CHABERT Alexandre, Henri [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Guillaume Davranche

Né le 17 avril 1872 à Pierrelatte (Drôme) ; mécanicien ajusteur ; anarchiste et syndicaliste.

Fils d’un cordonnier et d’une ménagère, Henri Chabert fut appelé au service militaire en 1892 dans la Loire. En raison d’une « double gibbosité », il fut versé dans les services auxiliaires.

Le 12 novembre 1898, il épousa Marie Joséphine Rebaud à Lyon.
Après avoir vécu à Alger puis à Toulon, il travailla comme mécanicien ajusteur, de 1903 à 1907, à la maison Furcat & Émery de Marseille (Bouches-du-Rhône) ; il habitait alors 14, rue de l’Olivier.

En 1907, il s’embaucha aux Ateliers de la Buire, à Lyon, et s’installa au 44, grande rue de la Guillotière, avec sa compagne Candida Benites, née en 1871 en Espagne. C’est à cette époque qu’il se fit remarquer dans le mouvement anarchiste et, le 17 octobre 1907, fut inscrit sur une liste de militants surveillés.

En juillet 1907, il cosigna le manifeste « Bravo ! L’armée antimilitariste ! » qui glorifiait la mutinerie des soldats du 17e régiment d’infanterie à Béziers. Le 29 novembre, il comparut devant les assises du Rhône, où il déclara : « Les principaux coupables ne sont pas sur le banc des accusés, mais en haut lieu. Je suis antimilitariste parce que les événements m’y poussent ; antipatriote parce que des crimes contre le peuple se commettent tous les jours, au nom de l’idole Patrie. » Chabert fut acquitté, avec l’ensemble des inculpés (voir Albert Bécirard).

Dans les années suivantes, ont le retrouva régulièrement aux tribunes des meetings anarchistes dans le Rhône.

La justice lui infligea deux condamnations pour outrages et rébellion à gendarmes : deux mois de prison le 28 juillet 1910 à Besançon, et huit jours le 12 avril 1911 à Lyon.

À partir de 1909, il travailla au Service automobile du Rhône, et œuvra à l’unification des différents syndicats des métaux (décolleteurs-fraiseurs, mécaniciens, électriciens, forgerons) en un unique syndicats des métaux du Rhône, dont il fut le principal animateur. Félicité par Alphonse Merrheim, il fut élu délégué régional (appointé) à la fédération CGT des Métaux.

La police dressait de lui ce portrait : « Orateur violent, persuasif, toujours prêt à prendre la tête des mouvements, il exerce une influence incontestable dans les milieux ouvriers ». « Gréviculteur » itinérant, son action n’était pas circonscrite au Rhône, et en 1910 il anima des grèves à Bourg-lès-Valence (Drôme), Soyons (Ardèche), Fraisans (Jura). Il en profita pour organiser des réunions publiques antimilitaristes. Arrêté à Fraisans, il fut condamné à deux mois de prison pour outrage et rébellion, le 12 juillet, par le tribunal de Dôle, peine confirmée en appel à Besançon.

De retour à Lyon, il remplaça Royer comme secrétaire général de l’Union des syndicats du Rhône (USR). Et aida les grèves des coupeurs de chaussures, des toucheurs de bestiaux, des vitriers.

Lors de la grève des cheminots d’octobre 1910, il rédigea une affiche dénonçant violemment les compagnies de chemin de fer et le gouvernement, et appelant à la solidarité les travailleurs des PTT et des transports publics. Quand la grève des cheminots fut sur le déclin, il poussa l’USR à appeler à une grève générale de solidarité, mais celle-ci fut contrecarrée par le refus du syndicat de l’OTL de s’y associer. Dans une assemblée générale des métaux, Chabert prôna alors ouvertement le sabotage des voies ferrées, signaux, lignes télégraphiques et téléphoniques.

Le 30 octobre 1913, il épousa Marie Bernachot à Paris 18e.

En 1914, il fut appelé sous les drapeaux le 8 septembre, et fut versé dans les services auxiliaires, au 14e escadron territorial du Train, à Lyon. Cependant, le 20 décembre 1915, une commission de révision le jugea bon pour le service armé. Le 1er juin 1916, il rejoignit le 20e escadron du train.

Le 13 novembre 1916, la 5e commission de réforme de la Seine jugea qu’il devait être renvoyé dans le service auxiliaire en raison d’une scoliose.
Finalement, le 18 décembre 1916, il fut détaché à la Société anonyme pour l’équipement électrique des véhicules, à Issy-les-Moulineaux.

Il s’engagea alors dans le Comité de défense syndicaliste, opposant à la guerre et à l’union sacrée. Le 21 juin 1917, il fut muté dans une usine d’éclairage électrique à Paris.

Chabert prit une part active aux grèves qui éclatèrent en 1918 dans la métallurgie. C’est sans doute par mesure d’éloignement qu’il fut muté, le 22 juin 1918, aux fonderies Thivillier (en Seine-et-Oise ?). Le 15 décembre 1918 il fut affecté à la 22e section de COA à Châlons-sur-Marne (Marne), puis démobilisé le 18 janvier 1919.

Malgré ces mesures d’éloignement, Chabert fut délégué de divers syndicats minoritaires aux congrès confédéraux CGT de 1918, 1919 et 1920.

Il fut un des fondateurs des Comités syndicalistes révolutionnaires qui le présentèrent sans succès aux élections de la commission administrative de la CGT en janvier 1920. Un mois plus tard, les militants du 13e arrondissement le déléguèrent au comité de la fédération des Métaux. Au congrès régional tenu à Paris le 5 septembre 1920, Chabert se prononça pour l’adhésion à l’Internationale de Moscou. Mais, en juillet 1921, il rejeta la liaison organique entre l’Internationale communiste et l’Internationale syndicale rouge.

Le 16 janvier 1922, il épousa Hélène Héron à Colombes (Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104593, notice CHABERT Alexandre, Henri [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Claude Pennetier, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 4 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Guillaume Davranche

SOURCES : État civil de la Drôme. — Registres matricules de la Loire. — Arch. Nat. F7/13612. — Arch. PPo 296, 12 octobre 1920. — Comptes rendus des congrès de l’Union des syndicats de la Seine.

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