COSSET Henri [COSSET Charles, Henri.]

Par Madeleine Rebérioux

Né le Ier novembre 1878 à Sens (Yonne) ; cordonnier, puis employé municipal ; militant socialiste.

Henri Cosset, d’une famille ouvrière de Sens, quitta l’école à onze ans et fit son apprentissage de cordonnier. À dix-sept ans, lorsqu’il vint à Paris pour se perfectionner, il avait déjà, en fréquentant différents groupes de jeunes, acquis des idées révolutionnaires. Lorsqu’il rentra à Sens en 1897 pour tenir l’atelier de son ancien patron, il adhéra aux Jeunesses socialistes qui étaient en train de s’organiser. C’est le service militaire qui l’amena à abandonner son métier de cordonnier : atteint de pleurésie, plus ou moins tuberculeux, il lui fut recommandé d’abandonner ce travail trop sédentaire. C’est Lucien Cornet, député-maire de Sens, la providence des militants aux idées avancées, qui lui trouva une place d’employé aux octrois de la ville. Il la conserva jusqu’en 1912.

Il joua dès lors un rôle, toujours secondaire, mais toujours efficace, dans les nombreuses institutions plus ou moins contrôlées par les socialistes de Sens : secrétaire-adjoint du groupe socialiste, membre du conseil d’administration de l’imprimerie du Travailleur socialiste, président de « L’Aurore théâtrale », il fut en outre trésorier de fait du Pioupiou de l’Yonne dont il fallait mettre les fonds à l’abri de toute perquisition. Lors de l’affaire de l’Affiche antimilitariste, en février 1906, il alla chercher à Paris le paquet d’affiches et organisa la collecte de signatures et le placardage de l’affiche dans toute les communes.

On ne s’étonnera pas dès lors que le sous-préfet de Sens, A. Blachon, dont l’hervéisme était la bête noire, l’ait désigné dans ses rapports de 1907-1908 comme un antimilitariste dangereux et ait proposé son inscription au Carnet B.

En 1912, il quitta Sens pour Montargis (Loiret) où il espérait obtenir un bureau de tabac. Ce projet ayant échoué, il y ouvrit un café. Mobilisé pendant la guerre, il devint ensuite, avec sa femme, gérant de coopérative ouvrière à Paris jusqu’en 1940. Il avait, comme on dit, conservé ses idées. Il rentra ensuite à Sens. Son travail acharné ne l’avait guère enrichi. En 1955, affaibli, mais lucide et fier de son passé, il vivait à l’hospice de Sens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article106879, notice COSSET Henri [COSSET Charles, Henri.] par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 15 janvier 2022.

Par Madeleine Rebérioux

SOURCES : Interview de H. Cosset, le 17 septembre 1965. — Arch. Dép. Yonne III, M 1/303. — Le Travailleur socialiste de l’Yonne.

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