CUPILLARD Georges, Louis [Seine-Maritime]

Le syndicat CGT des Agents du service général de (ou à) bord (ASGB) du Havre était né définitivement le 5 mars 1919 de la fusion de deux organisations, le syndicat des Maîtres d’hotel et garçons navigateurs fondé le 13 février 1900 et celui des Employés de restaurant navigateurs qui avait vu le jour le 30 janvier 1906. Dirigés par des figures emblématiques du syndicalisme havrais comme François Montagne ou Franck Chachuat, ils comptaient de 800 à 1 000 adhérents jusqu’en 1914. Entre 1919 et 1939, les effectifs oscillèrent entre 1 600 (janvier 1930) et 4 800 (mars 1938) membres, soit l’une des organisations les plus puissantes du département.

Fils d’un employé de commerce domicilié 22 rue de Metz au Havre, Georges Cupillard navigua très jeune comme garçon navigateur sur des paquebots de la Compagnie générale transatlantique. Mobilisé dans l’infanterie en décembre 1914, il fut blessé aux Éparges par un éclat d’obus à la cuisse puis blessé une deuxième fois à la jambe gauche le 23 janvier 1917, il dut être amputé. Rendu à la vie civile après sa convalescence le 15 avril 1919, sa rencontre avec François Montagne décida de son destin ; il lui proposa de prendre la direction du syndicat CGT des ASGB du Havre, ainsi le bureau élu en février 1920 comprenait Georges Cupillard (secrétaire), Franck Chachuat (secrétaire adjoint), François Lemarié (trésorier) et Armand Riquier (trésorier adjoint). Appointé à 800 frs par mois comme permanent en 1922, il prit en charge la direction de la section maîtres d’hôtel et Chachuat la section restaurant.

Lorsque, après bien des hésitations, Henri Quesnel et la majorité de l’Union locale du Havre rejoignirent la CGTU le 14 juin 1922, les militants restés fidèles à la CGT reconstituèrent une Union locale confédérée le 30 juin suivant. Le bureau élu à cette occasion était composé de François Montagne (secrétaire), Georges Cupillard (secrétaire adjoint), Jules Damour (trésorier) et Maurice Canuel (trésorier adjoint) ; il représentait 6 syndicats et 2 412 adhérents (l’UL unitaire comptait 23 syndicats et 5 778 membres). Le 10 juillet 1922, Montagne donna sa démission et Georges Cupillard lui succéda, s’entourant d’une équipe stable, Célestin Soulès (secrétaire adjoint), Maurice Canuel (trésorier) et Jules Damour (trésorier adjoint).

Réélu secrétaire de l’Union locale CGT du Havre jusqu’en 1929 et du syndicat des ASGB jusqu’en 1934, il siégeait, en outre, avec son ami Cluzeau, au conseil de la Fédération nationale CGT des Inscrits maritimes. Il était l’une des figures les plus représentatives des syndicalistes confédérés du Havre (voir Ehlers), d’autant que son organisation pesait lourd : avec 1 600 adhérents en 1930, elle représentait 40% des effectifs de l’Union locale et 19% de ceux de l’Union départementale. En décembre 1925, il créa avec Jean Le Gall, Marcel Huard, Robert Storez et Henri Gautier le Comité antifasciste du Havre.

Membre de la SFIO, il fut remplacé par François Cluzeau au secrétariat de l’Union locale en 1930 et fut contraint de quitter la direction des ASGB en septembre 1935 à la suite de violentes critiques de ses mandants sur sa gestion et son intransigeance à l’égard des unitaires. Paul Chedville lui succéda le 5 octobre 1935.

Georges Cupillard s’était marié à Pavilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) avec Yvonne Bauvé le 7 août 1920. Divorcé le 22 juillet 1941, il se remaria au Havre avec Germaine Langlois le 22 février 1945. En 1920, il habitait 14 rue Bougainville au Havre et en 1930 11 rue Palfray.