CAUËT Charles, Eugène, Victor

Par Claude Pennetier

Né le 4 août 1885 à Villiers-Bretonneux (Somme) ; ouvrier mécanicien à Paris, puis fraiseur aux Établissements militaires de Bourges (Cher) ; membre de la commission exécutive de l’Union départementale des syndicats de la Seine, secrétaire du syndicat des électriciens de la Seine, puis du syndicat de la métallurgie de Bourges ; syndicaliste révolutionnaire.

Avant 1914, Charles Cauët était ouvrier mécanicien à Paris, il siégea à la commission exécutive de l’Union départementale des syndicats de la Seine et fut secrétaire du syndicat des électriciens de ce même département.

En 1914, Cauët fut mobilisé comme fraiseur aux Établissements militaires de Bourges (Cher), et devint secrétaire du syndicat de la métallurgie de Bourges. Il appartenait à la minorité syndicaliste révolutionnaire. A la suite des grèves de mai 1918, il fut mis à la disposition de l’armée.

Un rapport de police du 19 mars 1918 le présente, au conditionnel, comme un ancien déserteur amnistié. Il semble qu’il soit allé au front au début de la Première Guerre mondiale, avant d’être mobilisé comme fraiseur aux Établissements militaires de Bourges (Cher).

En janvier 1916, son propriétaire signala à la préfecture qu’il tenait des propos pacifistes. La police mena une enquête mais Cauët avait déménagé et s’était installé à la Bourse du Travail de Bourges. Le commissaire de police y pénétra sans mandat et photographia son courrier. Une lettre de Merrheim, datée du 14 janvier 1916, prouve que Cauët commençait à mener la lutte contre la direction confédérale de la CGT. Merrheim indiquait qu’il ne pouvait se rendre aux réunions données par Jouhaux à Bourges et à Vierzon mais lui donnait des éléments de discussion. Cauët rédigea un texte, pourtant les rapports de police ne font pas état de son intervention, sans doute se sentit-il trop isolé pour affronter le secrétaire général de la CGT. Il participa à la création du syndicat des métallurgistes détachés aux Établissements militaires de Bourges, de tendance minoritaire.

Syndicaliste révolutionnaire convaincu, il tenta d’entraîner le syndicat vers des actions énergiques en faveur de la paix et accueillit avec enthousiasme l’annonce de la Révolution russe d’octobre 1917. Dans une réunion du 9 décembre 1917, il déclarait : « A l’exemple de l’Orient (Russie), il faut montrer à tous que la classe ouvrière est maîtresse »... « De grands événements se préparent qui bouleverseront l’univers entier, l’autocratie a vécu ; les peuples sont appelés à se gouverner eux-mêmes et la classe ouvrière n’arrivera à ce résultat que par le syndicalisme, l’Union de tous les travailleurs » (Arch. Nat. F7/13358). L’élection de Cauët au secrétariat du syndicat en janvier 1918, correspondait à une volonté d’action de la base. De nombreux ouvriers réclamaient une grève immédiate pour imposer la paix, le bureau du syndicat réussit à contenir le mouvement jusqu’au 1er Mai 1918. Principal animateur de la grève, Cauët fit preuve de courage quand les ouvrières furent victimes de sanctions ; il écrivit le 7 mai 1918 au Colonel directeur de l’École Centrale de pyrotechnie : « Je revendique ma propre part de responsabilité qui est une des plus importantes parmi celles qui ont préparé dans les esprits et organisé matériellement ce chômage du 1er Mai »... « Je suis coupable par persuasion et vous n’ignorez pas que la loi elle-même prévoit des pénalités plus fortes pour les coupables qui conçoivent le délit que pour ceux qui l’exécutent. Je n’ai pas été frappé si faiblement que ce soit. » (F7/13358).

Son appel fut entendu et, comme la plupart des dirigeants syndicaux minoritaires, il fut relevé de son affectation spéciale le 22 mai, dirigé sur la 6e section de l’OA à Châlons-sur-Marne, puis versé dans son ancien régiment, le 4e zouaves et envoyé au front.

Charles Cauët a été parfois confondu avec Canet*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104312, notice CAUËT Charles, Eugène, Victor par Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 28 décembre 2019.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13358, F7/13600, F7/13700. — Arch. Dép. Cher, 25 M 48. — André Gosnat, L’Union départementale du Cher de l’armistice à 1925, mémoire de Maîtrise, Paris I, octobre 1970. — Claude Pennetier, Le Socialisme dans le Cher, 1851-1921, La Charité-sur-Loire (Nièvre)-Paris, Delayance-Maison des sciences de l’Homme, 1982.

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