AUBRUN Raymond, dit « Gaston »

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 23 février 1902 à Bourges (Cher), mort en déportation le 25 janvier 1945 à Gusen (Allemagne) ; chaudronnier ; militant communiste.

Raymond Aubrun.
Raymond Aubrun.

Fils de Sylvain et de Marie Renaudon, Raymond Aubrun vivait 11 rue du Parc à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Adhérent du Parti communiste depuis 1921, Raymond Aubrun, domicilié à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), était surtout un syndicaliste. Il fut membre de la commission exécutive du syndicat CGT des Métaux de la région parisienne de 1937 à 1939. Sa signature apparaîssait fréquemment, en 1938, dans le journal communiste La Voix populaire, pour présenter les positions et mobilisation des métallurgistes de la banlieue ouest.
Il salua les avancées obtenues dans la métallurgie : « Enfin les métallos ont leur convention collective. […] Sans l’intransigeance provocante du patronat, celle-ci aurait pu être signée depuis longtemps. Un conflit préjudiciable à l’économie du pays aurait ainsi été évité, mais ce n’est pas cela que voulait ce patronat de désordre ». Dans un éditorial, le secrétaire des syndicats CGT Raymond Aubrun écrivit : « Si la nouvelle convention collective ne contient pas l’ensemble des améliorations que nous étions en droit de demander, elle est loin de correspondre à ce qu’entendait nous imposer le patronat de la Métallurgie. »
Mobilisé en 1939, il fut affecté spécial à la SIPA. Les Aubrun, Marie-Louise L’Huillier, Camille Ronce, autre militant de Gennevilliers, avec tous les enfants, ont rejoint la Creuse lors de l’exode pour trouver refuge dans la famille de Marcelle Aubrun près de Mansat. Raymond Aubrun et Camille Ronce étaient revenus à Gennevilliers assez vite.
sIl a été arrêté le 6 juillet 1941 vers 10 heures du matin sur le marché de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) alors qu’il jetait des tracts à la volée. Il portait une valise contenant plus de dix cents tracts édités par le Parti communiste clandestin. Un brigadier et deux gardiens de la paix l’interpellèrent, Raymond Aubrun tenta d’ameuter la foule criant à tue- tête « Je suis un communiste, camarades un défenseur du peuple affamé. Les gardiens m’arrêtent délivrez-moi ! »
Interrogé dans les locaux du commissariat de police, il déclara être sans travail depuis juin 1940. Il affirma ignorer le nom et l’adresse de Paul qui lui avait remis les tracts. Il donna son signalement très probablement fantaisiste « taille 1,75 m environ, forte corpulence, cheveu blond roux, gros nez busqué. Il était vêtu d’un blouson en toile marron beige, pantalon golf, coiffé d’un béret basque assez large. »
Incarcéré à la prison de Fresnes cellule n° 355, il écrivit le 27 août 1941 au procureur général, il sollicitait « le désistement de l’appel que j’ai interjeté contre le jugement rendu le 12 juillet 1941 par le Tribunal de 1ère instance siégeant à la 12ème Chambre correctionnelle qui m’a condamné à dix mois de prison pour [distribution] de tracts. »
Il comparut le 10 septembre 1941 devant la Section spéciale de la cour d’Appel de Paris qui le condamna à cinq ans de travaux forcés pour la distribution de l’Humanité clandestine édition spéciale n° 119 qui portait en titre « Hitler a attaqué l’Union Soviétique. Peuple de France ». Il était notamment écrit : « Quoi qu’il fasse, Hitler est perdu ; il sera écrasé comme Napoléon le fut et des millions d’hommes salueront d’enthousiastes bravos l’effondrement de ce criminel. »
Un autre tract imprimé recto-verso était un appel « Pour la formation d’un Front National de l’Indépendance de la France. »
« Le Parti Communiste Français s’adresse à tous ceux qui pensent français et veulent agir en français. »
L’enquête policière apporta la preuve que la famille Aubrun était en relation avec Camille Ronce qui était détenu à la Santé (8ème Division – cellule 64) et avec Maurice Simondin âgé de dix-sept ans écroué également à la Santé pour reconstitution des Jeunesses communistes de Gennevilliers.
Interné à la Santé, il fut condamné par la cour d’appel de Paris le 10 septembre 1941 à cinq ans de travaux forcés.
Raymond Aubrun fut interné par la suite à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Caen (Calvados), Blois (Loir-et-Cher), Fontevrault puis Compiègne (Oise) avant d’être déporté le 21 mars 1944 (ou le 23 mars selon les sources) à Mauthausen, camp de Gusen II. Il côtoya dans les camps Henri Varagnat, ancien maire de Bondy. Il y mourut.
Son nom est gravé sur l’une des plaques posées dans le hall d’entrée de la Bourse du Travail de Paris : « Raymond Aubrun, Métaux ». Il fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Son nom a été donné à un des premiers ensembles de logements construits après-guerre à Gennevilliers : la cité Raymond Aubrun. Son fils, un militant communiste, mourut en janvier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10392, notice AUBRUN Raymond, dit « Gaston » par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier , version mise en ligne le 12 août 2020, dernière modification le 13 août 2020.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Raymond Aubrun.
Raymond Aubrun.

SOURCES : AN Z-4-3 dossier n° 39. – DMPA, BMC, dossier. – Bureau Résistance GR 16 P 21309. – Waldeck L’Huillier, Combats pour la ville,1982, p 95-97.97. – Roger Poitevin, Abbaye Bagne de Fontevraud 1940-1944, Éd. AFMD, Maine-et-Loire, 2009. – Renseignements – Renseignements recueillis par Marie-Claude Lhuillier.

PHOTOGRAPHIE : AM Gennevilliers.

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