Par Claude Pennetier
Né le 24 novembre 1904 à Châteauroux (Indre), mort le 22 mars 1986 à Paris (XVIe arr.) ; contrôleur des Contributions indirectes ; membre du comité central du Parti communiste (1937-1959) ; conseiller municipal de Paris (1935-1940 et 1945-1947) ; résistant ; député de la Seine (1946-1951).
Fils de Auguste Auguet, facteur des PTT, et d’Augustine Beurrier, sans profession, Gaston Auguet décrivit l’itinéraire professionnel de son père dans une autobiographie remise à la commission des cadres du Parti communiste en décembre 1932 : « Mon père, ancien ouvrier teinturier dans une fabrique de draps à Châteauroux dut quitter ce métier malsain pour raisons de santé vers l’âge de vingt-huit ans. À cette date, il entra dans l’administration des PTT comme facteur. Jusqu’en juin 1932, il assuma cette fonction. » (RGASPI, Moscou) ; dans un questionnaire rempli cinq ans plus tard, il le présente comme un radical. Sa mère était ouvrière en confection. Son frère Maurice fut artisan-horloger et militant communiste.
Gaston Auguet fit des études primaires supérieures jusqu’au brevet élémentaire. Il quitta l’école à quinze ans et demi et entra comme secrétaire à la Direction des services agricoles du Cher : « Disposant de loisirs, je m’attachai à compléter mon instruction générale, lisant beaucoup, aidé et conseillé par les professeurs d’agriculture attachés à cette direction ». En 1923, il entra par concours aux Contributions indirectes et obtint son premier poste à Poitiers (Vienne). Désigné comme élève à l’École nationale des industries agricoles de Douai (Nord), Auguet en sortit, en 1925, avec le diplôme d’ingénieur des industries agricoles à titre administratif, et reprit place dans son administration en qualité de vérificateur principal à Beauvais (Oise). Après son service militaire (novembre 1925-mai 1927, 2e classe), il fut affecté à Lisieux (Calvados), Betz (Oise) puis Saint-Denis (Seine) et enfin à Paris XVIIIe arr. Syndiqué depuis 1924, il assura dès 1929 des responsabilités au sein du Syndicat national des agents des Contributions indirectes et de la Fédération autonome des fonctionnaires. Gaston Auguet habita successivement dans le XVIIe arr., le XIIe arr., le XVIIIe arr.) de 1935 à 1940.
Il adhéra au Parti communiste en janvier 1931, fut membre du bureau de l’École centrale par correspondance dirigée par Victor Fay* en 1931 et 1932. Membre du comité de rayon du XVIIIe en 1932, il était secrétaire du rayon en 1935. À la même époque, il entra au comité régional puis au bureau régional comme responsable de l’éducation.
Le Parti communiste le désigna comme candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935, dans la 1re circonscription du XIIe arr. de Paris, quartier de Clignancourt. Il conquit le siège au second tour. Invalidé en octobre par le Conseil d’État pour n’avoir pas démissionné à temps des Contributions indirectes, il fut réélu le 1er décembre 1935, au premier tour de scrutin. Gaston Auguet fit naturellement partie de la première commission du conseil municipal (Finances et Monopoles) et de la 6e commission permanente du conseil général (Finances, Taxes, Impôts et Comptes). Mais, il siégea aussi à l’Hôtel de Ville aux commissions du Métropolitain (il signa, en 1938, avec Pierre Sémard*, une proposition de réorganisation des transports en commun), de l’Habitation, du Règlement, du Budget, du Personnel. Auguet accéda alors à d’importantes fonctions dans le Parti : il devint secrétaire général de la région Paris-Ville en novembre 1937 et entra comme suppléant au comité central le mois suivant (Arles, IXe congrès). Selon Albert Vassart*, la région Paris-Ville réunissait, en 1939, 30 000 adhérents en vingt sections (une par arr.) groupant 524 cellules locales et 852 cellules d’entreprises. Lié à la commission de cadres, c’est lui qui fit recruter Georges Beaufils*, chargé du suivi des biographies.
Gaston Auguet approuva le Pacte germano-soviétique : « Si Staline a fait cela, c’est que Staline a raison, si l’Union soviétique a suivi une telle politique, c’est qu’il n’y en avait pas d’autre » répondit-il à Jules Fourrier* au siège de Paris-Ville, en ajoutant « qu’il fallait tenir les camarades, les tenir par la bride, que le Parti tienne debout » (propos de Jules Fourrier recueillis par G. Bourgeois). Mobilisé en septembre 1939 au 99e régiment de cavalerie (5e batterie, 17e brigade) cantonné à Nice, il revint dans ses foyers un an plus tard. Le conseil de la préfecture l’avait déchu de son mandat au début de l’année 1940. Gaston Auguet était en contact avec le Parti par Henri Janin parti alors clandestinement en province. Il fit diverses missions en zone interdite et dans le Loiret. Le 12 juin 1941, le tribunal de Montargis le condamna par défaut, avec vingt-cinq autres militants communistes, à cinq ans de prison, 5 000 francs d’amende et vingt ans de privation des droits civils et politiques, pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 interdisant le Parti communiste. En 1943, il contribua à la relance des Amis de l’URSS sous la direction de Fernand Grenier* dit alors Julien. Officier à l’état-major FTP, membre du service de renseignement (Service B) dirigé par Georges Beyer dit Bernard* et même un temps « chef par intérim » du service, il eut un rôle important dans la Résistance militaire en zone sud, avec le grade de capitaine.
À la Libération, militant de la section du XVIIIe arr. de Paris, Gaston Auguet fut désigné à l’Assemblée municipale provisoire et réélu conseiller municipal du 4e secteur en 1945. Il siégea jusqu’en 1947, et fut, à partir de juin 1946, président du conseil général de la Seine. Député de novembre 1946 à janvier 1951 (échec), il fut élu vice-président de l’Assemblée en janvier 1951.
Il fut membre du bureau de l’Union générale des fonctionnaires CGT de 1965 à 1970
Gaston Auguet fit partie du comité central du PCF de la Libération à 1959, et suivit les travaux de la commission de contrôle politique. Considéré comme un proche de Jacques Duclos, homme d’appareil plus qu’homme de masse, peu orateur, il excellait au contraire dans les tâches techniques, financières ou administratives. Il eut un rôle très actif dans la commission d’enquête qui interrogea et accusa André Marty* et Charles Tillon*. Éloigné des fonctions dirigeantes dans les années 1960 pour raison de santé, il assurait le secrétariat de l’Amicale des vétérans communistes en 1980.
Longtemps célibataire, il se maria le 21 mars 1945 à Saint-Denis (Seine) avec Marie Fernande, agent des contributions indirectes, militante communiste.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Arch. RGASPI, Moscou, dossier personnel, 495 270 35 : autobiographies de 1932, 1937-1938, 1949. — Arch. comité national du PCF. — Roger Faligot, Rémi Kauffer, Service B, Fayard, 1985. — L’Humanité. — Notice DBMOF par Jean Maitron et Claude Pennetier. — État civil de Châteauroux.