CAR Jean, Eugène

Par Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon

Né le 4 décembre 1897 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 5 décembre 1981 à Marseille ; chauffeur ; militant syndicaliste et communiste.

Fils de Louis Car et de Félicienne Miniat, Jean Car naquit et vécut dans la banlieue ouvrière et semi-rurale de Saint-Marcel, dans la vallée de l’Huveaune ; après le certificat d’études, il y travailla, enfant, en usine dans l’entreprise de pâtes alimentaires Rivoire et Carret, où il était employé vers 1910-1912. Mobilisé à l’âge de dix-huit ans en juillet 1916 au 158e RI à Montélimar, il fut gazé et fait prisonnier à Perthes-les-Hurlus (Marne) le 13 juillet 1918. Rapatrié fin novembre 1918, il fut démobilisé en septembre 1919. Il fut décoré de la Croix de guerre et de la Croix du combattant. Devenu chauffeur chez Rivoire et Carret, il se maria en 1922 avec Rose Campana, dont il divorça l’année suivante.
Ayant été témoin de la révolution allemande, influencé par la révolution russe et la guerre contre le Maroc, il adhéra au Parti communiste en 1925 (ou 1928 si l’on en croit sa déposition en 1941). Syndicaliste actif et membre de la cellule communiste de Saint-Marcel, il accomplit un travail de propagande efficace en milieu ouvrier. En 1929, il fut candidat sur la liste communiste du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales à Marseille et il obtint 5 109 voix au premier tour et 6 102 au second sur 134 870 électeurs inscrits. En octobre 1931, il fut le candidat de son parti au conseil d’arrondissement dans le 12e canton. Il recueillit 326 voix au premier tour et 178 au second. Il en rassembla 567 en octobre 1934, aux élections pour le conseil général, cette fois, dans le même canton. L’année suivante, aux élections municipales, il se présenta dans la 5e section et obtint 3 748 voix sur 34 799 électeurs inscrits au premier tour. Il était alors typographe à L’Indicateur marseillais.
En 1936, il anima les grèves et les occupations d’usines dans les grandes entreprises de son secteur, Coder, Phénix, Tuileries de Saint-Marcel. Après la réunification syndicale, il fut membre de la CA de l’UD et vice-secrétaire du syndicat du Livre. Il se prononça en 1936 contre la convention nationale sur la fixation des salaires et l’indice du coût de la vie, puis au congrès de l’UD-CGT de juin 1936, protesta contre le non-respect des contrats collectifs et l’accroissement des licenciements. Il réclama une pression plus forte des travailleurs, des chômeurs et de la CGT sur les élus du Front populaire. Secrétaire du syndicat en 1938-39, il fit grève le 30 novembre 1938 (mais dira au commissaire de police qu’il l’interrogeait en 1941 qu’il avait récupéré sa journée en accord avec la direction).
En octobre 1937, il avait été le candidat du PC au conseil d’arrondissement, toujours dans le 12e canton. Il obtint 2 016 voix sur 8 405 votants et 11 138 inscrits et se retira au second tour pour le socialiste Louis Rampal*. Il aurait quitté alors le secrétariat de la cellule communiste de Saint-Marcel qu’il assurait depuis deux ans. Il joua également un rôle actif au sein des AIL et des groupements de la Libre Pensée.
Il dira au commissaire spécial du camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), le 24 juillet 1941, qu’il avait quitté le parti communiste en février 1939, n’étant plus d’accord avec son programme. Pour la police, il restait le secrétaire de la 12e section.
Mobilisé au 157e régiment régional de Marseille en septembre 1939, il fut réformé temporaire en décembre. Les gendarmes vinrent l’arrêter le 27 mars 1940. IL fut interné au camp de Chabanet (Ardèche) jusqu’au 11 juin, puis à Saint-Angeau (Charente), Chibron (commune de Signes, Var) et enfin à Saint-Sulpice-la-Pointe. Un avis défavorable à sa libération lui fut opposé le 12 mars 1941. Après l’avoir interrogé, le commissaire spécial du camp Saint-Sulpice considérait sa libération comme prématurée, le 24 juillet suivant car il s’était pas désolidarisé des « meneurs » lors de la manifestation du 2 avril précédent en se disant opposé à leur déportation en Afrique du Nord, cependant il signerait volontiers l’acte de loyalisme au gouvernement qui était proposé aux internés. Le commissaire, chef des Renseignements généraux des Bouches-du-Rhône, estima le 25 novembre 1941 que la sanction était suffisante. Il fut libéré pour trois mois le 6 décembre suivant et définitivement le 19 mars 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103713, notice CAR Jean, Eugène par Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 28 janvier 2019.

Par Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon

ŒUVRE : Article dans Le Midi syndicaliste du 31 janvier 1938 (Assez de naissances).

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône, III M/53 (dossier contenant sa profession de foi pour les élections cantonales de 1937, et sa biographie rédigée par Antoine Cristos, avec photo), M 6/10806, rapport du 15 juin 1927, M 6/11246, rapport du 6 juin 1940, 5 W 171 (dossier d’internement). — Le Petit Provençal, 30 avril, 5 et 6 mai 1935. — Rouge-Midi, 22 septembre 1934 et 1er octobre 1937 (photo). — Le Midi syndicaliste, 12 juillet 1937, 31 janvier et 20 juillet 1938. — M.A. Stagliano, Le Midi syndicaliste... op. cit. — État civil de Marseille.

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