AUGÉ Antoine, François, Casimir

Par Émilie Willemin

Né le 27 juin 1901 à Lercoul (Ariège), mort le 25 juin 1975 à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; professeur puis proviseur ; militant syndical ; adjoint au maire d’Argentan (Orne) ; maire de Lercoul.

Fils d’un gendarme en poste à Privas (Ardèche), athée militant, bientôt muté à Prat et Bonrepaux (Ariège), Antoine Augé naquit chez son grand-père paternel dans une famille de cultivateurs et mineurs et reçut seulement le baptême catholique. Boursier, il fréquenta le lycée de Foix (Ariège) comme interne. Il réussit au baccalauréat ès sciences, latin-sciences-mathématiques en juillet 1918. Élève de mathématiques spéciales, il échoua à l’oral du concours d’entrée à l’École polytechnique. Il obtint une licence de mathématiques (certificats de calcul différentiel et intégral en mars 1922, d’astronomie approfondie en juillet 1923, de mécanique rationnelle en juillet 1924) à la faculté des sciences de Toulouse. Maître d’internat au lycée de garçons d’Albi (octobre 1921-mars 1922), de mars 1922 à novembre 1924, il enseigna au lycée Pierre de Fermat à Toulouse où il fut titularisé à la rentrée 1922.

Titulaire du brevet de préparation militaire supérieure (artillerie), Antoine Augé, appelé dans un régiment d’artillerie en novembre 1924, détaché à l’école militaire d’artillerie de Poitiers (Vienne), fut nommé lieutenant de réserve à la fin de son service militaire à Valence (Drôme) en mai 1925.

À la rentrée 1925, délégué professeur de mathématiques au lycée d’Argentan, il demanda sa mutation pour le sud-ouest. En 1926-1927, pour sa titularisation comme professeur, il fut conseillé par le recteur, l’inspecteur primaire et l’inspecteur général, soutenu par Jean Payra et Pierre Cazals, respectivement députés des Pyrénées-Orientales et de l’Ariège.

Lors de l’année scolaire 1929-1930, Antoine Augé fut chargé, en supplément de son service d’enseignement, des fonctions de surveillant général. Fort bien noté, il demanda une délégation de censeur ce qui parut prématuré à l’inspecteur. Le chef d’établissement souligna toutefois qu’il ne ménageait pas sa santé fragile. L’année suivante, il demanda de nouveau une délégation de censeur ou un poste de principal, le recteur et l’inspecteur d’académie émirent alors des avis très favorables à sa demande, malgré sa jeunesse. En 1931-1932, il cumula, au collège, son service d’enseignement des mathématiques, la surveillance générale et un service d’enseignement de gymnastique. En 1932, ses vœux furent soutenus par Cazals et A. Rauzy, députés de l’Ariège, le maire d’Argentan et en 1933 de nouveau par Cazals ainsi que par Paul Ramadier, député de l’Aveyron. Tous précisaient qu’il était un fonctionnaire méritant et un républicain sincère et dévoué. De 1933 à avril 1942, il fut professeur au lycée de Foix, délégué puis titulaire dès la rentrée 1937. En avril 1942, délégué censeur au lycée d’Agen (Lot-et-Garonne), Augé fut titularisé à la rentrée suivante à Montauban (Tarn-et-Garonne) alors occupé par les troupes allemandes (division Das Reich). Son épouse avait dû quitter son emploi en application d’une loi du gouvernement de Vichy réduisant les emplois de femmes mariées. De la rentrée 1948 à 1953, il fut censeur au lycée Pierre de Fermat de Toulouse puis censeur-directeur du petit lycée jusqu’à 1959. Dès 1950-1951, il demanda sa mutation pour un lycée de Paris ou de la banlieue car sa fille unique était candidate à l’Ecole normale supérieure de Sèvres, mais il annula sa demande en 1952-1953 car sa femme fut réintégrée dans l’administration à Toulouse et bénéficiait d’une reconstitution de carrière pour préjudice. Dès 1952, il sollicita son inscription sur la liste d’aptitude au provisorat. Délégué proviseur au lycée de Foix, il fut titularisé en 1961. Les rapports d’inspection le signalaient toujours comme un professeur consciencieux et dévoué, puis un censeur efficace et enfin un proviseur d’excellence. Les rapports soulignaient sa conscience, son dévouement et ses qualités d’administrateur. Il exerça jusqu’à la rentrée 1965.

Bien qu’athée, Antoine Augé se maria religieusement le 11 avril 1928 avec une employée des hypothèques, catholique pratiquante qui travaillait à Argentan. Son épouse était la fille d’un chaudronnier à la compagnie de chemins de fer du Midi au dépôt de Béziers (Hérault). Révoqué après la grève de mai 1920, il devint cafetier à Decazeville (Aveyron).

Entre 1929 et 1932, Augé, socialiste SFIO, était aussi professeur de gymnastique en dehors de l’établissement. Élu sur la liste de gauche aux élections municipales d’Argentan, adjoint au maire, il fut le président fondateur du patronage laïque d’Argentan et l’organisateur de colonies de vacances à la mer. Le chef d’établissement le considérait comme un collaborateur précieux et énergique mais lui reprochait toutefois la dispersion de ses activités, son surmenage et lui conseillait de ménager sa santé.

Officier de réserve d’artillerie, Antoine Augé, après, de nombreuses périodes, fut mobilisé du 7 septembre 1939 au 28 août 1940 au deuxième bureau de l’état-major où il rencontra Henri Frenay avec qui il resta en contact. À la mort de son frère, déporté au camp de Gusen (Autriche) en janvier 1945, il devint le tuteur de son neveu.

Non adhérent à un parti politique, militant de la Ligue des droits de l’Homme, Augé se consacra à des activités syndicales dans le Syndicat national des censeurs des lycées français. Il fut le délégué de la régionale de Toulouse de 1949 à 1959 et membre adjoint du bureau national de 1951 à 1954. Il s’intéressait particulièrement aux questions pédagogiques telles que le travail dirigé et le plein air. Au congrès national de 1955, il était favorable à l’adhésion au Syndicat national de l’enseignement secondaire.

Retiré à Lercoul dont il fut maire de 1959 à son décès, Antoine Augé s’efforça de favoriser la reprise du village qui avait perdu sa population et de lui conserver son caractère rustique par la restauration des maisons en ruine par des groupes d’étudiants étrangers. Avec l’appui des Eaux et forêts, il fit ouvrir des routes forestières. Il fut enterré religieusement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10452, notice AUGÉ Antoine, François, Casimir par Émilie Willemin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 28 avril 2022.

Par Émilie Willemin

SOURCES : Arch. Nat. : F17/28240. – Bulletin du Syndicat national des censeurs des lycées français, Bulletin du Syndicat national des proviseurs et directrices des lycées français.— Renseignements fournis par la fille de l’intéressé.

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