CHANTELAT Louis

Par Claude Pennetier

Né le 8 juin 1879 à Sainte-Thorette (Cher), mort le 15 décembre 1944 à Bourges (Cher) ; employé, secrétaire de mairie à Mehun-sur-Yèvre ; dirigeant socialiste puis communiste du Cher ; exclu en novembre 1924.

Fils Edme Chantelat, manoeuvre, et de Catherine Marchand (1857-1948), qui quittèrent Sainte-Thorette pour Mehun-sur-Yèvre, Louis Chantelat était affligé, suite à une infection de jeunesse, d’une jambe raccourcie de neuf centimètres, ce qui le fit réformer du service militaire. Ce handicap explique son orientation vers des métiers d’employé et non vers les travaux physiques du monde rural et ouvrier.
Marié en première noce avec Rose Alu, décédée le 1er janvier 1920.Le couple avait une fille, Alberte, Madeleine, née le 15 décembre 1908 qui vécut à Vincennes (Seine, Val-de-Marne) puis à à Mehun-sur-Yèvre dans la maison familiale.

En 1899, Le Réveil social du Cher citait en exemple le jeune Louis Chantelat qui diffusait l’organe socialiste à la criée dans les rues de Mehun-sur-Yèvre (Cher). Il fut secrétaire de la mairie de Mehun dirigée par les socialistes, puis employé aux Établissements militaires de Bourges du 3 avril 1918 à juin 1921 puis à nouveau secrétaire de mairie à Mehun.
Louis Chantelat était membre de la section socialiste berruyère en 1919 et 1920. Au printemps 1920, il écrivit dans L’Émancipateur, des articles enthousiastes : « Est-ce la Révolution ? » titrait-il dans le numéro du 2 mai 1920, « c’est dans ce sentiment d’attente et d’espoir, c’est l’âme fiévreuse mais héroïque que la classe ouvrière debout crie : place à la Révolution ! » mais dès le 30 mai, il déclarait « nous sommes battus ». Louis Chantelat prit position contre l’adhésion à la IIIe Internationale, mais il n’était pas insensible aux arguments des membres du comité de la IIIe Internationale comme en témoigne le compte rendu qu’il fit d’une réunion publique avec Marcel Cachin, à Vierzon, le 5 novembre 1920 : « Devant la confiance de Cachin, je sentais en moi, profane, s’évanouir un peu de ce doute qui étreignait ma conscience socialiste »... « devant un petit groupe d’amis, songeur, j’exposais au citoyen Cachin quelles étaient les raisons de nos oppositions et l’appréhension qui me hantait de voir se briser l’unité socialiste si chèrement acquise »... « Le citoyen Cachin, toujours courtois et loyal, ne se montra pas un adversaire irréductible, et, me donnant même raison sur certains points, ne me cacha pas son désir d’une entente encore possible qui pourra se réaliser au congrès de Tours ». Ses espoirs furent déçus, Chantelat adhéra cependant à la Fédération communiste du Cher par discipline. Il s’en expliqua dans un article signé avec Maurice Canaudin et intitulé « de la Résistance à la IIIe » : « certes nous ne saurions dissimuler qu’un cas de conscience troublant se posait pour les Résistants et les Reconstructeurs ; les uns ont suivi les chefs dissidents, les autres ont rejoint le gros des troupes »... « les modestes signataires de cet article (qui) avaient depuis quelque temps déjà, pris l’engagement de s’incliner dans un pur et sincère esprit de discipline devant la majorité qui s’affirmerait au conseil national, se présentent à cette majorité, non pas en esclaves, les pieds nus et la corde au cou, non pas en communistes éprouvés, mais en socialistes, en révolutionnaires ». (L’Émancipateur, 9 janvier 1921). Par souci d’unité, les partisans de la IIIe Internationale laissèrent à Chantelat et Canaudin des places de direction. Au congrès départemental de janvier 1921, Chantelat fut élu à la commission administrative, il y resta jusqu’en 1924. Il assuma la fonction de trésorier fédéral et de rédacteur en chef de L’Émancipateur.

Aux élections législatives de 1924, Chantelat était en tête de la liste du Bloc ouvrier et paysan. Les autrers candidats étaient : Gaston Cornavin, Émile Lerat, Claude Roch et Georges Tastemain. Un jeune ouvrier des Établissements militaires, Cornavin, le distança de quarante voix et fut élu ; selon des témoignages convergents, des communistes berruyers avaient barré le nom de Chantelat pour favoriser Gaston Cornavin, il en garda une grande amertume, évoquant même dans sa famille des irrégularités car il crut pendant une bonne partie des dépouillements qu’il était élu.
Au congrès fédéral du 14 novembre 1924, Chantelat fut exclu pour avoir « jeté la suspicion sur deux camarades (Venise Gosnat et Maurice Boin) dont la conduite n’a jamais inspiré aucun doute ». En fait, le Parti communiste lui reprochait surtout son attitude dans les derniers jours de la campagne électorale de mai 1924, son souci de ne pas entrer en contradiction publique avec le socialiste Henri Laudier

Après son exclusion, Chantelat publia dans le quotidien La Dépêche du Berry, des critiques, « ragots » dira la presse communiste, sur ses anciens amis communistes. Il accusait en particulier l’instituteur Maurice Boin d’avoir provoqué lui-même sa révocation de l’enseignement pour devenir permanent.

Il était le second mari de Françoise Irma Després (1881-1948), connue comme ouvrière militante sous le nom d’Irma Chantelat. Veuve de Jules Bedon (1873-1918), elle s’était mariée avec Louis Chantelat le 28 janvier 1922 à Bourges.

Dans ces dernières années, domicilié à Bourges, il devenait aveugle. Il mourut quelques mois après la Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104861, notice CHANTELAT Louis par Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 28 décembre 2019.

Par Claude Pennetier

Les candidats communistes (Bloc ouvrier et paysan) aux élections législatives de 1924 dans le Cher.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13747. — Arch. Dép. Cher, 25 M 127. — L’Émancipateur, 1921-1924. — La Dépêche du Berry, mars 1925. — Claude Pennetier, Le Socialisme dans le Cher, 1851-1921, Éd. Delayance/Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1982. — Notes de Robert Bedon, petit-fils d’Irma Chantelat, : acte du 2e mariage ; acte de décès ; acte de naissance et information sur la mémoire familiale.

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