CHAUVET Jean, Alexandre

Par Yves Le Maner et Claude Pennetier

Né le 13 janvier 1903 à Bourges (Cher) ; ouvrier aux Établissements militaires de Bourges ; militant communiste du Cher ; dirigeant du Secours rouge international.

Jean Chauvet était le fils d’un ouvrier maçon qui fut un des fondateurs de la Bourse du travail de Bourges et de la coopérative « L’économie sociale » bien qu’il fût pratiquement illettré. Sa mère, de dix ans plus jeune, travaillait comme usineuse à l’atelier pyrotechnique de Bourges. Ils avaient trois fils, Jean étant le second. Il fréquenta l’école primaire jusqu’à l’âge de douze ans, obtint son certificat d’études primaires et commença à travailler à treize ans comme garçon de course. Il devint en 1916 apprenti brasseur et après deux années et demi entra comme employé dans une maison d’alimentation puis dans le grand magasin « Paris-France » au rayon chauffage. Il adhéra en 1919 au syndicat des employés de Bourges et fut chassé de son emploi en 1921. Il entra alors à l’atelier central de pyrotechnie de Bourges et y resta jusque 1925 avec une interruption en 1923-24 lors de son service militaire qu’il fit à Lunéville. Blessé à la jambe gauche lors des manœuvres, 27 jours après son incorporation, il fut hospitalisé neuf mois et réformé avec pension le 22 avril 1924. Revenu à l’Arsenal de Bourges il fut obligé de démissionner en 1925. Ses deux autobiographies de 1932 n’en donnaient pas la raison mais on peut relever dans celle de novembre cette phrase « Pendant le temps passé à l’Arsenal de Bourges, je me suis efforcé d’obtenir ce qu’on me demandait. » Il avait, disait-il, acquis « quelques connaissances sur le matériel de guerre ». Il se maria le 22 juin 1925 avec Irène Begassat dont le père, syndiqué unitaire, travaillait aussi à l’Arsenal et dont la mère tenait une petite épicerie. Elle était elle même adhérente à la CGTU au syndicat des employés. Ils eurent une fillette l’année suivante. Après un court passage dans une coopérative, Jean Chauvet apprit aux frais de l’Etat comme mutilé de l’armée le métier de cordonnier pendant un an et demi puis s’établit comme artisan cordonnier jusqu’en août 1928 où il devint permanent du SRI.

Adhérent dès 1919 au syndicat des employés de Bourges puis de l’Arsenal, J. Chauvet était en 1921 secrétaire adjoint de ce syndicat pour Bourges. En 1920, il adhéra à la Jeunesse communiste dont il était en 1922 secrétaire du groupe de Bourges puis deviendra membre du bureau et secrétaire de la 12e Entente. A son retour du service militaire, il adhéra au PC et fut encore délégué en 1925 au congrès national de la JC dont il restait secrétaire à Bourges jusqu’en 1927. Au parti, il fut secrétaire de la cellule de la Pyrotechnie puis membre du comité et du Bureau de la Région Centre où il milita avec Gaston Cornavin, Alexandre Guillot, Louis Gatignon et Eugène Galopin. De 1923 à 1928, il fut un responsable du « travail anti » avec Minard et Valière, et participa à diverses actions : manifestation en 1923, poursuites lors de l’occupation de la Ruhr pour propagande antimilitariste, manifestation de réservistes en 1925. A l’intérieur du parti il appartint au groupe de gauche « opposé à l’équipe Frossard » mais il eut des divergences à propos de la « possibilité de la construction du socialisme dans un seul pays » et écrivit un article dans les « Cahiers » lors de la discussion. Il affirmait plus tard n’avoir pas compris la formule qui aurait été déformée par des « individus » rejetés du parti. Selon les Cahiers du Bolchevisme du 15 février 1927 (n° 66) Chauvet était « autrefois d’accord avec l’opposition » mais son attitude a changé même s’il « commet plusieurs erreurs » d’analyse. En 1928, il fut l’un des artisans avec G. Cornavin, Louis Buvat et Auguste Virmot de l’exclusion de Maurice Boin, ancien membre du Comité directeur du PC.

Chauvet consacra une grande partie de son activité au Secours Rouge International. Il fut successivement secrétaire de la section de Bourges en 1925, membre et secrétaire du Comité départemental du Cher, membre en 1927 du comité central délégué à la propagande, organisateur des régions, membre du comité exécutif central puis du secrétariat central en mai 1932. En août 1928, il était devenu permanent à Paris. Il revint dans le Cher où il fut six mois responsable de la Région Centre. Certains militants locaux le considéraient comme un arriviste. Il fut « muté » dans le Nord d’avril 1929 à août 1931. Secrétaire de la section locale de Lille, il assura le secrétaire régional du SRI pour le Nord (zone d’action correspondant à la 1re région du PC) : le comité départemental du Nord comprenait environ 3 500 adhérents, celui du Pas-de-Calais 2 000, dont beaucoup n’étaient pas membres du PC. Membre du comité de la région communiste (voir Ramette Arthur), il organisa de multiples réunions pour susciter la création de sections locales. Peu après avoir présidé le Ie congrès régional du SRI du Nord, tenu à Hellemmes le 22 mars 1931, Chauvet fut accusé d’« inaction » et d’avoir « négligé la propagande » : les effectifs avaient chuté de 50 % entre 1929 et 1931 et étaient tombés à environ 2 700 pour les deux départements. Bien que la cause réelle de cet effondrement ait été la crise interne que traversait le PC, Chauvet fut limogé dans le courant de l’année 1931 et remplacé par Benet, envoyé de Paris par le comité central du SRI. Lavé des accusations portées contre lui, Jean Chauvet devint en 1932 secrétaire de la section française du SRI. Il ne semble pas avoir de lien de famille avec Lucine Chauvet vait été un des premiers dirigeants du SRI. Il s’attaqua alors à la direction régionale du Nord et en particulier à Raymond Benet qui l’avait violemment critiqué. Benet dut quitter ses fonctions et, après un intérim assuré par Marouzé, Chauvet désigna le Rennais Guilhard comme secrétaire régional du Nord en 1933.

Nous retrouvons Chauvet en 1932 à Marseille où il fut responsable de septembre 1931 à mai 1932 (Bouches-du-Rhône) où il aurait exercé la profession de représentant de commerce. La région communiste le présenta aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932, dans la circonscription d’Arles, contre le dirigeant socialiste Sixte-Quentin. Chauvet recueillit au premier tour 7,7 % des voix (2 357 voix) des 30 537 électeurs inscrits (23 % à Sixte-Quentin) et au second : 3,9 % (1 195 voix) (30 % à Sixte). Pendant cette période il se rendit en août 1932 en Belgique pour un CC du Secours Rouge puis en URSS pour un Congrès du MOPR. Il fut arrêté en juillet 1931 pour « provocation au meurtre, pillage... » à Roubaix. Remis en liberté provisoire après trois semaines de prison (avec entre autres, Arthur Ramette) il bénéficia d’un non-lieu en décembre. Secrétaire national du SRI, il conserva cette fonction après la transformation du Secours rouge en Secours populaire (1936). Propagandiste infatigable, Chauvet parcourut tous les départements français pour organiser la solidarité matérielle avec la République espagnole. En février 1938, il constitua un convoi de douze camions et l’achemina à Barcelone malgré les bombardements des avions franquistes.

Il s’était marié de nouveau le 5 juillet 1943 à Ruffec (Charente).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105365, notice CHAUVET Jean, Alexandre par Yves Le Maner et Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 20 février 2016.

Par Yves Le Maner et Claude Pennetier

Jean Chauvet
Jean Chauvet

ŒUVRE : Jean Chauvet dirigea de 1928 à 1939 La Défense, journal du Secours rouge international puis du Secours populaire.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13096, F7/13117. — Arch. Dép. Cher, 25 M 50, 25 M 127-128. — Arch. Dép. Seine, D 3 M 2 n° 1. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/59 et V M 2/282. — Arch. Dép. Nord, M 154/191, M 154/195 B, M 154/201 B et M 154/201 C. — L’Émancipateur, passim. — La Voix du Midi, 11 février 1938. — L’Humanité, 6 mai 1935. — Bulletin d’information (SRI), juin 1932. — Maurice Boin, Pourquoi et comment j’ai été exclu du Parti communiste, 1929. — Andreu Castells, Las Brigadas Internationales de la guerra de Espana, Barcelone, 1974, p. 57. — État civil de Bourges. - Archives du Komintern, Moscou, RGASPI, 495 270 464, autobiographies du 13 avril 1932 et du 27 novembre 1932. — Axelle Brodiez, Le Secours populaire français, 1945-2000, thèse, Paris VIII, 2004.

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