CARUEL Victor, Désiré

Par Jean-Jacques Doré

Né le 16 janvier 1880 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 9 décembre 1959 à Rouen ; ouvrier typographe de Rouen ; secrétaire de l’Union départementale CGTU de Seine-Inférieure de 1924 à 1926, puis secrétaire de la 19e Région unitaire de 1926 à 1930 ; communiste.

Fils d’un forain, Victor Caruel, était ouvrier typographe lorsqu’il fut ajourné par le conseil de révision pour des problèmes de vision en 1900. Mobilisé le 10 juin 1915, il fut affecté au commissariat de police de Rouen ( ce que ses adversaires rappelaient régulièrement) jusqu’au 30 juin 1919.

Inscrit à la SFIC dès sa création, était, en 1921, membre minoritaire de la 22e section du Livre et du Comité syndicaliste révolutionnaire (CSR) de Rouen. L’année suivante, il quitta la CGT avec 42 militants pour fonder le syndicat unitaire du Livre de Rouen, alors que 172 membres restaient fidèles à la CGT ; il fut élu secrétaire de la nouvelle organisation le 7 mai 1922.

À Lyon (Rhône), les 24-25 juin 1922, se tint le congrès constitutif du Livre CGTU et Victor Caruel y représenta les sections de Rouen et du Havre (Seine-Inférieure). Il fut délégué au comité national du 20 et 21 janvier 1923.

Constamment réélu à la tête du Livre unitaire de Rouen jusqu’en 1928, il devint trésorier de l’Union départementale unitaire au congrès de Rouen le 8 juillet 1923, puis secrétaire le 30 mars 1924, après la démission de Maurice Gautier élu député communiste.

En octobre 1925, Victor Caruel signa la Lettre dite des 250, très critique à l’égard de la politique suivie par le parti français, mais il n’en fut pas moins élu secrétaire de la 19e Union régionale unitaire au congrès extraordinaire de Rouen le 26 mars 1926. Les 23-25 avril suivant, il participa au IIIe comité national du Livre-Papier CGTU où il présenta un rapport sur les salaires. Au mois de juin, Caruel était à Lille pour assister au Ve congrès du Parti communiste où il vota contre le rapport moral.

Secrétaire du SRI (Secours rouge international) à partir de 1927 et réélu à la tête de la 19e Union régionale au congrès extraordinaire d’Elbeuf (Seine-Inférieure,Seine-Maritime), après avoir rompu avec Engler et la Révolution prolétarienne, Caruel s’imposa comme le chef incontesté du PCF et de la CGTU en Seine-Inférieure jusqu’en 1930 ; il fut à la tête de tous les mouvements revendicatifs et les manifestations du département.

Les échecs des mouvements revendicatifs, son amitié persistante avec les "renégats du Parti" Maurice Gautier, Germaine Goujon et Victor Engler dont il avait été pourtant l"un des accusateurs lors de la réunion du 8 février 1927, le rendirent suspect. Permanence des méthodes, quel qu’en soient les temps et les couleurs, revint à la surface son activité pendant la guerre où il était agent de police auxiliaire. Réélu pourtant secrétaire de la 19e Union régionale unitaire le 1er décembre 1929, il dut partager son poste avec Henri Gautier, arrivé du Havre à la demande du Parti communiste. Deux générations les différenciaient, deux conceptions du syndicalisme les opposaient. Les critiques fusèrent contre Caruel, désaccord sur la gestion financière et la stratégie à adopter lors des manifestations du 1er août. La machine à broyer était lancée, Victor Caruel démissionna en juin 1930 et cessa de militer fin 1931.

La fin de l’aventure de Victor Caruel était digne d’un conte de fée, gagnant du gros lot de la Loterie nationale en 1932, il acheta une grande propriété où il se retira à Saint-Martin-de-Boscherville près de Rouen.

Victor Caruel s’était marié avec Louise Huisse le 28 mai 1904 à Rouen et le couple habitait 72 rue Jean-Baptiste Gilbert à Sotteville-lès-Rouen dans les années 1920. Il mourut à Rouen sans enfant le 9 décembre 1959.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104025, notice CARUEL Victor, Désiré par Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 17 mai 2020, dernière modification le 22 février 2022.

Par Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13001. — Arch. Dép. Seine-Inférieure, 10 MP 1410 bis Syndicats dissous après 1936, 1 MP 269 Suspects, 1 M P 264, État civil, Matricule militaire. — Arch. Com. Rouen, 7 F 3 et manifestations politiques et syndicales, 1926-1934. — Le Prolétaire Normand, divers (en particulier n° 28, 11 mars 1927). — La Dépêche de Rouen, divers. — Compte rendu du congrès constitutif du Livre CGTU et autres congrès cités. — Témoignages "savoureux" de Charles Énée et Paul Lemarchand —Notes de J. Charles et de Jacques Girault.

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