Par Daniel Grason
Né le 11 février 1892 à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 27 janvier 1980 à Bondy (Seine-Saint-Denis) ; terrassier, cimentier ; syndicaliste CGTU puis CGT ; responsable communiste de Thiais (Seine, Val-de-Marne), membre du Parti ouvrier et paysan français (POPF) ; interné.
Fils de Victor Compoint, cultivateur, et d’Ida Guénin, blanchisseuse, Victor Compoint épousa Marie Gandon le 11 septembre 1917 à Saint-Ouen, le couple logea 15 passage Pouchet à Paris (XVIIe arr.). La famille était composée de cinq enfants : Marie-Louise, Marcel, Raymond, Simone et Jacqueline. En cette année 1927, Victor Compoint travaillait sur un chantier au lieudit La Maltournée au Perreux (Seine, Val-de-Marne). Membre du Parti communiste, il faisait partie du 7e Rayon, était adhérent du Syndicat Unitaire des terrassiers de la Région parisienne, et lisait l’Humanité.
Le 8 octobre 1927 il était dans le tramway qui se dirigeait vers la porte de Vincennes, il insulta des militaires et le gardien de la paix qui avait été requis pour l’interpeller. Poursuivi, il était condamné par la 10e Chambre correctionnelle à un mois de prison.
La famille déménagea au 14 rue Maurepas à Thiais (Seine, Val-de-Marne), il adhéra à la CGT réunifiée. Après l’approbation par le Parti communiste du pacte germano-soviétique du 25 août 1939, le gouvernement décida d’interdire le parti communiste. Il promulgua un décret-loi le 22 septembre 1939 qui interdisait « sous quelque forme qu’elle se présente, toute activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la Troisième internationale ».
Le décret du 18 novembre 1939 prévoyait des mesures d’internement à l’encontre des « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Victor Compoint fut interné le 5 octobre 1940 au camp surveillé d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Il était accusé d’avoir participé à la diffusion de tracts communistes et d’avoir tenté de reconstituer une cellule communiste à Thiais.
Plusieurs dirigeants communistes, des élus et militants dont Marcel Gitton, ex membre du secrétariat du Parti communiste, député, et Marcel Capron, député, publièrent un « Appel à tous les travailleurs, à l’opinion publique » en février 1940, puis une « Lettre ouverte aux ouvriers communistes » en septembre 1941. Ce document rappelait la rupture de nombreux militants avec le Parti communiste à l’automne 1939, ironisait sur l’alliance des communistes avec « la perfide Albion » et se prononçait en faveur d’« Une Europe unie et pacifiée » et d’« Une France jeune, libre et heureuse » : « Pour cela chacun doit penser français, considérer qu’il est Français d’abord. » Marcel Gitton utilisa sans les consulter, le nom de militants qui avaient manifesté leur désaccord avec la politique du PCF à la fin de l’année 1939.
Il aurait également signé la Deuxième « lettre ouverte » aux ouvriers communistes diffusée par le Parti ouvrier et paysan français (fondé par Marcel Gitton et dirigé par Marcel Capron) vers le printemps 1942.
Un membre du groupe Valmy, Marcel Cretagne tira sur Marcel Gitton le 4 septembre 1941 aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis), il mourut le lendemain à l’hôpital Tenon. Marcel Capron remplaça Gitton au poste de secrétaire du Parti ouvrier et paysan français (POPF). Capron avait voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy. Il mena un travail auprès des militants communistes internés, il leur demandait de quitter, de renier le parti communiste et il intervenait pour obtenir leur libération.
Victor Compoint adhéra au POPF à Aincourt ou au camp de Rouillé (Vienne) où il avait été transféré. Marcel Capron demanda sa libération en octobre 1941, il se porta garant de sa sincérité. Il intervint de nouveau en juillet 1942, le cabinet du Préfet envisagea sa libération qu’il estimait « sans inconvénient pour l’ordre intérieur », elle fut effective le 4 mars 1943.
Divorcé en juillet 1942, Victor Compoint travaillait en 1955 à la société des Mines et Asphaltes du Centre au 191 rue d’Alésia à Paris (XIVe arr.), il vivait dans le XIIIe arrondissement de Paris. Il se remaria le 14 octobre 1957 à Bry-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) avec Marie Henriette Potelberg.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. 87. – Brochures citées. – Arch. PPo. BA 2356, BA 2374. – Transmis par Gilles Morin 1W 571. – État civil.