CHEQ Gaston, Nicolas

Par Justinien Raymond, René Lemarquis

Né le 14 janvier 1866 à Bar-sur-Aube (Aube), mort le 23 septembre 1937. Dirigeant du syndicat régional des vignerons de la Champagne non délimitée.

Gaston Cheq
Gaston Cheq

Fils d’un potier, Gaston Cheq exerça le même métier, mais dut l’abandonner ayant été atteint de saturnisme (coliques de plomb). Il s’occupa alors d’assurances tout en travaillant ses vignes.

Cheq représenta cinq groupes du POF de l’Aube au congrès socialiste de Paris, salle Japy (1899) : le groupe républicain socialiste de Bar-sur-Aube, le Droit savinien, le groupe socialiste de Sainte-Savine, le groupe d’études sociales de Vendeuvre-sur-Barse et l’Action collectiviste des Trévois de Troyes.

Candidat aux élections municipales de Bar-sur-Aube en 1898 puis en 1908, il recueillit alors 476 voix mais il en fallait 487 pour être élu. Il fut un des principaux « meneurs » de la révolte des vignerons de l’Aube, février-septembre 1911. En 1912, il accéda à la mairie sur la liste de « concentration républicaine et de défense viticole » qui comprenait douze conseillers sortants dont le maire et qui s’était constituée en opposition à une liste ouvrière de protestation contre la vie chère et d’inspiration socialiste.

Le Temps du 21 mars 1911 le décrit ainsi : « Les vignerons ont à leur tête un petit homme (1,60 m) sec, énergique, décidé, qui mène la bataille avec un activité de diable. On le voit partout à la fois. Il a l’œil à tout, tout s’efface devant lui. Il est le chef. »

Passionné de musique, Cheq jouait de plusieurs instruments et composait paroles et musique.

En 1920, Cheq suivit la Fédération socialiste de l’Aube qui adhéra à la IIIe Internationale.

De 1921 à 1927 Gaston Cheq engagea et dirigea une grande bataille pour obtenir la reconnaissance de l’appellation « Champagne » aux vignerons de l’Aube. En février 1921 il engageait un procès contre le syndicat général des vignerons de la Champagne délimitée (c’est-à-dire les Marnais) et le gagnait en mars et juillet. Il fut le héros de la grande fête du 27 mars et la Dépêche de l’Aube le qualifia « d’apôtre de la cause des vignerons aubois ». En mai 1926, l’agitation reprit lorsque l’Aube fut exclue, au congrès national de Narbonne, de la commission générale des grands crus. Cette crise se termina en février 1927 par la sentence Barthe de la commission des boissons sur le plant Gamais. Date mémorable proclama Cheq cependant que le Parti communiste, plus réticent, lui reprochait d’avoir accepté la procédure d’arbitrage. Le même mois, il se présentait aux Chambres d’agriculture de l’Aube.

Cheq fut un fidèle de la section de Bar-sur-Aube de la Libre Pensée qu’il représenta aux différents congrès départementaux, il fut d’ailleurs élu trésorier départemental de l’organisation en octobre 1928. Bien qu’adhérent dès 1920 au Parti communiste, il fut réélu conseiller municipal de Bar-sur-Aube en 1925 sur la liste du Cartel des gauches. Il devint 1er adjoint et garda cette fonction après les élections de 1929.

Lors de ses obsèques une délégation du Parti communiste était en tête du cortège mais aucun discours ne fut prononcé : un simple drapeau rouge avec l’inscription « Libre Pensée » recouvrait son cercueil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105524, notice CHEQ Gaston, Nicolas par Justinien Raymond, René Lemarquis, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 20 octobre 2012.

Par Justinien Raymond, René Lemarquis

Gaston Cheq
Gaston Cheq

SOURCES : La Dépêche de l’Aube, 1921-1927 et septembre 1937. — Le Petit Troyen, mai 1925, mai 1929, septembre 1937.— Le Mouvement social, n° 67, avril-juin 1969, étude de Jacques Girault : « Le rôle du socialisme dans la révolte des vignerons de l’Aube ». — Claudine Wolikow, Serge Wolikow, Champagne ! Histoire inattendue, Les Éditions de l’Atelier, 2012.

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