CHAUMONT Eugène, Félix

Par Jean-Michel Steiner

Né le 12 mai 1889 à Roanne (Loire), mort le 23 janvier 1970 à Roanne ; tisseur, manœuvre puis ajusteur ; militant de la CGT unitaire, membre du rayon PCF de Roanne ; interné administratif ; résistant

Fils de Claude Chaumont, 30 ans, employé aux chemins de fer, et d’Antoinette, Marie Larue, Eugène Chaumont devint orphelin de père à sept ans. Il se maria à Roanne, le 5 février 1910, avec Claudine, Louise Geneste, dévideuse, fille d’un scieur en long et d’une blanchisseuse. Les époux reconnurent et légitimèrent leurs fille, née à Roanne le 9 août 1909, sous le nom de Gabrielle Geneste. Chaumont vivait alors dans le milieu du tissage roannais. Trois des témoins du mariage, dont son frère et son beau-frère, étaient tisseurs, métier qu’Eugène Chaumont déclara lui aussi exercer devant le Conseil de révision.

Incorporé à compter du 1er octobre 1910 au 98è RI, il fut ensuite affecté au 86e du 10 février 1912 au 9 octobre 1912. Rappelé le 1er août 1914, aux armées le 5, il fut fait prisonnier le 21 août à Baccarat et incarcéré à Ingoldstadt jusqu’à la fin de la Grande Guerre. Rapatrié le 20 décembre 1918, il revint à Roanne où le mariage fut dissous, le 11 novembre 1919, par jugement du tribunal civil.

Eugène Chaumont se fit embaucher comme manœuvre à l’Arsenal et se remaria le 25 septembre 1922 avec Jeanne Dupuis, tisseuse âgée de 24 ans. Ils eurent deux enfants. Selon plusieurs rapports de police, Chaumont était notoirement connu à l’Arsenal comme « militant dévoué au parti communiste et propagandiste actif auprès de ses camarades de travail ». Il reçut un avertissement pour son absence au travail le 1er mai 1933 et à nouveau le 1er mai 1934. Sa participation active à la grève du 30 novembre 1938, lui valut 8 jours d’exclusion. Il faisait alors partie du syndicat unitaire du personnel civil de l’Arsenal et assurait les fonctions de secrétaire adjoint du syndicat CGT de l’entreprise. Au lendemain du Pacte germano-soviétique, il refusa de se démettre de ses fonctions.

En 1925, il avait été candidat aux élections municipales sur la liste du Bloc ouvrier et paysan et, à la veille de la mobilisation, était membre du rayon communiste de Roanne. Le 5 octobre 1939, une note de la police spéciale le définissait comme « peu influent, violent et très dévoué au Parti » ajoutant qu’il « ferait sous le manteau une propagande soutenue contre nos institutions ». Sous surveillance, il fut licencié finalement le 13 janvier 1940, et interné par décision du préfet de la Loire du 21 février 1940 au camp de Mons, près d’Arlanc (Puy-de-Dôme), puis, le 18 mars 1940, dans celui de Saint-Angeau (Cantal). Évacué devant l’avance allemande, il se retrouva dans l’été 1940 au camp de Chibron, commune de Signes (Var). Le 5 juillet 1940, il envoya au préfet de la Loire une lettre pour demander sa libération arguant que le décret qui avait permis son arrestation « ne s’appliquait que pour le temps de guerre, or les hostilités ayant cessé … ». Le préfet de la Loire refusa « toute mesure de clémence à son égard » (18 novembre 1940). À la dissolution du camp, il fut transféré le 14 février 1941 à Fort Barraux (Isère) où il resta jusqu’au début de 1942.

Après sa libération, il participa à la Résistance. Le dossier conservé au SHD précise qu’il appartenait au Front national, ce qui recouvre souvent un engagement au parti communiste clandestin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105294, notice CHAUMONT Eugène, Félix par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 7 juin 2022.

Par Jean-Michel Steiner

SOURCES : rch. Dép. Var, 4 M 291 et 292. — site Mémoire des hommes SHD Vincennes GR 16 P 124214 (nc). — Arch. Dép. Loire : 3NUMEC3/1 MI EC 63, Roanne, naissances, 1889 ; 3E188_83_2, Roanne, mariages 1910 ; 3E 188_96, Roanne, mariage 1922 — 1R1592, subdivision de Roanne, classe 1909, matricule n°423 — 4M590, radiations de l’affectation spéciale (Ca à Da). — Le Travailleur de l’État, organe de l’Union fédérative des travailleurs de l’État puis de la Fédération nationale des travailleurs de l’État, mai 1939 (BNF-Gallica). — Notes de Jacques Girault, Jean-Marie Guillon et Louis Botella.

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