AURIAC Jean-Jacques

Par Jacques Girault

Né le 9 mai 1906 à La Roche-sur-Yon (Vendée), suicidé le 19 juillet 1941 à Bordeaux (Gironde) ; professeur de médecine ; résistant en Gironde.

Jean-Jacques Auriac (1906-1941)
Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla

Fils d’Oscar Auriac, professeur de philosophie au lycée de La Roche-sur-Yon, futur inspecteur général et directeur de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Jacques Auriac, licencié ès sciences en 1928, docteur en médecine en 1937, était professeur agrégé à la faculté de médecine de Bordeaux et médecin résident au centre anticancéreux de l’hôpital Bergonié.

Quand la guerre éclata, myope, il fut versé dans les services auxiliaires. Il animait un groupe de résistants qui devint le groupe Auriac-Bergez et qui entra officiellement dans la Résistance en janvier 1941. Il appartenait à la "Confrérie Notre-Dame", un des premiers réseaux de renseignements du BCRA. Agent de liaison à partir d’avril 1941, il jouait le rôle de boîte aux lettres. Mais le groupe était infiltré par Geneviève Sauvaneix qui le dénonça.

Jean-Jacques Auriac faisait partie d’un jury d’examen quand il fut arrêté, le 18 juillet 1941 par une action conjuguée de la Sûreté nationale française et de la Gestapo. Interrogé par le commissaire Poinsot, accusé de "menées gaullistes", il fut autorisé, contrairement aux habitudes, à rentrer chez lui et l’interrogatoire devait reprendre la lendemain. Refusant de passer en zone libre, Auriac se suicida avec une capsule de cyanure de potassium et son décès fut déclaré le 19 juillet 1941 à Bordeaux. Selon le secrétaire d’Etat à l’Éducation nationale et à la Jeunesse, dans une lettre à son père, il expliquait "ne pouvoir se relever du point de vue de sa carrière du scandale public qu’a été son arrestation en pleine Faculté". Des journaux, comme L’Œuvre ou L’Atelier rendirent le préfet de la Gironde responsable de cette mort.

Après le décès de son père Oscar Auriac, le 24 novembre 1949 à Bordeaux et son inhumation à Saint-Girons (Ariège), une Société des amis d’Auriac se constitua à l’ENS et le Syndicat national des instituteurs soutint son initiative de lancer une souscription pour l’érection d’une statue à la mémoire d’Oscar et de Jean-Jacques Auriac. Des comités d’honneur sur le plan national et en Ariège se constituèrent. Réalisé par Patrice Bonnet et Carlo Sarrabezolles, fondu aux ateliers Hohwiller, le monument fut inauguré le 25 juin 1950 dans le parc du tribunal de Saint-Girons, puis fut déplacé en 1994. L’inscription sur la partie en bronze du monument reproduisait une partie du discours qu’il prononça lors de la cérémonie d’adieux devant les élèves de l’ENS où il évoqua "la claire image d’un fils doux et fier devenu mon modèle parce qu’il sut dominer la vie et qu’il entra sans peur dans les ténèbres de la mort". Dans un article de L’Ecole libératrice, le 1er juillet 1950, un hommage appuyé lui fut rendu. Les éditions du SNI, Sudel, republièrent son ouvrage, L’École exemplaire, peu après.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10496, notice AURIAC Jean-Jacques par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 9 octobre 2021.

Par Jacques Girault

Jean-Jacques Auriac (1906-1941)
Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla

SOURCES : Arch. Nat., F17/16084, F 60/1491 — Arch. Dép. Ariège, fonds Claude Delplat. — L’École libératrice. — Article de Patrick Roques (2013) transmis par la mairie de Saint-Girons (Eliane Valério). — Pierre Bécamps, 1940-1944. La Gironde en images, SPRL Sodim, 1977. — René Terreisse, Bordeaux 1940-1944, Perrin, 1993. — Renseignements fournis par Bernard Lachaise. — Note d’André Balent.

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