AURANGE Paul

Par Albert Ayache

Né à Tunis le 16 juin 1908, 31 janvier 1972 à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ; agent des postes ; syndicaliste CGT au Maroc.

Né dans une famille de postiers, Aurange arriva au Maroc en 1926. Agent des PTT, il fut élu, en 1935, secrétaire général de la section marocaine réunifiée du syndicat des agents des PTT (CGT), puis, en 1937, de la Fédération postale du Maroc. Par rivalité de tendance ou de personne, il fut le principal accusateur du secrétaire général de l’Union des syndicats CGT du Maroc, Hivernaud* à qui il reprochait de s’être laissé circonvenir par la Résidence générale, lors de l’exclusion des Marocains du droit syndical, en juin 1938. P. Aurange était depuis 1936 membre de la commission administrative de l’Union des syndicats CGT du Maroc ; au congrès de 1938, il présenta un rapport « pacifiste » qui fut approuvé par la majorité des délégués. Aurange se réclamait en effet de la tendance Belin*.
Il écrivit de nombreux articles dans l’organe des syndicats CGT du Maroc : Travail, en particulier celui du 1er août 1938 « Coup de force » où, pour la première fois, le Résident général Noguès était vivement pris à partie et rendu directement responsable du dahir (loi) du 24 juin 1938 interdisant la syndicalisation des Marocains. Au congrès de mars 1939, Charles Humbert* lui reprocha d’avoir fait paraître l’article qu’il avait signé du bureau de l’Union sans que le bureau en ait pris connaissance.
Aurange exposa aussi dans un long rapport qu’il soumit au congrès de la Fédération postale à Vichy en mai 1938 ses vues « sur la question indigène en Afrique du Nord ». Comme Chaignaud* il condamnait l’exploitation capitaliste et coloniale, adjurait qu’on accorde aux Marocains les réformes modérées qu’ils réclamaient et estimait « qu’après qu’ils auront été suffisamment formés au sein des organisations confédérales françaises, les travailleurs pourront constituer une CGT marocaine ».
Révoqué en décembre 1940, arrêté et interné à Bou Denib (sud marocain), il fut libéré en mai 1941. Il se rapprocha alors des communistes, prit contact avec les groupes « Libération » et fut élu secrétaire du Front national de libération du Maroc en novembre 1942. Cette qualité lui valut d’être désigné en novembre 1943 par le comité central de la France combattante pour représenter les Français du Maroc à l’Assemblée consultative provisoire qui siégeait à Alger auprès du général de Gaulle et du Comité français de la libération nationale.
Vice-président de la commission permanente de coordination des affaires musulmanes et rapporteur de la sous-commission de l’aéronautique à l’Assemblée consultative de Paris (1944-1945), Paul Aurange appartint également aux commissions défense nationale, justice et épuration.
Il ne fut pas élu à l’Assemblée constituante, quitta le Maroc et occupa un poste de trésorier payeur en France. En 1960, il était percepteur à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence).
Paul Aurange mourut le 31 janvier 1972 à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10493, notice AURANGE Paul par Albert Ayache, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 août 2020.

Par Albert Ayache

SOURCES : René Gallissot, Le Patronat européen au Maroc. Action sociale, action politique (1931-1942), Rabat, Éditions techniques nord-africaines, 1964. — Albert Ayache, Histoire du mouvement syndical au Maroc, tome I, 1919-1942.

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