AUDÉON Alexis [alias "René", "Béalix"]

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

Né le 28 septembre 1912 à Bois-de-Céné (Vendée), mort en action le 18 septembre 1943 à Péreille (Ariège) ; boulanger ; volontaire des Brigades internationales en Espagne ; militant communiste ; résistant FTP de l’Ariège.

Alexis Audéon était le fils d’un cultivateur et d’une cultivatrice, il était boulanger à Bordeaux (Gironde). Syndiqué, il adhéra au Parti communiste en 1930 et devint trésorier de cellule. Bénéficiant d’une expérience de la cavalerie, il fut volontaire en Espagne républicaine. Chauffeur et délégué politique dans la batterie « Gramsci » du groupe d’artillerie Skoda des Brigades internationales, il fut rapatrié en janvier 1939.

Après avoir été arrêté en novembre 1941, Alexis Audéon déclara qu’il avait été mobilisé en septembre 1939 au 77e régiment du Génie de Montauban (Tarn-et-Garonne). Envoyé sur le front, il fut blessé à Amiens le 23 juin 1940. Il fut démobilisé le 10 août 1940 avec une pension de 10 %. Il habita ensuite à Toulouse (Haute-Garonne) puis exploita une coupe de bois dans le Gard. Il arriva à Arles (Bouches-du-Rhône) où il se fixa chez un ami, Idéal Guelfi ; Il était accompagné par une jeune mineure belge avec qui il vivait, Léa Daens, en infraction avec la législation sur le séjour des étrangers. Il fut interpellé le par la commissaire de police d’Arles qui écrivit, le 23 novembre 1941, un rapport le concernant.

Il fut interné au "centre de séjour surveillé" de Saint-Suloice (Tarn) en application d’un arrêté du préfet régional de Marseille. du 20 décembre 1941. Interrogé par le commandant du camp de Saint-Sulpice, il déclara condamner le pacte germano-soviétique et affirma qu’il signerait volontiers une déclaration de loyalisme au pouvoir. Le commandant du camp donna un avis favorable à sa libération. Il déclara se retirer à Tonneins (Lot-et-Garonne)

Il déclara pourtant qu’il s’était "évadé" de Saint-Sulpice " un an" après son internement plus tard et qu’il se réfugia dans une ferme vers Marmande (Lot-et-Garonne).

Sous le pseudo de René, il participa dès 1943 à la résistance en Ariège au sein des FTPF et dirigea le maquis d’Ilhat-en-Bas (connu aussi sous le nom de maquis du Bac d’Ilhat). Ce maquis fut initialement établi aux confins des trois communes de Péreille, Ilhat et Roquefixade. C’est dans cette commune, à la grotte de de la Sorcière d’Izarna que les FTPF établirent l’une de leurs premières planques.

Ces FTPF participèrent à l’un des tous premiers engagements armés d’un maquis contre les forces allemandes , après celui de Rosis (Hérault) le 10 septembre 1943. Alexis Audéon fut touché mortellement, avec son camarade Achille Bochetto (mort plus tard à Toulouse), lors d’une tentative pour s’emparer, le 18 septembre 1943, des armes entreposées par les Allemands au poste de guet de Péreille (Ariège) tenu par cinq hommes. L’attaque menée aussi, entre autres, par René, Georges Tabar alias "Fourest" et Henri Lagarde fut un échec car les assaillants accueillis par des tirs d’une mitrailleuse furent ensuite surpris par le retour prématuré d’une patrouille allemande. Ce fut à ce moment qu’Audéon et Bochetto furent touchés. Les Allemands laissèrent deux tués et deux blessés. Les survivants se réfugièrent à la grotte de la Caunha (la Caougne) à la montagne de la Frau qui domine Montségur (Ariège) au Sud-Ouest de Péreille (Voir : Jacques d’Andurain) où venait de s’installer un maquis de l’AS (Armée secrète).

Audéon avait le grade de capitaine FTPF. Selon un rapport de gendarmerie, il avait une fausse pièce d’identité au nom de René Balix, né à Bordeaux et domicilié à Montbardier, mesurait 1m 70, avait le teint et les cheveux noirs et portait une petite moustache.

Enterré au cimetière de Péreille le lendemain du combat où il trouva la mort, Audéon fut ré-inhumé en 1948.

Son nom figure sur le monument aux morts de Verteuil-d’Agenais (Lot-et-Garonne) où une place porte son nom. Son nom est inscrit, ainsi que celui d’Achille Bochetto, sur le monument commémoratif de Péreille (Ariège) honorant les deux maquisards tués lors de combat du 18 septembre 1943.

En marge de son acte de naissance, il est porté à la date du 20 mai 1943 « en cas de demande de renseignements, prévenir la gendarmerie » et en dessous « interné politique décédé ».

Brigadistes fusillés pendant l’Occupation
http://chs.huma-num.fr/exhibits/sho...

Voir : Péreille (18 septembre 1943)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10407, notice AUDÉON Alexis [alias "René", "Béalix"] par André Balent, Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 24 novembre 2021.

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

SOURCES : Arch. RGASPI, Moscou, 545/6 ; RGASPI 545.6.1038 liste des Brigadistes français en Espagne républicaine, fiches individuelles 31 décembre 1937 ; RGASPI 545.6.1043, BDIC 880/2 bis. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône, 5 W 162, dossier "internements", rapport du commissaire de police d’Arles, 23 novembre 1941 (communiqué à André Balent par jean-Marie Guillon). — SHD, DAVCC, Caen. — États civils de Bois-de-Céné et de Verteuil-d’Agenais. — La Dépêche, 14 septembre 2009, 25 septembre 2013, 2 octobre 2016. — Site speleoclub-arize.fr consulté le 14 avril 2018. — Site histariege consulté le 14 avril 2018. — Site MemorialGenWeb consulté le 14 avril 2018 (les sites Internet consultés par André Balent).

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