CERATI Antoine, Mathieu

Par Antoine Olivesi

Né le 1er mars 1873 à Guagno (Corse) ; mort à la Tour d’Aigues (Vaucluse) le 25 octobre 1963 ; employé municipal puis directeur du bureau de l’Assistance publique de Marseille ; conseiller général SFIO du 6e canton de Marseille de 1919 à 1934 ; vice-président du conseil général des Bouches-du-Rhône en 1928.

Antoine Cerati était le fils d’un cultivateur corse. Dès l’âge de vingt ans, il milita à Marseille dans les cercles socialistes. Il appartenait, en 1895, au groupe socialiste révolutionnaire de Marseille de tendance allemaniste. Il s’occupa de l’école ouvrière chez les dockers et fut un dreyfusard actif, à la différence des guesdistes locaux. En 1899, au congrès de la salle Japy, à Paris, il représenta la Jeune Corse, groupe marseillais originaire de l’île, affilié à la Fédération socialiste révolutionnaire des Bouches-du-Rhône. En 1901, il fut candidat au conseil d’arrondissement dans le 6e canton. Après l’unité socialiste, il fit partie de la commission exécutive de la Fédération départementale du Parti socialiste unifié. Est-ce le même qui milita ensuite dans le Var — ou s’agit-il de son frère Philippe — et qui représenta la Fédération SFIO de ce département au congrès de Nîmes en 1910 ? (Cf. Dictionnaire t. 11, p. 150). Quoi qu’il en soit, il travaillait comme employé municipal au Bureau de bienfaisance de Marseille, chargé de l’assistance aux vieillards. Il résidait, en 1914, dans le quartier Chartreux-Blancarde où il s’était établi dès 1891 et où il fonda — et présida pendant de longues années — l’une des plus importantes sections des AIL de Marseille dont les activités demeurent considérables de nos jours encore. En août 1911, Antoine Cerati fut de nouveau candidat dans le 6e canton pour le conseil d’arrondissement mais fut battu au second tour par le progressiste Davin. En 1914, Cerati était trésorier de la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône.

Aux élections cantonales de décembre 1919, après la démission du conseiller général modéré Brion qui avait été battu quelques semaines plus tôt aux élections législatives, il fut encore le candidat du Parti socialiste unifié dans le 6e canton, qui englobait son quartier, et qui a toujours été l’un des plus disputés à Marseille entre la droite et la gauche. Il obtint 1 471 voix au premier tour et 2 707 au second tour sur 11 313 électeurs inscrits et fut élu. Il était alors chef de service au Bureau de l’Assistance publique dont il deviendra plus tard le directeur.

Après le congrès de Tours, Antoine Cerati, comme son frère Philippe Cerati signa l’appel des élus SFIO pour la fidélité à leur parti et présida le premier congrès fédéral tenu après la scission dans les Bouches-du-Rhône, le 6 février 1921.

L’année suivante, au mois de mai, il fut réélu conseiller général contre un autre Corse, Pierre Ausilia, ex-homme de gauche devenu, depuis 1902, partisan de Chanot et de plus en plus classé à droite par la suite. Cerati obtint 3 426 voix au premier tour et 3 672 au second sur 12 139 électeurs inscrits. Cette élection donna lieu à des contestations : Ausilia, battu d’une centaine de voix, accusa en effet Cerati d’avoir fait voter en bloc les pensionnaires de l’asile des vieillards de Montolivet, dont il était l’administrateur, en sa faveur, mais Cerati se justifia dans une lettre qui figure au dossier concernant cette affaire, le 14 octobre 1922.

Personnellement concerné, Cerati intervint lors des congrès fédéraux, sur le problème électoral, notamment en janvier 1925, à Marseille où il déposa une motion désapprouvant le projet de sectionnement législatif des Bouches-du-Rhône qu’il jugeait défavorable à la SFIO. À sa demande, le congrès désigna une commission chargée d’élaborer un contre-projet. De même, au congrès de Salon, le 2 avril 1927, il protesta contre l’adoption du scrutin uninominal par le groupe parlementaire SFIO, dans la mesure où la représentation des électeurs marseillais était sacrifiée.

En 1928, en effet, puis en 1932, Cerati aurait souhaité être choisi comme candidat à la députation dans la nouvelle 6e circonscription de Marseille, mais la Fédération SFIO lui préféra Rémy Roux* contre lequel il conserva une certaine animosité.

Du moins fut-il réélu conseiller général le 14 octobre 1928 avec 3 229 voix au premier tour et 3 851 au second sur 13 129 inscrits contre 3 217 à Héiries (Union nationale).

En 1933 et en 1934 — année électorale — Antoine Cerati participa à de nombreuses manifestations publiques. Membre d’honneur de la Libre Pensée des Chartreux-Blancarde et de la Ligue internationale des Jeunes contre la guerre du 6e canton, il assista à de nombreuses réunions des JS, et le 10 septembre 1933, présida une réunion des Femmes socialistes rappelant qu’en tant qu’ancien allemaniste il avait été un « féministe de toujours ». Il fit aussi le bilan de son action à la commission du chômage dont il fut membre du 1931 à 1933, et au conseil général. Au cours de l’été 1934, beaucoup de cérémonies de sympathie furent organisées en sa faveur, dont l’apothéose fut la célébration du cinquantième anniversaire de la fondation des AIL de la Blancarde, avec trois jours de festivités, à la fin septembre 1934, à la veille des élections cantonales.

Mais ses adversaires politiques ne le ménagèrent pas et même l’hebdomadaire Massalia lui reprocha de cumuler son indemnité de conseiller général, sa retraite de la mairie et de réclamer en même temps cinq années de traitement (à 30 000 francs) pour un poste de Directeur de l’Assistance créé pour lui puis supprimé en raison « d’emploi non effectué ». La municipalité, il est vrai, avait changé entre temps et était alors contrôlée par Sabiani.

Quoi qu’il en soit lors du renouvellement du conseil général d’octobre 1934, il obtint, au premier tour, 1 789 voix sur 9 917 votants et 13 595 inscrits. En compétition avec Jean Roujon, républicain socialiste soutenu à la fois par Le Petit Provençal qui invita Cerati à se retirer en sa faveur, et par Simon Sabiani, Antoine Cerati se maintint au second tour avec l’appui des Fédérations socialiste et communiste. Mais il ne recueillit que 2 010 voix sur 9 727 votants dans un scrutin triangulaire qui profita finalement au modéré Émile Ripert, lequel fut élu.

À partir de cette époque, la carrière politique de Cerati passa au second plan. Il fit campagne pour le candidat socialiste Jean Paoli* — contre Ausilia devenu Sabianiste — aux élections pour le conseil d’arrondissement en octobre 1937 dans le même canton ainsi que pour les élections municipales complémentaires de février 1939. À cette date, Cerati était toujours président des AIL de la Blancarde.

Antoine Cerati mourut en 1963 à l’âge de 91 ans et fut inhumé à Bonnieux, dans le Vaucluse. Il était officier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104515, notice CERATI Antoine, Mathieu par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 19 décembre 2017.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/47, III M/48 (lettre citée) et 54 ; IV M/14 ; V M2/282. — Le Petit Provençal, 5 janvier 1914, 9, 14, 15 et 22 décembre 1919, 18 janvier et 6 février 1921, 15 et 22 mai 1922, 20 janvier 1925 et 3 avril 1927, 12, 15 et 22 octobre 1928 (photo), 1er, 2, 8 et 11 septembre, 9 octobre 1933 (photo), 3, 21 et 24 février 1934, juin à septembre, puis 10 et 15 octobre 1934, 5 octobre 1937, février 1939. — L’Éclair de Montpellier, 21 novembre 1927. — Provence socialiste, 20 janvier 1939. — Le Radical, 24 janvier 1932. — Marseille-Matin, 25 janvier 1932. — Massalia, 18 et 25 août, 1er septembre 1934. — Le Provençal, 26 octobre 1963 (courte nécrologie). — Indicateur Marseillais, 1914, p. 113. — J. Vaucoret, Les Corses et les élections législatives... op. cit. — Le Mémorial des Corses, t. 6, p. 466 (photo) et 473. — Renseignements fournis par le militant lui-même en réponse au questionnaire.

ICONOGRAPHIE : Le Mémorial des Corses, t. 6, p. 466.

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