CARBOU Antoine

Par André Balent

Né et mort à Perpignan (Pyrénées-Orientales) : 23 novembre 1873-8 février 1940 ; ouvrier pâtissier ; syndicaliste des Pyrénées-Orientales.

Antoine Carbou, fils d’Antoine Carbou, brassier, et de Marie Palotis, naquit à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 23 novembre 1873.

Cuisinier, Antoine Carbou milita, dans sa ville natale, dans les rangs du syndicat CGT des ouvriers cuisiniers-pâtissiers (auxquels s’adjoignirent, dans le courant des années 1920, les ouvriers confiseurs). Pendant de très nombreuses années, Antoine Carbou fit partie du groupe de militants qui impulsèrent la vie de la Bourse du Travail de Perpignan et des syndicats confédérés de cette ville (Voir aussi : Joseph Berta*, Laurent Casse*, Jean Ricart*, Jacques Solatges*).

Antoine Carbou fut le secrétaire général du syndicat des ouvriers-pâtissiers qui groupait à la fois une majorité de Perpignanais et une minorité d’« isolés » répartis dans plusieurs communes du département. Il occupa notamment ce poste en 1920 et 1921, années pendant lesquelles le mouvement syndical se développa considérablement dans les Pyrénées-Orientales. Le syndicat des ouvriers cuisiniers et pâtissiers des Pyrénées-Orientales, un des plus anciens et des plus stables (il fut fondé en 1898), parmi ceux qui adhéraient à la CGT et à la Bourse du Travail de Perpignan, ne groupait cependant que des effectifs assez modestes (29 membres en novembre 1921) qui ne s’accrurent que très peu pendant les années d’intense syndicalisation que furent 1919 et 1920 et ne furent guère affectés par le reflux de 1921 et la scission syndicale de 1922. En 1919, le syndicat des cuisiniers-pâtissiers prit 220 timbres à la trésorerie de l’UD et 250 en 1920. En 1923 (jusqu’au 16 décembre) il prit un total de 200 timbres ; en 1924 (jusqu’au 15 août seulement) 150 timbres.

En novembre 1920, Antoine Carbou fut, en sa qualité de secrétaire de son syndicat, signataire de l’appel : « pour le respect du droit syndical ». Toujours en tant que secrétaire, il organisa un banquet solennel, à l’occasion du 23e anniversaire du syndicat des cuisiniers-pâtissiers (15 février 1921). Attentif aux conditions de travail des ouvriers de sa profession, il fit, au début de 1921, une démarche auprès du commissaire central de Perpignan pour faire respecter par les patrons le repos hebdomadaire (certains ouvriers syndiqués avaient d’ailleurs pris eux-mêmes ce droit). Le XIe congrès l’élut au poste de trésorier adjoint de l’UD.

En 1922 Antoine Carbou semble s’être tenu à l’écart de l’activité syndicale. Peut-être fut-il affecté par les vifs débats qui agitèrent le mouvement syndical en 1921 et aboutirent à la scission de 1922 ? Le syndicat des cuisiniers-pâtissiers continua cependant de fonctionner normalement. Après 1922, Antoine Carbou ne cessa d’être un des principaux animateurs de son syndicat. Il occupa diverses fonctions, notamment (par exemple, en 1924) celles de « délégué au travail » (pour les cuisiniers).

Antoine Carbou siégea au Comité général de la Bourse du Travail de Perpignan, en 1920 puis dans les années 1930. En 1934 et en 1935, il était en outre administrateur de la Bourse du Travail de Perpignan. En 1938 (congrès du 25 janvier) et en 1939 (congrès du 29 janvier) il fut élu administrateur de l’UL-CGT de Perpignan. Antoine Carbou fut également administrateur de la caisse d’Assurances sociales « Le Travail des Pyrénées-Orientales ».

Antoine Carbou assista à de nombreux congrès de l’UD-CGT des Pyrénées-Orientales. Lors du XIe congrès de l’UD (30 septembre 1923), le secrétaire, Joseph Berta* , dans son rapport moral, fit l’éloge du syndicat dont Antoine Carbou était l’un des animateurs : en effet d’après Joseph Berta, le syndicat des cuisiniers et pâtissiers ne cessa, pendant la Première Guerre mondiale, de cotiser et de rester en rapport avec les organismes centraux et ce, au moment où l’UD ne groupait plus que 18 syndicats.

Antoine Carbou fut délégué au congrès de Lille de la Fédération CGT de l’Alimentation (20-23 juillet 1921) : le syndicat des cuisiniers et pâtissiers lui remboursa le prix de son voyage mais Antoine Carbou paya lui-même l’ouvrier qui le remplaça dans son travail. Son syndicat le délégua également au XVIe congrès national de la CGT (Lille, 25-30 juillet 1921) mais à la condition que la Bourse du Travail de Perpignan lui accordât une aide financière. Il ne l’obtint sans doute pas car Antoine Carbou ne figure pas sur la liste des délégués au XVIe congrès de la CGT. Antoine Carbou assista par contre à trois congrès confédéraux : les XXIe (Paris, 15-18 septembre 1931), XXIIe (Paris, 26-29 septembre 1933) et XXIVe (Toulouse, 2-5 mars 1936) congrès nationaux de la CGT.

Antoine Carbou fut conseiller prud’homme pendant plusieurs années : il fut élu (ou réélu ?) lors du scrutin du 7 novembre 1920 (section industrielle, 4e catégorie).

Il s’intéressa de très près aux problèmes de sa profession, notamment à ceux de la formation technique des apprentis cuisiniers. Il fut de ceux qui, en 1930, impulsèrent la création de cours professionnels. Cette année-là, le syndicat des ouvriers cuisiniers et pâtissiers et le syndicat patronal départemental des hôteliers mirent sur pied une commission paritaire destinée à promouvoir les cours professionnels pour cuisiniers et pâtissiers. Cette initiative fut suivie d’effet et ces cours fonctionnèrent régulièrement. Antoine Carbou présida cette commission paritaire pendant huit ans, à compter de la date de sa création.

Dans les années 1930, la montée du chômage attira son attention. À la fin de 1933, il fit au Comité général de la Bourse du Travail de Perpignan la proposition de demander à la municipalité de Perpignan qu’elle cédât un local afin d’installer une « soupe populaire » et qu’elle fournît le combustible nécessaire à son fonctionnement. Cette proposition fut adoptée et les syndicats de la Bourse du Travail formèrent une commission afin de faire aboutir ce projet auprès des édiles perpignanais. Antoine Carbou fit partie de cette commission qui comprenait en outre Laurent Casse du syndicat des métaux, Amédée Gardon, du syndicat des employés de commerce, Mme Trémi du syndicat des instituteurs, Ayats, du syndicat des répétiteurs de collège, Dominique Raspaud, du syndicat des employés des PTT.

Antoine Carbou fut un militant actif jusqu’à sa mort, survenue à Perpignan le 8 février 1940. Lors de son enterrement Velzy, Duclo et Berta, militants de la CGT, retracèrent sa vie.

Le 19 décembre 1910, Antoine Carbou avait épousé Anne Catherine Solatges. Il eut un fils adoptif, Mathieu Cléris. (Voir aussi Sébastien Raspaud*, Adrien Thivel*, Joseph Celma*.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article103746, notice CARBOU Antoine par André Balent, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 11 avril 2016.

Par André Balent

SOURCES : L’Action syndicale, (bulletin mensuel des syndicats confédérés des Pyrénées-Orientales) 1920-1940 (Voir notamment sa « nécrologie » dans le numéro daté de décembre 1939-janvier 1940-février 1940). — Le Cri Catalan (hebdomadaire officieux de la Fédération socialiste des Pyrénées-Orientales), 20 novembre 1920, 6 octobre 1923. — Le Travailleur Catalan, (hebdomadaire de la région catalane du Parti communiste), 5 février 1938. — Arch. Mun. Perpignan (état civil).

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