CHACUN Joseph, Benjamin

Par Jacques Blanchard, Paulette Cavailler

Né le 8 août 1890 au Puy-Saint-Bonnet, canton de Chatillon-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), mort le 16 avril 1983 à Melun (Seine-et-Marne) ; instituteur puis commerçant ; militant socialiste ; maire de Thouars (1919-1931) ; député des Deux-Sèvres de 1924 à 1928.

Son père, Germain Chacun était artisan cordonnier au Puy-Saint-Bonnet, petit bourg du bocage vendéen, où il était alors un des rares républicains. Sa mère, née Joséphine Grenouilleau, était sans profession. Après des études primaires à l’école publique du Puy-Saint-Bonnet, Joseph Chacun entra à l’École primaire supérieure de Mortagne-sur-Sèvre (Vendée) puis à l’École normale d’instituteurs de La Roche-sur-Yon, dont il fut élève de 1907 à 1910.

C’est à l’École normale que se forma sa pensée politique : il lut la Guerre sociale de Gustave Hervé et des brochures anarchistes ; comme beaucoup de ses condisciples, il adhéra au socialisme et s’inscrivit au Parti socialiste unifié en 1911.

De 1910 à 1914, il fut instituteur, successivement à La Verrie, L’Hermenault, Les Essarts, Thorigny (Vendée). Réformé, il ne fut pas mobilisé pendant la guerre de 1914-1918. Le 7 décembre 1914, il se maria à Thouars (Deux-Sèvres), avec Julia Ragneau et quitta l’enseignement pour prendre la suite de son beau-père, commerçant en chaussures dans cette ville.

Élu conseiller municipal de Thouars le 7 décembre 1919 avec quatorze co-listiers sur une liste d’union radicale et socialiste, il fut élu maire de cette ville le 10 décembre 1919. Les six élus socialistes étaient avec lui : Allaire, Bordier, Boulleau, Dupont, Hillaireau, Ollagnier. Joseph Chacun était alors le plus jeune maire de la seconde ville du département et le seul maire socialiste des Deux-Sèvres, et c’est sous sa direction que furent entrepris des travaux concernant le service des eaux, l’électrification etc... En 1922 fut créée une école primaire supérieure de jeunes filles installée dans l’hôtel Tyndo.

Après la scission de la SFIO de Tours, fin 1920, la section socialiste de Thouars avait été réduite à quelques membres et la Fédération départementale désorganisée. Joseph Chacun reforma une section à Thouars et, avec le concours de Théo-Bretin, ancien député, fit à ses frais une tournée de propagande dans le département. Au début de 1921, il reconstitua des groupes et la Fédération elle-même, dont il devint secrétaire général, fonction qu’il occupa pendant plusieurs années.

Le 15 avril 1923, il lança un journal hebdomadaire La Raison populaire des Deux-Sèvres, organe d’émancipation sociale dont il fut à la fois le rédacteur, l’administrateur et le bailleur de fonds (ce journal cessa de paraître le 12 novembre 1927).

Candidat du Cartel des Gauches sur la liste menée par Demellier* aux élections législatives du 11 mai 1924, il fut élu député des Deux-Sèvres, par 47 611 voix sur 85 944 suffrages exprimés. Inscrit au groupe parlementaire socialiste, il fut nommé secrétaire de la Commission des comptes définitifs et membre de la Commission d’administration générale à la Chambre des députés. Pendant son mandat, Joseph Chacun s’occupa surtout des questions relatives à l’Instruction publique et à l’administration locale. Lors des élections législatives de 1928, il refusa la candidature qui lui était offerte par ses amis dans la circonscription de Melle, où il avait pourtant de fortes chances de succès, pour se présenter dans la circonscription de Bressuire, en grande majorité conservatrice. Sur 25 714 inscrits et 21 975 votants, il n’obtint que 5 895 voix contre 14 260 à Émile Taudière, indépendant de droite (élu).

Joseph Chacun fut réélu au conseil municipal de Thouars avec un nombre de voix toujours croissant : alors qu’il avait recueilli 710 voix le 7 décembre 1919, il en obtenait 1 150 le 3 mai 1925 et 1 178 le 5 mai 1929. Il resta maire de Thouars jusqu’au 30 décembre 1931, date à laquelle il se retira à Nice pour raisons de santé. Pendant son passage à la tête de la municipalité de Thouars, il attacha son nom à un certain nombre de réalisations sociales : création d’une coopérative ouvrière de consommation « La Laborieuse », d’un office municipal d’habitations à bon marché, institution du droit des pauvres (spectacles), statut du personnel communal et création d’une Caisse de retraites pour ce personnel, institution d’un bureau d’hygiène et d’œuvres sociales, etc...

Il avait été élu conseiller général du canton de Thouars le 10 novembre 1929 par 2 370 voix contre 1 865 à M. Lhermitte.

Il participa aux congrès départementaux du Parti socialiste et fut délégué aux congrès nationaux du parti SFIO (Marseille, Lille, Paris, etc...). Il appartenait à la tendance réformiste, dont les leaders étaient Renaudel et Paul-Boncour ; comme eux, il était partisan des cartels électoraux et de la participation ministérielle à des gouvernements de gauche.

« Laïque » militant, il fut président de la loge maçonnique de Thouars pendant plusieurs années.

En 1936, Joseph Chacun fut candidat au poste de directeur départemental de la Caisse des assurances sociales de Seine-et-Marne. L’Union départementale réunifiée de Seine-et-Marne soutint sa candidature et il fut élu. Ultérieurement, Chacun travailla à la Sécurité sociale à Paris.

Sa fille, Madame Ragot, institutrice, fut après la Libération, secrétaire de la Fédération des œuvres laïques de Seine-et-Marne et, à plusieurs reprises, candidate SFIO aux diverses élections des cantons sud de Melun.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104638, notice CHACUN Joseph, Benjamin par Jacques Blanchard, Paulette Cavailler, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 10 avril 2022.

Par Jacques Blanchard, Paulette Cavailler

ŒUVRE : J. Chacun a publié une brochure intitulée Religion et laïcisme, dans laquelle il entend démontrer que l’« émancipation du peuple ne peut être complète sans l’émancipation religieuse ».

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 3 M 11/3 A, 3 M 11/37, 3 M 11/38 B ; état civil. — Le Prolétaire de la Vendée, n° 11, 17 janvier 1920. — L. Clergeaud, Le Socialisme en Vendée, op. cit. — J. Garandeau, Les Élections législatives de 1936 et le Front populaire dans les Deux-Sèvres, DES, Poitiers, 1967. — Jean Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français, tome III, p. 936, Paris, 1963. — La Voix républicaine, 2 janvier 1932. — Renseignements fournis par l’intéressé.

ICONOGRAPHIE : Portrait de J. Chacun dans la salle des délibérations du conseil municipal à la mairie de Thouars.

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