AUTRAN Marius, Louis

Par Jacques Girault

Né le 2 décembre 1910 à La Seyne (Var), mort le 20 janvier 2007 à la clinique Malartic d’Ollioules (Var) ; instituteur ; communiste, adjoint au maire de La Seyne (1959-1977), conseiller régional (1974-1977).

Marius Autran était fils d’un agent technique de l’Arsenal maritime de Toulon, homme de gauche, lui-même fils d’un militant syndicaliste des Forges et chantiers de la Méditerranée voir Autran. Il vécut à Ferryville (Tunisie) avec ses parents en 1915 puis en 1919-1920 et le reste de sa jeunesse à La Seyne. Après avoir suivi les cours de l’École primaire supérieure Martini, il entra à l’école normale d’instituteurs de Draguignan en 1928 et obtint le brevet de maître d’éducation physique. Nommé à Saint-Cyr, il obtint le certificat d’aptitude professionnelle (octobre 1931), puis effectua son service militaire (octobre 1931-octobre 1932) ; élève-officier à l’école militaire de Saint-Maixent, il termina son temps dans un régiment d’infanterie alpine à Sospel (Alpes maritimes). Avec Louise Gautier, institutrice qu’il avait épousée en mars 1932 à La Seyne, il fut nommé directeur de l’école de Montmeyan (1932-1935). Ils eurent un enfant. Membre du Syndicat national depuis 1932, ils obtinrent les écoles de Carcès où il fut directeur (1935-1938). Instituteur détaché à la classe préparatoire à l’EPS de La Seyne en 1938, puis en 6e moderne du collège Martini en 1942, il fut par la suite pérennisé comme professeur de CEG, chargé des classes de 6e puis de l’enseignement des mathématiques et des sciences naturelles (1956). Il prit sa retraite en 1966, tandis que son épouse était chargée de l’enseignement des mathématiques au collège de filles.
Sympathisant et électeur communiste, Marius Autran fut secrétaire à Carcès en 1935 de la section du Secours rouge international et de l’amicale laïque. Gréviste le 30 novembre 1938, mobilisé, comme lieutenant au début de la guerre (fronts des Alpes, puis de l’Est), à l’issue de la retraite (Somme, Oise, Marne, Loire), fait prisonnier à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), le 19 juin 1940, il s’évada du camp de Pithiviers, le 10 juillet 1940.
Marius Autran commença à verser de l’argent pour le Parti communiste, puis donna son adhésion dans le courant de l’année 1941. Au début de 1942, il put se procurer une plaque à polycopier. Il fut arrêté le 17 mars 1942, dans sa classe, à la suite de la distribution de tracts communistes dans la région. Après avoir été détenu à la Prison maritime jusqu’au 5 mai, défendu par l’avocat Édouard Le Bellegou, il bénéficia, avec d’autres militants, d’un non-lieu avant que le tribunal maritime de Toulon, le 28 mai 1942, prononçât des peines de prison pour une douzaine d’autres communistes. En 1943, il participa, en liaison avec Toussaint Merle, à la reconstitution du Parti communiste clandestin à La Seyne, à la publication du journal L’Écho seynois et il fut le responsable local du Front national.
Après avoir participé à des opérations avec la première Compagnie de Provence dans la région de Montmeyan où sa famille était repliée, à la libération de La Seyne, Marius Autran, qui était toujours à Montmeyan, put revenir le 25 août 1945 pour faire partie du comité local de Libération au titre du Front national à partir de septembre. Il suivit une école fédérale du Parti communiste en 1946. Membre du secrétariat de la section communiste (1947-1957), il assuma jusqu’en 1956 diverses responsabilités (éducation et écoles élémentaires en 1945, propagande en 1946-1949, politique en 1947-1948 puis 1950-1956, organisation). De 1946 à 1964, membre du comité fédéral du Parti communiste, il fut responsable du travail parmi les instituteurs. À ce titre, il participa aux activités de la FEN-CGT dans le département sans toutefois collaborer à sa presse et il fut responsable de la diffusion dans le Var de L’École et la Nation (1954-1960). Il prit part à un stage interfédéral réservé aux instituteurs communistes. Comme responsable de la presse communiste, il participa à la rédaction de la rubrique quotidienne satirique du Petit Varois, « L’Estancaïre ».
Membre du conseil d’administration de la caisse des écoles depuis 1945, Marius Autran fut élu conseiller municipal le 18 mai 1950 sur la « liste d’Union républicaine et résistance et de défense des intérêts communaux... », avec 5 187 voix sur 13 032 inscrits et 9 682 votants. Il présidait la caisse des écoles depuis 1950. Le 18 décembre 1951, lors d’un conflit entre le syndicat des instituteurs et la municipalité à propos des indemnités de résidence, il parlait en tant que représentant de la municipalité, mais signalait aussi qu’il était syndiqué.
Marius Autran fut réélu, le 26 avril 1953 sur la « liste d’Union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans l’indépendance nationale et la paix », avec 6 815 voix sur 14 865 inscrits et 11 513 votants. À nouveau élu le 8 mars 1959, sur la liste communiste qui obtenait 7 677 voix sur 17 730 inscrits et 14 423 votants, il devint adjoint au maire, délégué à l’enseignement. Renouvelé le 14 mars 1965 et le 14 mars 1971 sur les listes communistes (9 387 voix sur 22 658 inscrits et 17 657 votants, puis 10 159 voix sur 27 062 inscrits et 18 514 votants), il conserva pendant ces deux mandats la même délégation. Il siégea aussi à partir de 1971 dans le syndicat de l’Aire toulonnaise.
Dans la crise interne qui affectait les rapports de la fédération communiste et la municipalité communiste de La Seyne, tout en affirmant sa solidarité avec le maire Toussaint Merle, Marius Autran affichait son désaccord avec la promotion de Maurice Paul. Aussi à la mort de Toussaint Merle, en 1969, le bureau fédéral, en présence de François Billoux, envisagea-t-il qu’il pouvait devenir premier adjoint « avec perspective de maire en 1971 », selon les termes du rapport de François Billoux, le 9 juin 1969. Mais ce dernier ajoutait qu’Autran lui avait déclaré qu’il « ne se sent pas en mesure d’accepter le poste de premier adjoint ».
En 1972, la rédaction du Bulletin municipal lui fut confiée. Dans le cadre de ses fonctions municipales, il représenta souvent la ville, notamment lors du jumelage avec la ville soviétique de Berdiansk. Désigné comme conseiller régional en 1974, il devint le secrétaire de la commission de l’Éducation nationale, des sports et des affaires culturelles.
En mars 1977, Marius Autran décida de ne plus se représenter au conseil municipal et remit son mandat de conseiller régional. Quelques mois plus tard, il était, par décision du conseil municipal, fait adjoint au maire honoraire. L’année précédente, lors de l’attribution des palmes académiques, l’inspecteur estimait qu’il avait contribué « au puissant essor des œuvres sociales et activités qui gravitent autour de l’école, notamment aux cantines scolaires et aux classes de neige ».
Marius Autran fut par la suite le président puis le président d’honneur de divers groupements (Société nautique de la Petite Mer, Société philharmonique « La Seynoise », Office municipal de l’action socio-éducative, sections locales de l’Association républicaine des anciens combattants et de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance).
Marius Autran cessa d’appartenir au Parti communiste vers 1985. Ses désaccords étaient liés à des questions nationales (il avait manifesté son accord avec les partisans de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie en 1968 ou son désaccord avec la participation au gouvernement des communistes en 1981) et à des questions locales (désaccords avec les choix fédéraux en ce qui concernait les dirigeants seynois). Il manifesta pendant une courte période son soutien avec la tentative de Patrick Martinenq qui localement se plaçait en dehors des partis.
A partir de 1980, Marius Autran se consacra avant tout à la publication et à la diffusion d’ouvrages mêlant les approches d’histoire locale à son expérience politique et à une connaissance intime du milieu seynois. Son histoire de l’école Martini fut le premier panorama historique de l’institution scolaire locale. Son témoignage était alors recherché. Il multiplia les relations avec divers milieux et participa à divers enregistrements mémoriels qui furent parfois diffusés dans les médias. Les huit tomes des Images de la vie seynoise d’antan, d’abord publiés dans le cadre du Groupe de recherche Action sur l’identité culturelle des habitants de La Seyne (GRAICHS), devinrent à partir du tome III une initiative personnelle, bien relayée par les nombreux Seynois qui encouragèrent cette initiative. Depuis 2001, un site Internet est ouvert : « http://jcautran.free.fr/».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10535, notice AUTRAN Marius, Louis par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 12 octobre 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Le catalogue de la BNF comprenait en 2018 14 références dont
Histoire de l’école Martini. L’enseignement à La Seyne-sur-Mer, 1789-1980, La Seyne, GRAICHS, 1982, 507 p. — Cent cinquante ans d’art musical. Histoire de la philharmonique « La Seynoise », GRAICHS, 1984, 407 p. — Images de la vie seynoise d’antan. Récits, portraits, souvenirs, t. 1, 1987, 418 p. ; t. 2, 1988, 488 p. ; t. 3, 1990, 585 p. ; t. 4, 1992, 331 p. (Petite histoire de la Grande Construction Navale) ; t. 5, 1995, 329 p. ; t. 6, 1997, 271 p. (L’isthme des Sablettes au fil du temps) ; t. 7, 1999, 305 p. ; t. 8, 2001, 251 p.

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 41, 18 M 97, 1447 W 23. — Arch. Troisième Région mar. : 2 A4 91. — Arch. Com. La Seyne. — Arch. Parti communiste français. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales.

ICONOGRAPHIE : Marius Autran en 1950. 1959, avec Toussaint Merle et Philippe Giovannini. 1973, lors de la visite du maire de Berdiansk.

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