CHAZOT Émile

Par Jean-Luc Pinol

Né le 7 février 1883 à Montpellier (Hérault) ; ouvrier cimentier ; secrétaire du syndicat général du Bâtiment pendant la Première Guerre mondiale.

Vraisemblablement réformé, É. Chazot arriva à Paris en juillet 1915. Jusqu’en avril 1918, il habita 5, rue Bernard-Palissy puis s’installa 255, rue du Faubourg Saint-Martin. Son loyer annuel s’élevait à 500 F.

En février 1918, il fut élu secrétaire permanent du syndicat général du Bâtiment (section des cimentiers et maçons d’art) en remplacement de Elion. Il perçut une indemnité mensuelle de 500 F. Lors de son élection, il déclara : « Si j’ai brigué cette fonction, c’est que je savais que les militants du syndicat du Bâtiment étaient pour la plus grande partie des révolutionnaires et appartenaient à la fraction minoritaire. Oui, nous sommes minoritaires et nous ne voulons pas de collaboration avec les patrons et les gouvernements car ce sont eux nos véritables ennemis ; ce que nous voulons, c’est l’entente des travailleurs de tous les pays et la fin de cette horrible boucherie qui ensanglante l’Europe. »

En sa qualité de secrétaire général du syndicat, il fit appliquer la décision, prise par le conseil de la 18e région fédérale (région parisienne), qui prévoyait une baisse de la production de 50 % dans le but d’amener les patrons à satisfaire les revendications ouvrières. Lors d’un meeting à la Bourse du Travail, le 21 avril 1918, il rendit compte de son activité : « sur divers chantiers, les camarades ont refusé d’observer la décision relative à la diminution de la production à partir du 1er avril. En agissant ainsi, ils se font du tort à eux-mêmes et en font aussi aux ouvriers des autres corporations du Bâtiment. Il faut que dès maintenant la production soit diminuée de 75 % sur tous les chantiers. Plusieurs entreprises ont déjà fermé leurs portes. Si d’autres patrons continuent la résistance, ils nous acculeront à la grève générale, mais il ne faudra pas renouveler les fautes de l’an dernier. Il est nécessaire que patrons et gouvernants sachent que si la grève est déclarée, nous ne reprendrons le travail que lorsque tous les ouvriers auront obtenu satisfaction ».

En juillet 1918, Chazot participa au VIe congrès de la Fédération du Bâtiment. Il déposa une motion de soutien au peuple russe et cette motion fut adoptée. Chazot devint membre de la commission exécutive fédérale en décembre 1918. (voir Bazin).

En 1919 et 1920, Chazot participa à tous les grands conflits du moment. Le syndicat du Bâtiment était divisé entre minoritaires et majoritaires. Chazot avait une position moyenne : les majoritaires lui faisaient confiance (voir Maucolin) mais lui-même souhaitait voir la classe ouvrière française adhérer à la IIIe Internationale. Il précisa sa pensée lors d’une réunion privée, tenue le 12 septembre 1920 : « lorsque cette adhésion sera réalisée, il faudra dans toutes les organisations ouvrières, de même que parmi les socialistes extrémistes, une discipline de fer et un accord parfait afin de pouvoir suivre l’exemple des Russes ».

Mais, par-dessus tout, il était opposé à une scission au sein de la CGT. Il eut à ce propos de vives altercations avec Onoric, membre influent du syndicat du Bâtiment et militant des CSR. Il s’opposa à la désignation de ce dernier comme représentant du syndicat au congrès confédéral d’Orléans (27 septembre-2 octobre 1920). Pinardel fut désigné à la place d’Onoric.

Après 1920, on perd la trace de Chazot. Est-il resté à la CGT ?

Il était marié sans enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105462, notice CHAZOT Émile par Jean-Luc Pinol, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 12 octobre 2013.

Par Jean-Luc Pinol

SOURCES : Arch. Nat. F7/13649, rapport du 4 mai 1918, F7/13650. — Compte rendu du congrès cité. — Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris 1914-1919, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995.

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