Par Geneviève Poujol
Né le 19 août 1901 à La Tronche (Isère), mort le 23 mai 1970 à Suresnes (Hauts-de-Seine) ; initiateur de l’institutionnalisation de l’éducation populaire par la création d’une direction au sein du ministère de l’Éducation nationale ; gaulliste de gauche ; député, ministre.
Son père Henri Capitant (1865-1937)était professeur de droit et collègue du père d’André Basdevant . Il était catholique pratiquant. René Capitant fit ses études secondaires au lycée Henri-IV. Il fut condisciple de Léo Lagrange à la faculté de Droit. Agrégé de droit public, il enseigna dès 1929 à la faculté de Droit de Strasbourg. En 1936, il appartint au cabinet de Léon Blum sous le Front populaire. Amateur d’hébertisme, il fut également montagnard, une chute grave au Mont Aiguille provoqua sa boiterie.
Dès 1940 il fonda à Clermont-Ferrand, où la faculté de Strasbourg s’était repliée, un mouvement de Résistance, qui s’intégra au mouvement Combat. Commissaire à l’Éducation nationale à Alger en 1943, il succéda à André Philip. Il fut chargé de la réforme scolaire. Il décida la création d’un Conseil de la jeunesse où les mouvements confessionnels seraient représentés, ce que la Ligue de l’Enseignement désapprouva. Ministre de l’Éducation nationale en septembre 1944 jusqu’en novembre 1946. Il désigna Jean Guéhenno pour s’occuper de la direction des Mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. Par ailleurs, il accorda à la Ligue de l’enseignement deux cents "mis à disposition" en 1945.
Il fonda le 20 janvier 1946, avec Louis Vallon et Pierre Clostermann, l’Union gaulliste-Rassemblement des gauches démocratiques. Il présida le conseil national de Rassemblement du peuple français (RPF) de 1945 à 1951. Directeur de la Maison franco-japonaise à Tokyo de 1957 à 1960. Conseiller juridique et technique auprès de l’Exécutif provisoire algérien (mai-juin 1962). Élu député UDT (Union démocratique du travail) de Paris en novembre 1962, il fut réélu en 1967 et en 1968 sur une liste UDR. Garde des Sceaux du général de Gaulle de mai 1968 à avril 1969,. René Capitant, "enfant terrible du gaullisme", fut le seul ministre à avoir donné sa démission quelques heures avant l’échec du référendum et le départ du général de Gaulle. il manifesta une opposition à Georges Pompidou, lui reprochant de récupérer le gaullisme avec une vision conservatrice et il refusa de le soutenir lors de l’élection présidentielle.
En mauvaise santé, il se retira de la vie politique et mourut en 1970 d’une crise cardiaque.
Par Geneviève Poujol
SOURCES : Geneviève Poujol, Madeleine Romer, Dictionnaire biographique des militants (XIXe-XXe siècles) de l’éducation populaire à l’action culturelle, L’Harmattan, 1996. — Pascal Ory, La belle illusion. Plon. 1994. — L’espérance contrariée, Les Cahiers de l’animation, 57-58, 1986. — Ses archives : Archives nationales, cote 645AP.