AUGARD André

Par Michel Dreyfus, Jean François Poujeade et Stéphane Paquelin

Né le 12 novembre 1919 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), mort le 23 septembre 1967 à Saint-Vallier ; mineur ; militant syndicaliste et politique de Montceau-les-Mines, un des artisans de la scission syndicale de 1947 en Saône-et-Loire puis responsable de la fédération Force ouvrière du sous-sol.

André Augard
André Augard

Né dans le milieu de la mine : fils de Claude Augard, mineur et Claudine Duplessis, sans profession, les témoins présents lors de la déclaration à l’état civil étant également mineurs ; il épousa une fille de mineur en 1939. Il semble qu’il ait rapidement perdu son père car en 1923 il devint pupille de la Nation.

André Augard entra à seize ans dans la bonneterie. Il adhéra aussitôt à la CGT mais fut licencié de son emploi en 1936 pour faits de grève. Du 9 octobre 1936 jusqu’à la guerre, en octobre 1939, André Augard fut mineur de fond aux Houillères de Blanzy. Il s’engagea dans les Jeunesses socialistes dont il apparaît comme un des principaux dirigeants pour le bassin minier en 1938. À cette date il fut mêlé aux débats qui agitent le Parti. Il qualifia les accords de Munich d’insatisfaisants mais de seule solution possible.

Il poursuivit ensuite son activité militante durant l’Occupation comme secrétaire adjoint du syndicat, ce qui lui vaudra par la suite d’être attaqué. Les accusations de « collaborationisme » à peine voilées étaient fréquentes. En réalité, il apparaît que ce militant fut l’un des dirigeants du « syndicat unique des mineurs de Bourgogne », c’est-à-dire émanant du système mis en place par le régime de Vichy dans le cadre de la Charte du Travail. Divers témoignages de militants, notamment des communistes, ayant vécu cette époque montrent que ces accusations sont infondées.

À la Libération il fut secrétaire de la section SFIO de Montceau-les-Mines. Fortement anticommuniste dès 1937, il conserva ensuite cette attitude, laquelle le conduira à quitter la CGT au moment de la scission qui donna naissance à la CGT-FO.

Dés la reconstitution officielle du syndicat CGT des mineurs, il avait été secrétaire administratif et également responsable de la fédération régionale du sous-sol. À ce titre, il fut conduit à travailler avec Edmond Marc*, élu secrétaire du syndicat lors du congrès du 18 février 1945 et militant communiste en pleine ascension. Dans un premier temps la cohabitation fut plutôt harmonieuse, en particulier dans le cadre de la bataille de la production. Ainsi le 2 mai 1945, il appela les militants qui se proposaient d’entamer une grève à ne rien faire sans l’accord du syndicat, rejoignant sur ce point Edmond Marc. Mais bientôt, des oppositions de personne et d’idées se firent jour, en fait sous-jacentes depuis le congrès de 1946 où un affrontement avait eu lieu entre les militants du cru et ceux d’autres centres miniers de taille beaucoup plus réduite, entre autres ceux d’Épinac, mais où la tendance ex-confédérée l’emportait.

Mais ce sont finalement les mouvements sociaux de 1947 qui provoquèrent la rupture. Dès l’assemblée générale du 13 novembre, un affrontement avait eu lieu entre lui et Edmond Marc au sujet du Plan Marshall. Durant les grèves de 1947, il prit en charge la rupture en organisant la première réunion des amis de FO et le 11 janvier 1948, la scission était consommée.

Son rôle moteur dans cette scission attira à Augard de solides inimitiés. Un discours de disqualification fut systématiquement tenu à son égard dans le bassin. C’est peut-être pour cette raison qu’il ne participa pas à la mise en place de l’Union départementale FO ni à celle d’un syndicat à Montceau même s’il joua indubitablement un rôle de coordination entre les structures émergentes, préférant s’engager dans les structures fédérales.

Ayant repris son activité aux Houillères de Blanzy en mars 1946, il fut appelé en décembre 1947 à seconder Noël Sinot au poste de secrétaire adjoint de la Fédération nationale FO des mineurs. Au départ en retraite de Noël Sinot en décembre 1961, il fut élu au secrétariat général de la Fédération ; il exerça cette responsabilité jusqu’en février 1968, date où il fut remplacé par Charles Cortot.

Il fut également vice-président de la fédération internationale des mineurs CISL. Enfin il joua un rôle non négligeable comme administrateur des houillères de Blanzy puis vice-président des Charbonnages de France.

Ses dernières années furent difficiles sur le plan personnel : l’un de ses fils, Roger, se noya en juillet 1961 à l’âge de dix-neuf ans et son autre fils, Jean-Paul disparut en juillet 1967 emporté à vingt-et-un ans par un « mal mystérieux », peut-être un cancer qui provoqua aussi la mort d’André Augard quelques semaines plus tard, puisqu’il mourut en septembre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10447, notice AUGARD André par Michel Dreyfus, Jean François Poujeade et Stéphane Paquelin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 31 mars 2011.

Par Michel Dreyfus, Jean François Poujeade et Stéphane Paquelin

André Augard
André Augard

SOURCES : Le Front ouvrier, 25 mai et 15 octobre 1938. — Le Monde, 27 septembre 1967. — Arch. Dép. Saône-et-Loire, W117610. — Valmy, 6 février 1949. — Force ouvrière, n° 1107, 27 septembre 1967. — Le Droit minier, n° 1, 1959. — Registres État civil de Montceau les Mines, naissances et mariages. — DBMOF, t. 17 et cédérom. — Entretien avec Rey Gilbert, militant communiste. — Comptes rendus des congrès confédéraux de la CGT-FO de 1948 à 1966. — "Historique des Mines", Fédération FO de l’Énergie et des Mines. — Notes de Louis Botella.

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