CLAVERIE Maurice [CLAVERIE François. Maurice]

Par Michel Dreyfus, René Gaudy, Jacques Girault

Né le 9 mars 1857 à Saint-Girons (Ariège) ; mort le 23 juin 1932 à Montfermeil (Seine-et-Oise) ; marié ; secrétaire de la Fédération CGT de l’Éclairage en 1905-1906.

Fils d’un agent-voyer, Maurice Claverie, qui habitait Sannois (Seine-et-Oise), fut un des pionniers du syndicalisme gazier. Il était employé à la Compagnie du gaz de Paris où une première gréve des chauffeurs avait eu lieu en 1889 mais sans succès. Un syndicat des employés se constitua le 23 mai 1892, l’Union syndicale des employés du gaz, qui ne fut pas admise immédiatement à la Bourse du travail de Paris qui allait bientôt fermer le 7 juillet 1893 ; quand elle fut réouverte en décembre 1895, l’Union syndicale des employés du gaz, qui avait rejoint les rangs de la CGT naissante — comme les deux autres syndicats du Gaz de Paris —, y fut alors admise sans difficultés. M. Claverie en avait été nommé secrétaire adjoint dès sa création. En 1896, le secrétaire général de l’Union, Quenot, démissionna et M. Claverie devint le secrétaire général de cette organisation, Ponticaccia étant alors son secrétaire adjoint. Le 1er juin 1897, l’Union fit paraître son organe bimensuel, L’Écho du gaz. À ses débuts, l’Union regroupa environ 400 adhérents sur un effectif total de 2 000 agents.

M. Claverie occupa alors un rôle de premier plan dans les rangs du syndicalisme gazier. Il représenta son organisation au IIe congrès de la CGT tenu à Tours (Indre-et-Loire) en septembre 1896 puis aux suivants (Toulouse, 1897, Rennes, 1898) et fit partie de la commission de contrôle confédérale. Responsable de la Fédération des travailleurs et employés du Gaz de Paris, il inscrivit son action dans un sens résolument réformiste en revendiquant des retraites puis le paiement du salaire intégral en cas de maladie et un congé annuel de quinze jours. Et surtout, il engagea son syndicat dans la lutte pour l’assimilation au personnel municipal, l’idée ayant été, selon son témoignage, formulée pour la première fois en 1896 par un conseiller municipal du XXe arrondissement, M. Patenne. La lutte pour l’assimilation, entreprise par le syndicat en 1899, fut longue — sept ans — et difficile : elle entraîna parfois, au sein du mouvement syndical, des désaccords et ce ne fut d’ailleurs que le 1er février 1911 que put être constitué une organisation unique des gaziers parisiens : le syndicat général du personnel du Gaz de Paris dont Claverie laissa le secrétariat général à Jean Mazet*. En tant que secrétaire de l’Union des employés, M. Claverie avait fait adhérer cette organisation à la Fédération nationale des employés et fut délégué par elle aux congrès internationaux d’employés qui eurent lieu notamment à Bruxelles en 1903 et à Londres en 1904. En 1910, l’Union adhéra à la Fédération CGT de l’Éclairage.

Ce fut en effet durant cette période que s’organisa la Fédération CGT de l’Éclairage dont la date officielle de naissance fut le 1er mai 1905. M. Claverie en fut le premier secrétaire général jusqu’en mai 1906 puis fut élu à son conseil général lors de ses quatre premiers congrès (Paris, 1909 ; Nantes, 1910 ; Lyon, 1911 ; Bordeaux, 1913). Le réformisme de M. Claverie eut des répercussions sur son activité syndicale : au congrès de la Fédération nationale des employés (août 1907), il fut un des quatre militants à ne pas avoir voté de blâme au gouvernement et de félicitations aux soldats du XVIIe. La Guerre sociale écrivit alors : « Nous demandons à Clemenceau un bout de ruban pour Claverie. » Ayant obtenu de l’avancement professionnel en 1908, il fut critiqué dans son syndicat. Lors du premier congrès de la Fédération nationale de l’Éclairage auquel assistaient 51 délégués représentant 21 syndicats, M. Claverie présenta un rapport qui fut adopté à l’unanimité moins 7 voix, dans lequel il qualifiait la grève générale « d’anachronique » et exhortait ses camarades « à ne pas renoncer l’action auprès des pouvoirs publics, qui jusqu’ici a donné d’assez appréciables résultats et qui, d’ailleurs, n’est pas incompatible avec l’action directe qu’elle complète et qu’elle élargit ».

Au congrès de la CGT de Toulouse (octobre 1910), M. Claverie se déclara partisan de la loi sur les Retraites ouvrières et paysannes (ROP). Il collabora à l’Action ouvrière, bulletin du Comité d’union syndicaliste (octobre 1909-octobre 1910), organe des réformistes de la CGT. (Bibl. nat. Jo 15 259, Musée social, 18 597). Il fut également candidat socialiste indépendant à Clignancourt (Paris, XVIIIe arrondissement) où il obtint 2,55 % des voix.

Non mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, M. Claverie fut, avec Charles Saint-Requier*, un des dirigeants de la Fédération de l’Éclairage. En raison des circonstances, de nombreux syndicats disparurent et la Fédération se resserra autour des syndicats du Gaz de Paris et de la CPDE. M. Claverie signa de nombreux éditoriaux du Bulletin du syndicat général du Gaz de Paris. Jusqu’à la fin du conflit, il fut un farouche partisan de l’Union sacrée. En octobre 1918, son fils fut tué au combat devant Vouziers.

À la suite d’un accident survenu en septembre 1918, M. Claverie se retira à Draguignan (Var). Il y participa en 1924 aux manifestations du Cartel des fonctionnaires et militait en 1927 dans la section locale de la SFIO, sans être inscrit sur les listes électorales. Il se remaria à Montfermeil (Seine-et-Oise) en octobre 1928. Le seul Claverie se prénommant Jean, était né à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), le 7 octobre 1868 et était commissaire de police. Était-ce un parent ?

Claverie commença à publier un historique du syndicat des employés du Gaz de Paris dans Le Gazier de Paris (section Employés) en 1928. Ces articles furent réunis en livre, Souvenirs d’un militant. Historique du syndicat des Gaziers de Paris, Paris, Éditions du syndicat des employés.

À chaque anniversaire du jour de sa mort, le syndicat allait fleurir sa tombe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article105962, notice CLAVERIE Maurice [CLAVERIE François. Maurice] par Michel Dreyfus, René Gaudy, Jacques Girault, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 4 novembre 2010.

Par Michel Dreyfus, René Gaudy, Jacques Girault

SOURCES : Arch. de la Fédération CGT de l’Éclairage. — Souvenirs d’un militant... op. cit.Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, tome XI. — Presse corporative, nationale et varoise. — Comptes rendus des congrès cités. — R. Brécy, Le mouvement syndical en France...op. cit. — M. Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communaurds aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en sciences politiques, Paris I, 1979.

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