CROUZET Raymond

Par Yves Lequin, Roger Pierre

Né le 14 mai 1857 à Désaignes (Ardèche) ; mort le 4 février 1932 à Valence (Drôme) ; sculpteur-sabotier ; délégué permanent au placement de la Bourse du Travail de Valence de 1897 à 1932 ; mutualiste.

Ancien compagnon du Tour de France, Raymond Crouzet s’établit à Valence et fut élu au conseil municipal en 1892 sur la liste radicale du manufacturier David, avec le qualificatif de « candidat ouvrier ». Il était déjà depuis longtemps président de la société mutuelle « les Prévoyants de l’Avenir » lorsqu’il fut appelé à remplacer en 1897 le guesdiste Aimé Chambon* comme délégué permanent et appointé au bureau de placement qui venait d’être créé par la jeune Bourse du Travail de Valence — voir Dict. tome 11. En dépit de toutes les vicissitudes qui affectèrent par la suite la direction et l’orientation de cette Bourse du Travail, Raymond Crouzet y fut immuablement maintenu dans ses fonctions qu’il exerça jusqu’à sa mort, pendant près de trente-cinq ans, de même qu’il conserva la présidence, sur le plan départemental, des « Prévoyants de l’Avenir ». Il fut aussi pendant de longues années conseiller prud’homme. Dans le domaine politique, Raymond Crouzet conserva toujours ses opinions modérées, de tendance radicale ; contrairement à ce qui a été écrit, en 1899, il n’adhéra pas au groupe socialiste de Valence reconstitué sous le nom de « Comité d’action sociale », mais fit au contraire partie du « Comité d’action républicaine et sociale » que les radicaux tentèrent de lui opposer. Crouzet prônait la collaboration des classes, et déclarait en décembre 1898 : « Le principe du fonctionnement de la Bourse du Travail est de lutter contre les anciens préjugés qui pouvaient créer la division entre le maître et le serviteur ». Il se tint à l’écart des luttes revendicatives et politiques aussi bien que des controverses syndicales, se cantonna dans l’action pratique qui correspondait à son caractère conciliant comme à ses conceptions réformistes et mutualistes, et s’appliqua à remplir ses diverses fonctions avec beaucoup de cordialité, de conscience et de dévouement.

Raymond Crouzet se rallia tout naturellement à l’Union confédérée lors de la scission, après 1920. Cependant, sur sa tombe, le communiste Charles Doucet, secrétaire de l’Union régionale unitaire, rendit hommage à ce « vieux et intègre travailleur [...] qui accueillait très fraternellement les ouvriers et les militants de toutes tendances », et qui était « un peu le symbole du rassemblement des forces ouvrières ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107528, notice CROUZET Raymond par Yves Lequin, Roger Pierre, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 18 septembre 2022.

Par Yves Lequin, Roger Pierre

SOURCES : Arch. Nat., F7/13 567 et F7/13 601. — Arch. Dép. Drôme, 80 M 5, 83 MI, M 1673, 13 M 341. — Arch. Mun. Valence, 19 F 2. — Journal de Valence (1898-1899). — Le Travailleur Alpin, 11 février 1932, etc. — R. Pierre, Les Origines du syndicalisme et du socialisme dans la Drôme (Éd. Sociales 1973) p. 100.

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