LE BIHAN Jeanne [née PÉRON Jeanne]

Par Jacques Omnès

Née le 19 décembre 1900 à Plougasnou (Finistère), morte le 18 mai 1987 à Laval (Mayenne) ; institutrice ; syndicaliste de l’enseignement en Mayenne.

Jeanne Le Bihan était fille d’un marin de l’État qui, républicain ardent, professait paradoxalement des idées pacifistes proches de l’antimilitarisme. Partisan convaincu de l’école laïque et hostile à toute religion, très attaché à l’instruction, il avait décidé que sa fille serait institutrice. Ses quatre enfants fréquentèrent d’ailleurs l’école primaire supérieure malgré les sacrifices financiers que cela entraînait. La mère de Jeanne était couturière.

En 1917, Jeanne Péron entra à l’École normale de Rennes. Lorsqu’elle en sortit en 1920, elle n’obtint pas de poste : le retour des démobilisés et la titularisation des remplaçants ne laissaient guère de postes vacants.

Au début de 1921, sur les instances de son père, elle refusa les postes qui lui étaient proposés dans la Marne, la Meuse ou l’Aisne. Cependant, peu après, elle accepta un poste à Longine (Haute-Saône), qu’elle occupa en 1921-1922. Puis, de 1922 à 1926, elle enseigna à Athesans, dans le même département.

En 1926, elle fut nommée à l’école du hameau de Saint-Éloi, près de Plouigneau (Finistère), où elle fit la connaissance d’Yves Le Bihan. C’est là également qu’elle trouva le contact qu’elle cherchait depuis quelque temps avec la CGTU en la personne des frères Combot et elle adhéra donc à la Fédération unitaire de l’enseignement. En 1928, elle fut mutée sur sa demande à La Baconnière, en Mayenne, pour pouvoir s’occuper de son frère malade. La même année, elle épousa Yves Le Bihan. En Mayenne, Jeanne Le Bihan trouva un syndicat des membres de l’enseignement laïc de la Mayenne (CGTU) très actif : ses réunions mensuelles rassemblaient une soixantaine de militants sur les quelque quatre-vingts syndiqués du département.

Dans les années trente, elle fut membre du conseil syndical puis trésorière du syndicat. Elle éprouvait des sympathies pour la MOR (“minorité oppositionnelle révolutionnaire”) qui rassemblait essentiellement les minoritaires de la Fédération, sympathisants ou membres du Parti communiste, mais elle vota toujours avec la majorité confédérale.

Le 12 février 1934, elle fut parmi les quelques instituteurs mayennais qui firent grève contre l’émeute fasciste du 6 février. Ce jour-là l’inspecteur se présenta dans sa classe alors que, respectant les consignes de grève, elle se contentait de garder les enfants. Elle fit également la grève du 30 novembre 1938 contre les décrets-lois Daladier, ce qui lui valut de recevoir en 1939 une note de ses supérieurs hiérarchiques ainsi libellée : « Si vous retombez dans vos errements passés, je me verrai dans l’obligation de vous suspendre de vos fonctions. »

Bien que n’adhérant à aucun parti, Jeanne Le Bihan était considérée dès cette époque comme communiste par beaucoup, et Louis Dufrenoy et Marcel Thibault firent d’ailleurs auprès d’elle de nombreuses démarches pour la faire adhérer au Parti communiste. Mais comme les femmes ne votaient pas, elle ne voyait guère l’intérêt d’un tel engagement politique.

En 1946, cependant elle franchit le pas. Elle fut même membre du comité fédéral du Parti communiste en 1947, mais elle dut renoncer à ses responsabilités pour raisons de santé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107740, notice LE BIHAN Jeanne [née PÉRON Jeanne] par Jacques Omnès, version mise en ligne le 12 novembre 2010, dernière modification le 12 mai 2011.

Par Jacques Omnès

SOURCES : Témoignage de Jeanne Le Bihan, 8 juin 1977.— Etat civil.

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