Par Justinien Raymond
Née le 26 mars 1891 à Cherbourg (Manche), morte le 5 janvier 1962 à Pradines (Lot) ; journaliste ; écrivaine ; militante pacifiste, féministe et socialiste.
Marcelle Capy était la fille d’un officier d’artillerie de marine que sa femme et ses quatre filles ne pouvaient suivre partout. C’est dans le Lot, près du grand-père terrien qu’elle passa son enfance, à Malte, commune de Pradines. C’est encore là qu’elle vécut ses dernières années après avoir parcouru le monde. C’est de ce grand-père maternel, ami de Gambetta, qu’elle prit le nom pour se lancer dans la vie publique. Elle était née Marquès.
Le cours de ses études la conduisit à Toulouse où elle sembla d’abord ne s’intéresser qu’à la littérature et à la poésie dans laquelle brillait Maurice Magre. Un jour, elle alla, avec quelques préventions, écouter Jaurès, cet ancien Normalien de condition bourgeoise, parlant à des ouvriers. Ce fut une conversion : la jeune étudiante découvrit qu’il y avait autre chose à faire que de se livrer aux jeux aimables de la poésie. Elle entendit, peu après, Marc Sangnier*, et s’engagea pour toujours dans le combat social où elle trouva, en même temps que sa vocation, la révélation d’une éloquence de tribun. Elle la mit au service de la Ligue internationale pour la paix et la liberté. Elle la porta à travers le monde, en Europe, en Afrique. Elle n’apporta pas moins de qualités dans le journalisme et, du 25 août 1913 au 3 juin 1914, elle donna à la Bataille syndicaliste, sur la vie ouvrière, des reportages vécus, sobres comme des documents. C’est qu’elle voulut vivre la vie de celles qu’elle peignait : elle travailla à la chaîne dans une fabrique d’écrous à créneaux pour des moteurs d’avions et, devant des réchauds à gaz qui chauffaient à 400 degrés, dans un atelier où l’on soudait des ampoules électriques ; elle fut poissonnière aux Halles et cousette parmi les midinettes parisiennes ; elle fit, selon sa propre expression, « le dernier des métiers » dans un cloaque de la zone où l’on tirait de la colle des déchets des abattoirs.
Frappée par ces articles, Séverine voulut en connaître l’auteur. Marcelle Capy devint son amie, le disciple de sa pensée et de son combat. Alors son activité de journaliste s’étendit, s’amplifia ; elle défendait la paix, la liberté, la justice sociale, les droits de la femme. Elle publia essais et romans, au style concis, dur et vivant, où l’on retrouve toutes les qualités et toutes les préoccupations de la journaliste militante. L’intrigue n’y est que prétexte à considérations morales et sociales.
En 1914, après avoir participé à la croisade démocratique, Marcelle Capy se reprit et, fin août 1915, avec Fernand Després, elle démissionna de la Bataille syndicaliste (cf. « Pourquoi nous avons quitté la Bataille syndicaliste », A. Rosmer, Le Mouvement ouvrier pendant la guerre, t. I, pp. 561-566). Elle se joignit alors à tous ceux qui en voulaient la fin. Elle rencontra le député socialiste minoritaire Pierre Brizon, devint sa compagne et collabora au journal La Vague dont elle assura le secrétariat. Elle fut alors plus directement mêlée au mouvement politique. Mais la scission socialiste survenue, elle resta en dehors de la vie politique des partis pour continuer jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ses campagnes pacifistes.
Marcelle Capy appartint au petit cercle d’intellectuels de Rabat (Maroc) qui donna des conférences en 1935 et se trouva à l’origine du premier groupe communiste de Rabat constitué en 1936. Elle donna des conférences sur « La vie en URSS » et fut notée bien entendu comme « communiste » par la police. Elle avait donc séjourné en URSS.
Elle donna son adhésion à la LICP qu’à la fin de la Seconde guerre mondiale elle écrivit pour Germinal des articles uniquement pacifistes.
Elle aurait été condamnée à l’indignité nationale en absence après la guerre.
Par Justinien Raymond
ŒUVRE : Marcelle Capy collabora à la Bataille syndicaliste, aux Hommes du Jour, au Journal du Peuple, à La Vague, au Quotidien, à l’œuvre, à la République, au Journal, à la Vie féminine, à la Femme de France, à Germinal en 1944 (cf. Gr. Fol. Z 189).
Romans : Femmes seules, le Fil luisant, La Maison du passage, Les Hommes passèrent (ce roman obtint, en 1931, le prix international, dit prix Séverine pour la paix).
En 1916, Marcelle Capy publia Une voix de femme dans la mêlée, avec une préface de Romain Rolland*.
Essais : La Défense de la vie, l’Amour roi.
SOURCES : Joseph Maureille, « Marcelle Capy, romancière du Quercy, citoyenne du monde ». in Sud-Ouest (21 octobre 1961). — Le Monde, 10 janvier 1962. — Arch. Nat. Rabat. — Archives de la Résidence, circulaire de la Direction des affaires politiques, avril 1935. — Notes de Rachel Mazuy. — Margaret Goldswain, A Feminine Witness of the Great War : Marcelle Capy,the Nomad of Peace. — Rachel Mazuy, Marcelle Capy, militante pacifiste censurée en pleine Grande Guerre, 15 septembre 2020.