Par Julien Chuzeville
Né le 16 septembre 1878 à Montpellier (Hérault), mort le 6 février 1970 à Paris (VIIe arr.) ; éditeur, notamment de Marx et Engels ; militant socialiste.
Né d’un père cordonnier et d’une mère sans profession, Alfred Costes milita au début du XXe siècle dans les rangs du Parti socialiste. Il fut, en France, l’éditeur de la première tentative de publication en français des œuvres complètes de Karl Marx (traductions de Jacques Molitor, souvent contestables) et de Friedrich Engels (traductions de Alexandre Bracke-Desrousseaux), qui comprit plus de soixante volumes, y compris des correspondances.
A. Costes se distingua également comme éditeur des œuvres de Darwin, Auguste Comte et d’une documentation internationale relative à la Première Guerre mondiale.
La Librairie Alfred Costes avait repris la suite de la Librairie Schleicher frères (ayant eux-mêmes repris la Librairie C. Reinwald), qui avait notamment publié Élisée Reclus (dont Costes publia le dernier volume de correspondance en 1925), et l’Histoire des bourses du travail de Fernand Pelloutier (que Costes réédita en 1921, puis en 1946).
Costes avait publié avec Victor Dave, de 1903 à 1906, une Revue générale de bibliographie française, bimestrielle puis mensuelle, qui paraissait chez Schleicher frères. Avant la Première Guerre mondiale, Costes dirigeait la Bibliothèque de philosophie pratique, qui était une collection des éditions Schleicher.
En 1912, Alfred Costes était membre de la commission exécutive de la Libre Pensée.
En 1913, il traduisit de l’espagnol le livre Évolution de l’éducation de Carlos Octavio Bunge, édité chez Schleicher dans la collection qu’il dirigeait.
Il correspondit avec Karl et Luise Kautsky au cours des années 1920, notamment à propos de la première traduction en français des Théories sur la plus-value de Marx (Theorien über den Mehrwert), parue au cours des années suivantes aux éditions Costes en 8 tomes sous le titre Histoire des doctrines économiques. Le 16 mai 1920, Costes écrivait à K. Kautsky : « J’ai un projet fort important de publications socialistes dont je désirerais vous entretenir. Je profiterai donc d’un voyage que je dois faire à Fürth (Bavière) d’ici trois semaines environ pour vous rendre visite à Charlottenburg, à ce sujet ».
Pendant l’entre-deux-guerres, il était adhérent du Parti socialiste SFIO, à la section du XIVe arrondissement de Paris.
Alfred Costes écrivit une introduction à sa réédition, en 1950, de Misère de la philosophie de Marx, avec les annotations faites par Proudhon sur son exemplaire.
Il s’agit certainement du même Alfred Costes qui publia en 1958 un article intitulé « Les Vicissitudes de l’édition Lacroix des œuvres complètes de P. J. Proudhon » dans la Revue d’histoire économique et sociale.
Il présenta des lettres de Max Nettlau à Jean Grave dans la revue L’Actualité de l’Histoire, numéro 26 de janvier-mars 1959. Il écrivit ensuite un article sur « P.-J. Proudhon et Adolphe Blanqui » dans Le Mouvement social de juillet-septembre 1964.
Il fit don en 1964 d’une partie de ses archives à l’Institut français d’Histoire sociale.
A. Costes, dont le fonds fut racheté par la librairie « La Vieille Taupe », fut inhumé à Paris, au Père-Lachaise le 12 février 1970. Il était chevalier de la Légion d’honneur.
Il s’était marié avec Angèle, Catherine, Camille Denat le 8 mai 1911 à Sète (Hérault).
Par Julien Chuzeville
SOURCES : Archives de Karl Kautsky, IISG (Amsterdam). — Lettres d’Alfred Costes dans les archives de Maximilien Rubel, La Contemporaine (Nanterre). — Arch. Nat., base de données Léonore. — Le Monde, 12 et 14 février 1970. — Notice DBMOF. — Le Rappel, 18 juillet 1912. — Marcel Ollivier, « Les œuvres de Karl Marx », Bulletin communiste, 6 décembre 1923. — « La publication des œuvres de Karl Marx », La Vie socialiste, 26 juin 1926. — Alexandre Bracke-Desrousseaux, « Karl Marx connu et inconnu », Le Populaire, 8 avril 1929. — Charles Pivert, Le Parti socialiste et ses hommes, souvenirs d’un militant, s.d. [1951], p. 14. — Le Mouvement social, juillet-septembre 1965.