CHARRON Alphonse, Georges, Émile

Par Jean-Jacques Doré, Jacques Girault

Né le 13 mars 1877 à Evreux (Eure), mort le 4 février 1947 à Bobigny (Seine) ; docker du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) puis manœuvre, ouvrier fondeur à l’usine Renault de Pantin (Seine-Saint-Denis) ; membre influent du syndicat des dockers du Havre (1921-1923) ; conseiller municipal communiste de Bobigny (1929-1935).

Fils d’Amandine Charron journalière, Alphonse était domestique à Pacy-sur-Eure lorsqu’il signa un engagement de trois ans à la mairie d’Evreux dans l’infanterie le 7 février 1898. Libéré le 7 février 1902 alors qu’il était musicien de fanfare militaire, il épousa Marie Bouvet à Evreux le 20 septembre suivant. Mobilisé le 4 août 1914 dans l’infanterie puis affecté le 15 janvier 1915 aux papeteries de Navarre, dans la région parisienne, il séjourna un temps à Evreux après sa libération le 10 février 1919 avant de se fixer au Havre où il fut embauché comme docker le 20 février 1920.

Le 28 décembre 1920, il fut l’un des fondateurs du Comité syndicaliste révolutionnaire du Havre. Membre de la commission administrative qui épaulait un bureau composé d’Achille Berceron (secrétaire), Marcel Coursolles (secrétaire adjoint), Louis Prunier (trésorier) et Henri Masson (trésorier adjoint), le CSR comptait 60 adhérents puis 102 en octobre 1921. Au lendemain du Congrès confédéral de Lyon (septembre 1919), les minoritaires de la CGT, prônant l’adhésion à la IIIe Internationale, organisèrent les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) dont l’objectif était de conquérir les directions des unions, fédérations et syndicats. Il déploya "une propagande révolutionnaire intense" sur les quais et organisa le 14 mars 1921 une réunion au cours de laquelle les dockers votèrent leur adhésion au CSR. Ce fut un succès sans lendemain, car, à l’initiative du secrétaire majoritaire, François Louis, la décision fut annulée en assemblée générale. Charron obtint pourtant sa revanche un an plus tard ; élu au conseil d’administration du syndicat le 8 décembre 1921, il fit voter avec Auguste Hervieu et Jean Le Gall l’adhésion à la CGTU.

Inscrit au Parti communiste SFIC dès 1921, Alphonse Charron fut, avec le secrétaire Fernand Gilles, le principal animateur d’une série de mouvements sporadiques des dockers, par exemple le refus de décharger des caisses d’armes et de munitions sur les bateaux en février 1922.

Délégué au congrès fédéral des Ports et Docks le 8 juin 1922, il revint pour participer activement au mouvement des métallurgistes du 23 août au 2 septembre en tant que membre du comité de grève.

Élu trésorier adjoint des Dockers unitaires le 29 décembre 1922, il déclara à la tribune lors d’un meeting le 16 mars 1923 : " Je passe pour être l’œil de Moscou, ce dont je me glorifie, et je me moque des vexations policières". Le message fut bien reçu par la police qui le surveillait de près : alors qu’il effectuait une quête sur un navire en faveur des victimes de la grève de 1922, il fut arrêté et fit un bref séjour en prison. Inscrit au carnet B de la Seine-Inférieure le 7 février 1923, son influence sur les quais s’estompa grandement lorsque le syndicat des Dockers (fort de plus de 4 500 membres) décida de quitter la CGTU pour l’autonomie le 4 décembre 1923.

Faut-il mettre sur le compte de cet échec son départ du Havre. où il habitait 281 rue de Normandie, en 1924 lorsqu’il fut embauché comme ouvrier fondeur à l’usine Renault de Pantin. Domicilié à Bobigny (Seine), allée des Bleuets à partir de 1926, il fut élu conseiller municipal sur la liste communiste dirigée par Jean-Marie Clamamus, le 5 mai 1929 avec 2 071 voix sur 3 664 inscrits. Au recensement de 1931, il habitait rue des Courtillières et était indiqué "chômeur". Très assidu les premières années, il ne participa plus aux réunions du conseil à partir de 1933. Il ne fut pas représenté aux élections municipales de 1935 mais il faut noter qu’il était souvent absent aux séances du conseil. Il était recensé comme "manœuvre" en 1936.

Son décès le 4 février 1947 à Bobigny ne fut pas signalé par la journal communiste régional La Voix de l’Est.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105060, notice CHARRON Alphonse, Georges, Émile par Jean-Jacques Doré, Jacques Girault, version mise en ligne le 1er mai 2022, dernière modification le 29 octobre 2022.

Par Jean-Jacques Doré, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime, Sûreté générale, rapports mensuels des commissaires spéciaux 1924-1928, Rapports sur les dockers du Havre, 1 MP 260 Conseillers généraux et municipaux radiés en 1940, 4 MP 2410 Réunions et conférences au Havre, 4 MP 1810 Réunions syndicales au Havre et 10 MP 1410 Syndicats dissous avant 1936, 2 Z 183 CSR. — Arch. Dép. Eure État civil, Matricule militaire.

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