COUTURE A.

Par Jean-Luc Pinol, Guillaume Davranche

Menuisier ; anarcho-syndicaliste du bâtiment.

En mai 1909, dans l’organe de la fédération du Bâtiment, Le Travailleur du bâtiment, Couture préconisa la fondation d’une internationale syndicaliste révolutionnaire, puisque le Secrétariat syndical international était sous la coupe de la social-démocratie.

Quatre ans plus tard, il participa au congrès syndicaliste révolutionnaire international, tenu à Londres les 27 et 28 septembre 1913. Il y fut délégué par six syndicats parisiens du bâtiment (menuisiers, syndicat général du bâtiment, plombiers, charpentiers en fer, briqueteurs, terrassiers). Les deux autres Français présents étaient Michelet, délégué par la fédération de la Chapellerie et Jean-Baptiste Knockaërt, délégué par trois syndicats révolutionnaires de l’agglomération lilloise, résultant d’exclusions de la fédération du Textile.

Contrairement à Knockaërt, Couture et Michelet s’opposèrent à la création d’une internationale syndicaliste révolutionnaire concurrente du Secrétariat syndical international dominé par la GGB allemande. Couture fit un rapport affirmant qu’en dépit des accusations portées contre elles, la CGT avait « conservé son aspect purement révolutionnaire », et qu’elle restait « une force motrice contre le militarisme, le patriotisme, l’État et le capitalisme ».

En 1921, il était secrétaire du syndicat des menuisiers de la Seine et membre des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR).

Au VIIIe congrès de la Fédération du bâtiment, tenu du 16 au 21 mai 1921 à Dijon, la majorité repassa aux syndicalistes révolutionnaires. Suite à cela, lors du conseil national fédéral du 23 juillet 1921, Couture fut élu secrétaire de la Fédération du bâtiment en remplacement de Chanvin. Il fut ensuite délégué fédéral du bâtiment au congrès CGT de Lille, du 25 au 30 juillet 1921.

Au comité confédéral national de la CGT du 19 septembre 1921, Couture vota logiquement contre la motion Dumoulin* qui décidait l’exclusion des CSR.

Après la scission confédérale de décembre 1921, Couture, qui était membre du comité de rédaction de La Vie ouvrière, appartint à la commission administrative provisoire (voir Henri Toti) de la CGTU.

En mars 1922, il annonça à l’occasion d’un meeting que, par antifonctionnarisme, il s’opposerait, ainsi que Georges Courtinat, au renouvellement de son mandat.

Couture fut ensuite délégué fédéral du bâtiment au congrès de la CGTU de Saint-Étienne, du 25 juin au 1er juillet 1922. Il y déclara : « Il faudrait être aveugle pour ne pas voir tout ce qu’il y a de commun entre l’anarchisme et le syndicalisme. » Opposé à l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge (ISR), il rappela que le congrès de Londres de 1913 avait déjà essayé de « débarrasser le syndicalisme révolutionnaire de l’emprise des social-démocrates ».

En novembre 1922, après l’adhésion « avec réserves » de la CGTU à l’ISR, Couture fut délégué par la Fédération des métaux, avec Lagache*, au IIe congrès de l’ISR qui se tenait à Moscou parallèlement au IVe congrès de l’Internationale communiste. Ils firent le voyage avec le secrétaire de la Fédération unitaire du bâtiment, Lucien Chevalier, et sa secrétaire administrative, May Picqueray. À Moscou, ils intervinrent auprès des dirigeants communistes pour qu’ils relâchent les anarchistes et syndicalistes russes emprisonnés. Ils revinrent d’URSS extrêmement critiques. Ils dénoncèrent le manque de liberté, la domestication du mouvement ouvrier russe, la misère et les difficultés de la vie des ouvriers, ainsi que le développement d’une nouvelle couche de privilégiés. Par ailleurs, ils dénoncèrent le fait que l’ISR n’était qu’un rouage de l’Internationale communiste.

Sur le chemin du retour, Couture représenta la Fédération du bâtiment au congrès fondateur de l’Association internationale des travailleurs (AIT), qui se tint à Berlin du 25 décembre 1922 au 3 janvier 1923. Il y retrouva Pierre Besnard et Albert Lemoine qui y représentaient le Comité de défense syndicaliste (CDS).

Lors du IXe congrès de la Fédération du bâtiment, qui se tint du 4 au 7 juillet 1923 à Paris, Couture présenta le rapport moral, qui fut adopté à l’unanimité. Fidèle à sa critique du fonctionnarisme, il quitta le bureau fédéral mais demeura membre de la commission exécutive.

Le 31 octobre 1924, la Fédération du bâtiment rompit avec la CGTU. À son congrès de 1925, elle décida de se maintenir dans l’autonomie puis, en novembre 1926, elle impulsa la CGT syndicaliste révolutionnaire (CGT-SR). Cependant, la fondation de cette « 3e CGT » n’avait pas fait l’unanimité, et une partie des militants souhaitaient un retour à la CGT.

Couture était alors adhérent du Syndicat unique du bâtiment (SUB) de la Seine. Lors de son assemblée générale du 17 juillet 1927, lui et Lucien Charbonneau demandèrent que le SUB de la Seine propose une unité sans condition aux syndicats du bâtiment de la Seine de la CGT. Leur demande fut rejetée par la majorité.

Du 11 au 13 novembre 1932, Couture fut délégué au IVe congrès de la CGT-SR dont il était toujours membre en 1934.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107335, notice COUTURE A. par Jean-Luc Pinol, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 17 janvier 2022.

Par Jean-Luc Pinol, Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13651. — Les Temps nouveaux, 23 juillet 1910. — Le Travailleur du Bâtiment, janvier 1923. — Comptes rendus des congrès fédéraux de 1921 et 1923. — Samuel Jospin, « La CGT-SR à travers son journal Le Combat syndicaliste, 1926-1937 », Mémoire de Maîtrise, 1974. — Wayne Thorpe, « Towards a Syndicalist International : the 1913 London Congress », International Review of Social History, 1978. — Boris Ratel, « L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939 », mémoire de maîtrise d’histoire sociale, université Paris-I, 2 000. — May Picqueray, May la réfractaire, Les Éditions libertaires, 2003.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable