CORDON Émile, Pierre, Vincent [CORDON, Pierre, Émile, Vincent]

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

Né le 22 janvier 1878 à Paris (IIe arr.), mort le 4 juillet 1927 à Saint-Ouen (Seine) ; comptable ; maire socialiste, communiste puis socialiste-communiste de Saint-Ouen (1919-1927) ; élu membre du Comité directeur du Parti communiste au congrès de Paris (15-20 octobre 1922).

Fils d’Antoine Cordier, placier, et de Marie, Alexandrine Escoraille, sans profession, Émile Cordon était décrit comme comptable dans les registres matricules, en 1898. Incorporé au 4e RI à Laon (Aisne), en novembre 1899, il fut déclaré déserteur en octobre 1900. Après s’être présenté à la gendarmerie en avril 1903, il passa en conseil de guerre et fut condamné à six mois de prison. Il acheva ensuite sa période militaire et fut libéré avec un certificat de bonne conduite.

Il s’était marié le 19 mai 1906 à Saint-Ouen, avec Jeanne, Marie, Louis Malpuech.

Conseiller municipal socialiste de Saint-Ouen depuis mai 1912, Émile Cordon fut réélu le 30 novembre 1919 sur la liste dirigée par Gustave Lesesne*. L’assemblée municipale désigna ce dernier comme maire, mais sa fonction d’instituteur dans la commune le rendait inéligible. Émile Cordon* lui succéda quelques jours plus tard (annoncé par l’Humanité du 13 décembre 1919). Signataire de la motion Cachin*-Frossard*, il rejoignit le Parti communiste avec la quasi-totalité des militants (vingt-trois dissidents sur cinq cent cinquante) et des conseillers de Saint-Ouen, après le congrès de Tours (décembre 1920).

Les sympathies de Cordon allaient au courant centriste du PC. Il se fit élire secrétaire de la section communiste de Saint-Ouen le 14 octobre 1922, avec l’appui d’Alexandre Bachelet* et de Lesesne. Le lendemain il assista aux travaux du congrès national de Paris qui vit la victoire de sa tendance et son élection au Comité directeur. Il fut hostile aux décisions du IVe congrès mondial concernant l’incompatibilité entre l’appartenance à la Franc-maçonnerie et au Parti communiste. À la réunion du Comité directeur du 16 décembre 1922, il se contenta, avec Morizet, Ledoux et Soutif, de s’abstenir en attendant un complément d’information, mais à la réunion locale du 28 décembre, il attaqua énergiquement les décisions de la IIIe Internationale. Il obtint une majorité d’une voix : quatre-vingt-un suffrages pour sa motion contre quatre-vingts à la motion Danton. Cordon signa la motion des Résistants le 3 janvier 1923. Le Comité directeur du Parti communiste prononça immédiatement son exclusion (l’Humanité, 18 janvier 1923).

Vingt-trois conseillers sur vingt-neuf le suivirent au Parti communiste unitaire qui, par fusion avec l’Union socialiste fédérative donna naissance à l’Union socialiste communiste (USC) le 29 avril 1923. Aux élections municipales du 3 mai 1925, la liste « d’Unité ouvrière et socialiste » dirigée par Cordon l’emporta dès le premier tour, avec 5 331 voix contre 3 391 à la liste communiste de Marcel Cachin* et 1 492 à celle de l’Alliance républicaine et sociale.

Les obsèques du maire de Saint-Ouen eurent lieu dans sa ville, le 7 juillet 1927, en présence d’Alexandre Bachelet*, sénateur, Ernest Lafont*, député de la Loire, Henri Sellier* et André Morizet*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article106734, notice CORDON Émile, Pierre, Vincent [CORDON, Pierre, Émile, Vincent] par Jean Maitron et Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 5 août 2019.

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3. — Arch. Com. Saint-Ouen. — Arch. Paris, D4R1 967 (registre matricule). — L’Humanité, 13 décembre 1919. — L’Unité ouvrière, bulletin de l’USC, n° 46, 15 juillet 1927. — J. Humbert-Droz, Origines et débuts... op. cit.

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