CAULA Jules (orthographié parfois COLAS Jules)

Par Gérard Leidet, Antoine Olivesi, Francis Roux

Né le 19 février 1898 à Gardanne (Bouches-du-Rhône), mort le le 25 mars 1948 à Gardanne ; mineur, syndicaliste (CGTU puis CGT) ; secrétaire régional de la fédération des mineurs de la CGT ; militant communiste, un des fondateurs du Parti communiste à Gardanne.

Les parents de Jules Caula étaient commerçants.

Militant syndicaliste et communiste, il partagea son activité entre les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. En 1923, à la suite d’une tournée de propagande organisée par Adrien Mouton, il fonda avec son frère Marius (voir Marius Caula un noyau de la Jeunesse communiste à Gardanne. Le 1er mai 1923, il participa à un meeting de la CGTU animé par le militant « unitaire » aixois, Etienne Allard qui ne réunit qu’une vingtaine d’ouvriers (le même jour, 400 mineurs de Gardanne et Biver se réunissaient à l ‘appel de la CGT). Au début de ces années 1920, la famille Caula (le père Maximilien et les deux fils) tentait d’implanter, avec difficulté, le parti communiste dans la cité minière. En effet ils n’étaient qu’une poignée de militants autour d’eux, avec Alfred Bousquet, Marius Bourrelly, Marius Coulomb, Charles Bosc, à animer la section locale du parti.

En 1925, Jules Caula était journalier aux mines de Gardanne et fut candidat sur la
liste communiste dans cette ville ; il fut révoqué. Cet épisode donna lieu à de vives tensions entre « confédérés » (CGT) et « unitaires » (CGTU). Le 7 novembre 1925, quatre ouvriers furent découverts, endormis, dans leur chantier, au puits Biver (Hameau de Gardanne) ; ils furent congédiés. Les deux syndicats paraissaient décidés à lancer un mot d’ordre de grève pour les faire réintégrer. Le 12 novembre, le sous-préfet d’Aix nota que « des pourparlers avaient été engagés avec les délégués ouvriers et la direction des Charbonnages », et il ajouta : « Celle-ci paraît disposée à reprendre l’un des ouvriers appartenant au Syndicat de la CGT, mais non les trois autres ouvriers appartenant au Syndicat unitaire. Il est donc probable que les ouvriers appartenant au Syndicat de la CGT et qui sont de beaucoup les plus nombreux ne feront pas grève et que la grève, si elle éclate, n’intéressera que les ouvriers du Syndicat unitaire. Elle serait par conséquent de peu d’importance ». Le lendemain, la réintégration de l’ouvrier adhérent de la CGT était confirmée. Le Syndicat CGT, majoritaire (la CGTU ne regroupait à Gardanne que 250 ouvriers dont seulement une quarantaine de Français) décida de ne pas faire grève. Les trois « Unitaires » furent, en quelque sorte, « abandonnés » ! Les patrons des Charbonnages des Bouches-du-Rhône avaient-ils atteint leur objectif : se débarrasser, par tous les moyens des militants « Unitaires » en jouant, au besoin, sur la division syndicale comme semble l’indiquer Gérard Pio ? Toujours est-il que deux des trois ouvriers congédiés en novembre 1925 étaient connus dans le canton ; il s’agissait des frères Jules et Marius Caula qui étaient les militants les plus actifs du jeune Parti communiste, avec leur père, Maximilien Caula ; par ailleurs, Alfred Bousquet fut, lui aussi, chassé du puits Biver. Il est surtout probable que Jules Caula faisant partie des militants en vue de la CGTU fut chassé de la mine en raison d’opinions qu’il continua à défendre à Pertuis où il s’installa par la suite…

L’année suivante, il était secrétaire de la cellule locale . En 1928, il se présenta également à une élection cantonale, de même qu’en octobre 1934. Entre temps, il avait participé aux élections municipales de mai 1929 au cours desquelles le score réalisé par les communistes gardannais fut nettement amélioré par rapport au scrutin de 1925. Certains observateurs évoquèrent alors une « poussée communiste ». La liste du « Bloc Ouvrier et Paysan », menée par Alfred Bousquet, recueillit 21,4 % des voix au premier tour, le 19 mai, lors d’un deuxième tour rendu nécessaire afin de pourvoir un siège en ballottage, Alfred Bousquet réunit 33 % des suffrages exprimés.

Jules Caula quitta ensuite Gardanne, et fut candidat, en décembre 1934 à une élection partielle dans le canton de Pertuis, (Vaucluse). Il était alors trésorier de la cellule de Pertuis dont le secrétaire était M. Dorgal. Il participa aux actions unitaires, en 1934, dans les deux localités notamment le premier Mai. Président du comité antifasciste du Vaucluse, il fut, de 1936 à 1939, secrétaire général du rayon de Pertuis. Il ne désavoua pas le Parti en 1940 et fut interné. Les 12 et 13 novembre 1940, des perquisitions furent organisées dans tout le département par la gendarmerie et la police à partir de listes établies quelques mois plus tôt. Il s’agissait pour les autorités de Vichy de « découvrir les auteurs de la propagande communiste ». A Gardanne et à Trets, ces perquisitions, qui ne produisirent que de maigres résultats, touchèrent 26 ouvriers (et un paysan), en majorité des mineurs. À ce titre, son père, Maximilien Caula, âgé alors de 67 ans, et retraité, fut victime de l’une d’entre elles : un plan de la fédération départementale de La Libre pensée, ainsi qu’une brochure intitulée Critique de l’organisation capitaliste éditée par le Conseil d’études communistes furent saisis.

Pendant la guerre, Jules Caula fut interné en Afrique du Nord par le préfet du
Vaucluse, probablement en avril 1941. Fut-il envoyé à Chabanet, ou à Saint-Paul
d’Eyjaux ?... Il est vraisemblable qu’il passa par Saint-Sulpice d’où il dût être expédié
en Algérie, à Bossuet. Il revint à Gardanne en 1944.

C’est tout naturellement qu’il fut élu secrétaire de la Fédération régionale des mineurs CGT en janvier 1946, ce qui le conduisit à démissionner de son propre chef du poste de secrétaire politique de la section de Gardanne du PCF. Âgé de 48 ans mais physiquement diminué, il n’en assuma pas moins ses nouvelles fonctions de secrétaire régional des mineurs avec enthousiasme, comme le montrent les articles qu’il rédigeait. La bataille de la production battait son plein et Jules Caula s’y consacra en appelant les mineurs à l’effort : « En avant, camarades mineurs, la France entière a les yeux fixés sur vous, avec le pic ou le marteau-piqueur, avec vos muscles tendus, vous surmonterez tous les obstacles. Aujourd’hui, vous ne travaillez pas seulement pour vous, mais aussi pour la France, qu’hier vous avez défendue, les armes à la main, et que nous devons reconstruire plus belle, plus forte et indépendante… ». On retrouvait ici à Gardanne, et dans le bassin minier de Provence, des accents, une tonalité qui rappelait celle des exhortations de Maurice Thorez, dans la même période, à l’attention des mineurs, (notamment le discours du secrétaire général du PCF à Waziers, le 21 juillet 1945). Produire plus, telle était la signification de la visite qu’effectua Auguste Lecoeur - ancien mineur, sous-secrétaire d’état à la production charbonnière, et membre du Comité central du PCF - le 10 mars 1946, à Gardanne. Jules Caula lut le rapport introductif du meeting auquel participèrent Jean Cristofol, maire PCF de Marseille, et Victor Savine maire SFIO de Gardanne.

Jules Caula mourut le 25 mars 1948 à Gardanne.
Il s’était marié le 17 juin 1919 avec Jeanne Martinaud . Il avait une sœur, Denise Caule (née en 1895), et un frère, Marius (né en 1900).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104319, notice CAULA Jules (orthographié parfois COLAS Jules) par Gérard Leidet, Antoine Olivesi, Francis Roux, version mise en ligne le 5 septembre 2021, dernière modification le 10 septembre 2021.

Par Gérard Leidet, Antoine Olivesi, Francis Roux

SOURCES : Arch. Nat. F7/13024 et 13130 (année 1932). — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/50. — Arch. Dép. BdR. XIV M 25/64. — Archives Dép. BdR XIV M 25/65. — Rouge-Midi, mai 1934, 2 décembre 1934 ; 5 février 1946 — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 817, 826, 831, 3 M 283, 285. — A. Mouton, Notes d’un vétéran, op. cit., p. 45. — Renseignements communiqués par Denis Bizot. — Gérard Pio, Mines et mineurs de Provence, Editions Clair-Obscur, Aix-en Provence, 1984. — Arch. Com. de Gardanne. — Note de Jean-Marie Guillon.

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