COEN Antonio

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 5 novembre 1885 à Paris (VIIIe arr.), mort le 21 avril 1956 à Paris (XVIe arr.) ; avocat à la Cour d’Appel de Paris ; militant socialiste puis communiste ; membre du Comité directeur du Parti communiste (1921-1922) ; secrétaire adjoint du PC (1921) ; quitta le Parti communiste au début de l’année 1923 ; haut dignitaire de la Grande Loge de France.

Antonio Coen
Antonio Coen
Arch. GLDF

Antonio Coen naquit à Paris, de parents de confession israélite et d’origine italienne. Il aurait encore rendu visite à son père en Italie en 1923. Licencié en droit, il fut admis au Barreau de Paris le 5 mai 1908. Coen semble avoir été franc-maçon avant de rejoindre le Parti socialiste. Initié le 26 juillet 1909 à la Loge-Minerve de la Grande Loge de France, il fut fait « compagnon » le 12 décembre 1910 et « maître » le 13 mars 1911. La Première Guerre mondiale l’enleva pendant quatre ans au Barreau pour en faire un sergent au 102e régiment d’infanterie.

Marié le 7 juillet 1910 à Paris (VIe arr.) avec Saloméa Erlich (dite Sasia) avocat à la Cour, dont il divorça le 15 novembre 1927, il était sans enfant.

À sa démobilisation, Antonio Coen adhéra à l’ARAC créée par Henri Barbusse et Raymond Lefebvre. Faut-il situer à cette époque son adhésion au Parti socialiste ou possédait-il la carte avant guerre ? La police le signalait comme membre de la 17e section socialiste de la Seine en 1920 (habitait-il déjà 35/37 rue Bonaparte dans le VIe arr. de Paris, son domicile jusqu’en 1927 ?). Il était membre du Comité maçonnique pour la défense de Jacques Sadoul et adhérent du Groupe des Amis du peuple russe.
Élu membre de la commission exécutive de la Fédération socialiste de la Seine le 11 avril 1920 et secrétaire adjoint, il joua un rôle important dans la campagne en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale. Membre de la commission exécutive du Comité de la IIIe, son nom figura au bas de l’« Appel aux socialistes français » paru dans le Bulletin communiste du 1er mars 1920. Il fut le 15e signataire de la motion Loriot-Souvarine (dite aussi motion Cachin-Frossard), qu’il défendit dans différents départements, ainsi au congrès de la Fédération du Nord où on lui refusa la parole (Le Congrès de Tours : édition critique, p. 341). Coen assurait la défense de Loriot et Souvarine détenus à la Santé.

Délégué au congrès national de Tours (25-30 décembre 1920), Antonio Coen intervint à de nombreuses reprises. Après s’être prononcés en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale les congressistes l’élurent, le 30 décembre 1920, au Comité directeur du nouveau parti. Il fut désigné comme secrétaire adjoint lors de la première séance de cette instance le 4 janvier 1921. Il effectua la même année un voyage politique en Italie, en compagnie d’Albert Treint, et, siégea au conseil de direction de l’École de propagande de la Seine. Maintenu au Comité directeur aux congrès de Marseille (décembre 1921) et de Paris (octobre 1922), il était secrétaire international suppléant et secrétaire de la commission des statuts. Le 21 décembre 1922, à la tête d’une délégation, il demanda au Comité directeur d’ajourner l’exécution des décisions concernant la franc-maçonnerie et la Ligue des droits de l’Homme adoptées au IVe congrès mondial (5 novembre-5 décembre 1922), jusqu’au prochain congrès de l’Internationale communiste. Devant le refus, Coen fit partie des démissionnaires du Parti communiste au début de l’année 1923. Il demeura parmi les avocats du Secours Rouge International apparaissant sur les listes de 1925, 1927 et 1931 et participa à la rédaction de la revue Le droit ouvrier. En mai 1927 il fut même considéré comme digne de confiance par les instances internationales du SRI bien que n’appartenant plus au PCF.

Il ne semble pas avoir été tenté de suivre ses amis politiques dans les organisations « socialistes communistes ». Selon la police, il adhéra « peu après » au Parti socialiste SFIO mais son rôle dut y être modeste. Coen resta l’avocat du Secours rouge international (dirigé par des communistes) et de la CGTU. Il prit la parole dans un meeting du SRI le 23 octobre 1926. En 1925, il prononça une conférence sur la promotion de la Paix par la SDN, il rédigea en 1926 un rapport sur la réforme de la justice militaire et en 1927 sur « l’introduction de l’étude des religions et de leur histoire dans l’enseignement public ». Il occupa ensuite de nombreuses fonctions maçonniques.

À partir des années 1930, il consacra une grande partie de ses activités à la franc-maçonnerie de Rite écossais. Il assura, au début de l’année 1931, la présidence d’une conférence sur le « Rapprochement France-Allemagne », organisée par la Fédération maçonnique, puis créa une association ouverte intitulée « France-Italie Liberté ». Il était alors Grand-maître adjoint de la Grande Loge et représentant du Grand-Orient espagnol, portugais et chilien, avant de devenir « Vénérable », « Député et Vénérable d’honneur » de la Loge 469 « Jean Jaurès », fondateur de la Tradition Écossaise « Orient de Paris ». Il accéda après la Seconde Guerre mondiale, à la dignité du Grand Maître de la Grande Loge de France. Antonio Coen mourut « d’un cancer des intestins » le 21 avril 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article106190, notice COEN Antonio par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 15 avril 2020.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Antonio Coen
Antonio Coen
Arch. GLDF

ŒUVRE : La Vérité sur l’affaire Sadoul, Paris, s.d. (1925). — Il consacra plusieurs ouvrages à l’œuvre de Dante et à la Franc-maçonnerie.

SOURCES : Arch. Nat. F7/12992, F7 13516, CAC 940 437 art. 301 doss. 27604. — APP BA1991. — Archives de la GLF. — RGASPI, 539.3. 1174 ; 1187 ; 1189. — Arch. Jean Maitron. — L’Humanité, 13 avril 1920, 29 novembre 1920 et passim. — Rapport du secrétariat général au 1er congrès du Parti communiste, Marseille, 25-29 décembre 1921. — J. Humbert-Droz, Origines et débuts des Partis communistes des pays latins (1919-1923), Amsterdam, 1970, p. 416. — Le Congrès de Tours : édition critique, op. cit. — Francis Rognon, Antonio Coen, Grand Maître de la grande Loge de France, Point de vue initiatiques, printemps 2002. — Renseignements fournis par Jacques Girault.

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