieurs réunions socialistes avec Pierre Florent sur la crise du vin.
Le préfet et le Populaire du Var annoncèrent sa candidature aux élections cantonales d’octobre 1934. Mais, en fait, il n’y eut pas de candidat de la SFIO dans le canton. Le congrès fédéral SFIO de Draguignan le 8 septembre 1935, le délégua au congrès national. Henri Aubert dont le fils Aubert Marcel était membre du Parti communiste, demeura au Parti socialiste jusqu’à la guerre.
Favorable à la Résistance, membre de la SFIO après la guerre, Henri Aubert fut enterré civilement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10354, notice AUBERT Henri, Marius, Blaise par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 26 février 2019.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13021, 13123. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/10 803. — Arch. Dép. Var, 2 M 3 48, 5 241, 5 249, 6 21, 7 30 3, 32 3 ; 4 M 45, 46, 49 4 2 ; 3 Z 2 5, 10, 29. — Arch. privées. — Sources orales. — Presse locale. — Arch. Coop. du Midi. — J.-M. Guillon, A. Palladino, R. Rouge, Syndicalisme et coopération agricoles dans le Var de 1884 à 1938, mémoire de Maîtrise, Aix, 1970. — Renseignements fournis par le petit-fils de l’intéressé.

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