AVRIL Gilbert, Gabriel

Par Axelle Brodiez

Né le 24 décembre 1922 à Vieux-Condé (Nord), mort le 22 janvier 2014 à Villeneuve-d’Ascq (Nord) ; instituteur, professeur de collège, principal adjoint ; secrétaire général de la fédération du Nord du Secours populaire français ; militant communiste du Nord ; conseiller municipal d’Hellemmes (Nord).

Enfant des corons, Gilbert Avril était le fils d’un employé de la Compagnie des mines d’Anzin, de fond puis au jour, militant syndicaliste CGTU. À sa naissance et celle de sa sœur jumelle, sa mère quitta l’atelier de clouterie pour se consacrer au foyer. Son père, peu instruit, se refusait à faire de son fils un mineur, et s’attacha à la réussite scolaire de ses deux enfants.

Après une scolarité à Vieux-Condé, commencée dès 1927 à l’école des Sœurs, Gilbert Avril fut admissible en 1939, puis admis en 1940, à l’École normale d’instituteurs de Douai. Il obtint son baccalauréat en 1943.

De ses années d’enfance, il se souvenait avoir été fortement marqué par la sociabilité politique familiale : les grandes discussions au domicile des parents, l’émotion suite à l’exécution de Sacco et Vanzetti, la montée du fascisme, la festivité des grèves de 36, l’accueil d’enfants des Asturies à Vieux-Condé, pendant la guerre d’Espagne... La participation, adolescent, aux réunions, aux meetings, aux manifestations... « C’était surprenant pour un gamin de voir comment les gens se bagarraient, s’activaient, gueulaient des mots d’ordre... Moi, ça me sortait de l’ordinaire ! ».

Convoqué pour le STO en juillet 1943, il refusa de partir. à l’instigation de ses parents. Il entra alors dans la clandestinité et effectua, dans le Valenciennois, des activités de liaison pour le Front national de la Résistance.

À la Libération, il fit ses stages de formation à Douai, puis devint instituteur en 1946. Entravé à plusieurs reprises dans son évolution de carrière par ses options militantes, il décida alors, après quinze ans d’enseignement, de reprendre des études de sciences pour devenir professeur de collège (1962-1972). Il finit sa carrière, de 1972 à 1978, comme principal adjoint de collège.

Parallèlement, il s’engagea à la Libération à l’UJRF, où il resta deux ans, puis aux Éclaireurs de France, où il fut chef de troupe (1946-1952), puis chef de clan (1962-1966). Intéressé par les activités sportives, il fut également chargé de l’USEP (Union scolaire d’éducation physique), puis du comité régional de volley-ball de l’UFOLEP (Union française des œuvres laïques d’éducation physique).

Gilbert Avril entra en mai 1945 à l’Association nationale des victimes du nazisme ; celle-ci fusionna en novembre 1945 avec le Secours populaire de France pour créer le Secours populaire français (SPF). Il fut alors chargé du comité d’Hellemmes, puis intégra en 1947 le comité départemental, et fut dès 1948 promu secrétaire général de la fédération du Nord, l’équipe en place ayant été limogée.

Arrivé à ce poste, qu’il ne quittera qu’en 1982, Gilbert Avril s’attacha à faire vivre dans le Nord toutes les grandes campagnes du SPF, dans le triptyque statutaire de « la solidarité morale, matérielle et juridique » : pour l’acquittement des résistants condamnés, les victimes de la répression à Madagascar ; aide aux mineurs en grève, aux victimes de la répression coloniale, aux jeunes soldats refusant de combattre en Algérie… De 1948 à 1951, puis de 1954 à 1966, il dirigea parallèlement des colonies de vacances d’été de l’association. Il s’attacha rapidement à élargir le cercle d’influence de la fédération : rapprochement avec les milieux socialistes, catholiques et protestants, constitution de comités d’honneur départementaux éclectiques, La fédération du Nord se montra surtout, sous son impulsion, pionnière dans la solidarité envers les accidentés du travail et les handicapés, le développement des vacances familiales, l’organisation de journées ponctuelles à la mer pour les enfants sans vacances ; puis, dès la fin des années 1960, dans l’aide au développement durable, particulièrement au Sahel où Gilbert Avril impulsa une solidarité active, notamment fondée sur la mobilisation des jeunes.

Après avoir quitté la tête de la fédération du Nord, il continua à militer activement pour le SPF au niveau national, jouant, comme il le dit, le « Monsieur CLONG » (Comité de liaison des ONG dans les instances européennes ; 1982-1995), assumant la présidence de la commission financière (1991-1995), siégeant au bureau national, au conseil d’administration, au comité de rédaction du journal ainsi que dans différentes commissions. Il effectua pour l’association plusieurs missions en Afrique, en Amérique du Sud (Bolivie, Chili, Argentine), au Cambodge, en Irlande et au Liban.

Gilbert Avril fut conseiller municipal communiste d’Hellemmes de 1947 à 1951. Il fut décoré de la Légion d’Honneur en 1996, et reçut les Palmes académiques en 2001.

Il était marié et père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10572, notice AVRIL Gilbert, Gabriel par Axelle Brodiez, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 7 avril 2022.

Par Axelle Brodiez

ŒUVRE : Les chemins de la solidarité, Roubaix, Le Geai Bleu, 2001.

SOURCES : Arch. nationales du Secours populaire. — Entretien du 31 mai 2002.

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