CHARBONNEAU Georges

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né et mort à Pithiviers (Loiret) : 13 décembre 1858-31 janvier 1938 ; plombier ; militant socialiste à Paris puis communiste dans le Loiret.

Georges Charbonneau
Georges Charbonneau

Georges, Léon Charbonneau débuta comme apprenti plombier à la maison Boizard, puis intégra une société ouvrière du Compagnonnage. Il fit son Tour de France des Compagnons durant sept ans, comme couvreur-plombier, a l’issue de quoi il réalisa sa pièce de réception appelée « chef-d’œuvre » afin d’être accepté Ouvrier Compagnon. C’est durant cette période qu’il devint Franc Maçon du Grand Orient de France et militant du socialisme. Il s’installa à Paris XVIIIe à un moment ou la capitale manquait d’ouvriers qualifiés après la défaite de la Commune de Paris et les massacres de la Semaine Sanglante .Sa solide formation lui permit de se mettre à travailler pour son propre compte, se spécialisant dans les travaux sur Monuments Historique . Le 29 septembre 1883, il épousa , après Céline Foucaud (1er janvier 1858 à Chatillon-le-Roi / 10 juin 1951 à Paris) à qui il s’était promis dés l’enfance. Georges finança les études de son épouse, qui obtint bientôt son diplôme de sage -Femme. Ils habitèrent l’immeuble qu’ils achetèrent bientôt, 22 rue des Roses XVIIIe, ou naquit leur fils Lucien le 18 septembre 1896, à qui ils donnèrent le baptême civil dit aussi « baptéme républicain ». Leur fille (Nancy, Céline, Amalia 12 décembre 1883) décéda en 1911, (12 décembre 1911) à Boran laissant une fille nommée Madeleine. Ils perdirent aussi un garçon en bas âge, Georges, Francisque (1887). Céline ouvrit une coquette petite clinique d’accouchement dans son quartier ouvrier, rue de La Chapelle, ou les femmes sans le sous, aussi bien que « les théâtreuses » recherchant la discrétion d’un arrondissement excentré, pas loin des Fortifs, purent être reçues dans la dignité, avec les meilleures conditions de sécurité du moment. Femme au caractère bien trempé, la socialiste Céline, qui avait l’autorisation de port d’arme, alla régulièrement, au milieu de la nuit, par tous temps, accoucher les plus démunies à l’extérieur des fortifications, dans « la Zone, » sans crainte des « Apaches ». Céline en devint rhumatisante.

Tous deux militants politiques et sociaux de la Capitale ils créèrent, avec leur voisin Jules Joffrin, la Caisse des Écoles du XVIIIe. Amis de Jean Jaurès*, ils participèrent à la création du journal l’Humanité. Leur hyperactivité professionnelle, ainsi que la grave maladie invalidante de la rhumatisante Céline qui ne pouvait plus exercer, les contraignirent à de se retirer, avant la Première Guerre mondiale, pour vivre en partie de leurs rentes- Georges s’employant parfois chez des collègues- dans leur moderne « Villa ni dieu ni maitre » de Boran (Oise).La guerre les en chassera en 1914 à l’occasion de la Bataille de la Marne pendant laquelle Georges organisa les secours a la population de Boran. Après la guerre ils se réinstallèrent à Pithiviers (Loiret) dans une villa de la rue Béchu, tout en continuant leurs activités politiques. Georges fut présent à Tours lors du fameux congrès de scission du Parti Socialiste, fin décembre 1920.Il choisira de participer à la fondation du Parti Communiste dont il devient un militant enthousiaste, implanteur « du communisme » dans sa ville et son département .Georges Charbonneau fut secrétaire du sous- rayon de Pithiviers comportant quatre cellules et cinquante-neuf adhérents en 1932. Les réunions se tenaient à leur domicile de la rue Béchu, à cause de l’impotence de Céline, qui ne pouvait plus marcher mais militait toujours, là qu’ils logèrent les « huiles » envoyées par « Le Parti » ...qui se régalèrent de sa fameuse frênette pétillante. Georges dirigea aussi la section du Secours Rouge International .À l’occasion de ses quatre-vingt ans la rédaction du journal l’Humanité, dont il fut considéré comme co-fondateur, se déplaça à Pithiviers pour lui offrir un banquet, en décembre 1936. Un soir il sentit venir la mort, se mit au lit pour l’attendre, demandant à ses proches de le laisser mourir tranquillement. Son enterrement, le 31 janvier 1938 fut l’occasion d’une importante manifestation, dont il aura régler lui-même les moindres détails : orchestres, musiques, drapeaux rouges, bannières politiques, syndicales et franc-maçonnes, discours et parcours dans cette ville bourgeoise avec tambours, trompettes en tête de cortège, cris révolutionnaires, chant de l’Internationale. Poings levés, mourir debout. Céline, trop invalide ne suivit pas le cercueil ...En 1939 la cellule locale du PCF prit le nom de Georges Charbonneau. Céline, quand a elle, revint réhabiter son immeuble de Paris, au troisième sans ascenseur, l’appartement à côté de celui de son fils, pour ne plus guère en sortir jusqu’à son décès le 10 juin 1951. C’est tout de même elle qui, lors des perquisitions de la police française ou de la Gestapo, se chargera de cacher sous ses jupes le pistolet familial. Le Pacte Germano-soviétique, le 23 aout 1939, ébranla cette authentique antifasciste et les crimes de Staline, soulignés par son fils anarchiste, « lui ouvrirent les yeux sur bien des choses ».

Georges le militant communiste est le père de Lucien Charbonneau, également ouvrier plombier militant anarchiste et anarcho syndicaliste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article104976, notice CHARBONNEAU Georges par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 15 octobre 2014.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Georges Charbonneau
Georges Charbonneau
A Pithiviers, pour les 80 ans de Georges Charbonneau.
A Pithiviers, pour les 80 ans de Georges Charbonneau.
Cliché Franck Thiriot

SOURCES : Arch. Nat. F7/13129. — Le Travailleur (Loiret), 1934-1939.

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