CHEF-DORMOY Louis

Par Marcel Henriot

Né le 17 mai 1888 à Bologne (Haute-Marne) ; ciselier à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne) ; membre influent du syndicat des Métaux de Nogent.

Socialiste, Chef-Dormoy écrivait dans l’organe du Parti, L’Égalité Socialiste. Il y fit, en particulier, le 5 octobre 1919, le compte rendu de la grande réunion de la classe ouvrière nogentaise qui avait eu lieu le 29 septembre avec le concours du secrétaire de l’Union des syndicats de la Haute-Marne, Mathieu, et qui fut présidée par Louis Monnot, assisté d’Henri Maupin et d’Antoine Rucklin. Il y remerciait les différents orateurs (Louis Monnot, Mathieu, l’instituteur Mutin et un syndicaliste alsacien Hurstel) qui avaient prôné les avantages du syndicalisme et fait ainsi adhérer 75 ouvriers au syndicat des métaux tout nouvellement formé à Nogent, mais qui comptait néanmoins déjà 175 adhérents.

Au moment des grèves de 1920, il organisa, comme secrétaire du syndicat des métaux de Nogent, le 15 mai 1920, une réunion extraordinaire de ce syndicat pour y déterminer la conduite à suivre et fit décider que l’appui apporté aux grévistes ne serait que pécuniaire et moral, « l’arrêt de la production de la coutellerie ne paraissant pas un acte susceptible de forcer la main au gouvernement ». Une souscription fut aussitôt ouverte qui dura tout le temps des grèves. « Nous travaillerons, dit Chef, mais nous paierons ».

Accusé, en 1921, d’avoir provoqué une baisse des prix, il convoqua une nouvelle assemblée générale à Nogent, le 22 février 1921, durant laquelle il réduisit à néant les accusations portées contre lui. Ayant posé la question de confiance, elle lui fut accordée à l’unanimité moins une voix.

Il proposa alors le renforcement de la Caisse de solidarité locale et du « Sou du soldat » ainsi que l’organisation d’une salle de récréation où les camarades syndiqués pourraient aller jouer aux cartes ou s’adonner à la lecture.

Délégué par son syndicat au congrès de l’Union départementale des syndicats de la Haute-Marne tenu à Saint-Dizier le 20 mars 1921, il fut désigné comme assesseur.

Il opta pour le Parti communiste et certains ouvriers lui reprochèrent ses nouvelles tendances. Il répondit, le 29 janvier 1922, en déclarant qu’il n’était qu’un communiste syndiqué, et s’appuyant sur la Charte d’Amiens, il affirma que chacun a le droit d’avoir dans un syndicat l’opinion qu’il professe au dehors. Si les communistes, dit-il, ont la majorité à la CGT nouvelle, alors seulement nous aurons une section économique communiste. Mais jusqu’ici il maintient « que le syndicalisme est un parti opposé au communisme ».

Deux ans plus tard, lors des élections législatives du 11 mai 1924, Chef fut candidat du « Bloc ouvrier paysan » (Parti communiste) aux côtés de Gustave Duchêne et Louis Mougeot. Il arriva en tête de liste avec 4 381 voix, les candidats élus (deux du Bloc national et un radical-socialiste) ayant obtenu respectivement 23 431, 22 752, 20 158 voix. Un rapport du Bureau d’organisation du PC, daté du 2 avril 1925, le qualifiait d’« ancien secrétaire de la Fédération de Haute-Marne » (I.M.Th., bobine 100).

Le 22 avril 1928, conseiller municipal de Nogent, il fut à nouveau le candidat désigné par le Parti communiste, section troyenne pour la circonscription de Chaumont. Il était alors secrétaire du rayon communiste qui comptait une quarantaine de membres. Au 1er tour, il obtint 833 voix pour 8 014 au radical-socialiste, 6 706 au républicain URD et 653 au socialiste SFIO. Au scrutin de ballottage il n’obtint que 349 voix pour 9 155 au candidat radical-socialiste élu et 6 607 à l’URD.

Il se représenta encore comme candidat communiste aux élections législatives suivantes. En mai 1932, il recueillit 552 voix sur 16 026 votants ; le 27 avril 1936, au 1er tour, 714 suffrages sur 15 921 votants, le candidat socialiste Lamarque ayant, en 1932, 892 voix et 2 281 en 1936. De même que le candidat socialiste, Chef se désista au second tour pour le candidat radical-socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105473, notice CHEF-DORMOY Louis par Marcel Henriot, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 4 novembre 2010.

Par Marcel Henriot

SOURCES : Arch. Nat. F7/13114, année 1928 et F7/13129, rapport du 16 juillet 1932. — Arch. Dép. Haute-Marne, 14 M 6 et 27 M 52. — L’Égalité Socialiste, 5 octobre 1919, 23 mai-12 décembre 1920, 13 et 27 mars 1921, 29 janvier 1922. — Le Petit Haut-Marnais, mai 1932, avril 1936. — Note de Jacques Girault.

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