AUGER Jean, Louis

Par Jacques Girault

Né le 14 février 1914 à Langon (Loir-et-Cher), mort le 25 octobre 2004 à Blois (Loir-et-Cher) ; instituteur dans le Loir-et-Cher ; militant du SNI, membre du bureau national ; militant communiste.

Fils d’agriculteurs « républicains à tendances socialistes », comme il l’écrivait en 1954, Jean Auger entra à l’École normale d’instituteurs de Blois en 1930. Après son service militaire à Orléans (Loiret), instituteur à Pontlevoy, membre de la Fédération CGTU de l’enseignement depuis 1933 et des Amis de l’Union soviétique depuis 1935, il animait comme secrétaire le comité local du mouvement Amsterdam-Pleyel et adhéra au Parti communiste en 1936. Nommé à Savigny-sur-Braye en octobre 1936, membre de la cellule, il y créa un comité du mouvement Amsterdam-Pleyel. En 1937-1938, il devint membre du bureau régional des Jeunesses communistes pour pallier le manque de cadres.

Mobilisé en septembre 1939, Jean Auger fut envoyé en compagnie car fiché comme « PR ». Ayant réadhéré au Parti communiste en décembre 1941 par l’intermédiaire de Paul Berthereau, membre du Front national dans le Nord du département, il combattit dans les FTPF sous le pseudonyme de « Firmin » et participa à la reconstitution illégale du syndicat dont il devint membre du triangle de direction, avec Berthereau et Marcel Bisault.

Jean Auger s’était marié en août 1936 à Langon avec Yvonne, Madeleine Touzeau, née le 17 novembre 1912 à Lagny (Seine-et-Marne), décédée le 24 avril 2011 à La Chaussée-Saint-Victor (Loir-et-Cher). Fille d’un employé des postes, devenu scieur de long, et d’une domestique, institutrice, militante de l’Union des femmes françaises en 1954, elle fut la responsable fédérale de la diffusion de L’École et la Nation depuis le début. Le couple habitait à l’école de filles de Blois où Yvonne Auger enseignait, tandis que Jean Auger était instituteur puis directeur de l’école de garçons

À la Libération, il devint membre du comité de la fédération du Parti communiste français du Loir-et-Cher. À la suite d’un voyage en Espagne en 1954, son cas fut examiné par la direction du PCF. Cette affaire correspondait avec les suites de la décision prise par le bureau politique de demander aux instituteurs communistes de militer exclusivement au Syndicat national des instituteurs. Selon le rapport de Gaston Plissonnier sur la conférence fédérale des 18 au 19 septembre 1954, l’intervention d’Auger, secrétaire départemental de la FEN-CGT et membre du conseil syndical de la section départementale du SNI, avait, avec celle du secrétaire de celle-ci, montré « de profondes incompréhensions de la décision du bureau politique, l’on peut même dire que d’une façon générale ces camarades ne comprennent pas la politique d’union du Parti. Ils considèrent comme nécessaire de réunir les instituteurs communistes et sympathisants, en définitive ils ne sont pas d’accord avec la disparition de la double affiliation alors que ces mêmes camarades condamnaient la FEN-CGT avant la décision du bureau politique ». La situation particulière du militant nécessita des réflexions dans la fédération et dans la direction du Parti. Finalement la demande du directeur de la revue L’École et la Nation de lui retirer la responsabilité de la diffusion dans le département ne fut pas décidée.

Jean Auger fut réélu au comité fédéral en 1955. Lors de la conférence fédérale des 27-28 avril 1957, selon le rapport de Georges Marchais, il prononça « une très belle intervention sur les problèmes de la laïcité et surtout sur les résultats extrêmement importants obtenus dans ce domaine dans l’unité avec les travailleurs socialistes ». Par la suite, il participait aux réunions du bureau fédéral comme invité. Aussi à partir de 1962, y entrait-il et y demeura-t-il jusqu’en 1985, dans les premières années comme responsable aux organisations de masse. En juin 1961, il faisait partie de la commission nationale chargée de suivre le travail parmi les instituteurs tout en continuant à être le correspondant départemental de L’École et la Nation. En 1968, responsable aux organisations de masse, il devint le responsable à l’éducation et au travail parmi les enseignants à partir de 1972. Il fut candidat à de nombreuses élections : législatives en 1972 dans la deuxième circonscription (Romorantin), 8250 voix sur 56 840 inscrits en troisième position ; cantonales à Blois Est, puis premier canton, en 1970 (1 631 et 2 440 voix), 1973, 1976 (1 009 voix, quatrième) ; municipales à Blois en 1965 et 1971.

Jean Auger, après avoir été membre du bureau de la section départementale du SNI, en devint le secrétaire général en 1957. Il conserva cette responsabilité jusqu’en 1969 avec une demi-décharge depuis 1965. Il publiait de nombreux articles dans L’École et la Libération, « Bulletin de la section départemental du Loir-et-Cher du Syndicat National des Instituteurs et Institutrices publics de l’Union française reconstitué dans l’illégalité sous l’occupation allemande ». Délégué lors des réunions des instances nationales, il intervenait souvent. Dès le conseil national du 23 décembre 1956, il souhaita que le syndicat continue à défendre la laïcité. Lors du congrès national de juillet 1957, il fit partie de la commission des résolutions et, assesseur dans la séance consacrée à l’examen du rapport moral, il annonça que sa section ne le voterait pas. Toujours membre de la commission des résolutions, en juillet 1959, il se montra hostile à la proposition de PUMSUD qui n’aurait selon lui « aucune efficacité ». En juillet 1960 au congrès, il fut assesseur de la séance consacrée aux questions pédagogiques. En décembre 1960, devant les délégués à la réunion du conseil national, il annonça que sa tendance voterait négativement au prochain référendum sur l’autodétermination pour le peuple algérien.
Candidat en septième position au bureau national sur la liste « Pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du SNI » en décembre 1957, il ne fut pas élu. Cette situation se renouvela en 1959. Lors de la réunion du 20 avril 1960, le secrétariat du PCF donna son accord pour qu’Auger remplace Georges Fournial au bureau national du SNI. Lors d’une réunion du bureau politique de 10 novembre 1960, Fournial, rapportant sur la Fédération de l’Éducation nationale, signala qu’Auger devait « devenir membre du bureau national du SNI dans quelques semaines » ; aussi ne put-il, à la fin de l’année, participer à une réunion sur la laïcité à Gennevilliers en raison de la réunion du bureau national du SNI. Lors de la réunion de ce dernier, en janvier 1962, il fit partie des commissions sociale, corporative, des affaires d’Outre-mer qui devinrent « affaires extra-métropolitaines », des relations internationales.

Lors des réunions nationales du SNI, Jean Auger intervenait souvent au titre de la minorité « Unité et action ». Par exemple, pour le congrès de juillet 1962, il signa l’appel à ne pas voter le rapport moral car il fallait « clarifier » les problèmes « au lieu de les obscurcir et de participer plus ou moins directement aux mystifications gaullistes ». Il fut réélu en décembre 1961 sur la liste « Le prestige du SNI dépend d’une orientation correcte et ferme et de la vraie démocratie syndicale » puis à partir de 1963 sur les listes « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort ». Il ne figura plus sur la liste des candidats « Pour l’unité , l’action, l’efficacité du SNI » en 1967 puisqu’il devait partir à la retraite. Lors du congrès national, le 22 novembre 1968, il prononça sa dernière intervention dans la discussion du rapport moral pour annoncer que sa tendance ne le voterait pas tant que les majoritaires refuseraient de discuter « des changements nécessaires ».

Membre de la commission administrative nationale de la FEN (1960-1961), il en devint suppléant entre 1962 et 1965.

Militant de la Fédération des œuvres laïques, retraité depuis 1969, Jean Auger resta membre du conseil syndical de la section départementale du SNI pendant quelques années.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10462, notice AUGER Jean, Louis par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 21 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — L’Ecole libératrice. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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