LECA Jean-François

Par Antoine Olivesi

Né le 29 septembre 1875 à Calenzana (Corse), mort le 13 janvier 1944 à Buchenwald ; facteur des postes ; militant et élu socialiste de Marseille.

Originaire d’un village de Balagne, près de Calvi, Jean-François Leca, fils d’Antoine et de Marie née Saravelli, travailla très jeune dans les PTT à Marseille et milita dès 1900 dans les cercles socialistes du 3e canton. Membre de la 3e section, après l’unité, dans un quartier populaire, autour de la rue de la République, où il résidait, il s’occupa activement des intérêts des habitants et fut, par la suite, délégué cantonal. Il était le cousin germain d’André Saravelli pour qui il fit campagne aux élections municipales de 1908 à Marseille, aux élections cantonales de 1913 et aux législatives de 1914. Il soutint, la même année, les revendications des postiers et des fonctionnaires. Il avait été l’un des fondateurs du syndicat (non encore reconnu par l’État) des sous-agents des PTT. Un rapport de 1922 mentionne que Leca avait été « policier révoqué » avant de devenir facteur. Il appartenait, par ailleurs, à la Franc-maçonnerie.

En décembre 1920, Leca fut désigné par le congrès départemental SFIO au congrès de Tours ; il représentait la minorité de la Fédération des Bouches-du-Rhône. C’est pourquoi il demeura au sein du Parti socialiste qu’il contribua à reconstruire avec Léon Bon. Il fonda un groupe de défense « Le Marteau », et présida le 13 novembre 1921, un grand meeting à Marseille avec Compère-Morel, Fernand Bouisson. En mai 1922, Jean-François Leca fut le candidat du Parti socialiste dans le 3e canton. Il obtint 889 voix au premier tour sur 6 192 inscrits et se retira, au second, en faveur du socialiste indépendant Bouissin, pour le conseil d’arrondissement.

Leca était, à cette époque, brouillé avec Saravelli qui soutint contre lui le candidat communiste Padovani, dans ce 3e canton dont il était encore conseiller général. Aussi, en 1925, Leca prit parti pour Léon Bon contre Saravelli et contribua largement à la défaite de ce dernier. L’année suivante, il se prononça contre le Front unique avec les communistes.

Lui-même candidat, en octobre 1928, il battit cette fois Bouissin avec 2 241 suffrages sur 6 712 inscrits, au premier tour. Retraité des PTT, administrateur du bureau de bienfaisance, il se consacra désormais à l’activité politique. Les rapports préfectoraux de l’époque le présentent comme un « militant énergique et influent, ennemi déclaré de Sabiani » contre lequel il mena effectivement le combat politique pendant une douzaine d’années.

Jean-François Leca présida le conseil d’arrondissement de 1931 à 1935, puis de nouveau en 1937. Il était étroitement associé à Léon Bon, conseiller général du même canton, et président du conseil général. Marseille-matin le présentait comme « le lieutenant de Léon Bon » en octobre 1934, année où il fut réélu sans difficultés, au premier tour, avec 3 190 voix sur 6 984 inscrits contre Pierre Milani que soutenait Sabiani. De même, un rapport préfectoral le déclare « patronné par Léon Bon et attaché à sa fortune ». Lui-même avait ses propres lieutenants, Jean-François Guerini et Horace Manicacci, qui jouèrent plus tard un rôle important dans la SFIO.

Aux élections municipales de mai 1935, J.-F. Leca fut élu avec 11 815 voix sur 28 021 électeurs inscrits dans la première circonscription, conseiller sur la liste Henri Tasso dont il devint le 8e adjoint délégué à la police administrative et au nettoiement. En 1937 et en 1939, il fit une campagne active en faveur de Léon Bon puis des listes socialistes aux élections cantonales et municipales partielles.

En 1937, également, Jean-François Leca sollicita auprès du préfet des Bouches-du-Rhône un poste d’administrateur des hospices qui lui avait été promis, déclara-t-il, mais qui fut attribué à un protégé de Fernand Bouisson. Sa demande fut appuyée par des lettres de recommandation de Paul Faure, et de Marx Dormoy, alors ministres. Le préfet promit d’agir en cas de nouvelle vacance en ajoutant qu’il appréciait « le dévouement et la fidélité politique à toute épreuve » de Jean-François Leca.

Pendant l’Occupation, il fit partie des Mouvements unis de la Résistance dans la région 18 dite « Région Memphis », c’est-à-dire l’ancienne Région R2 Combat dont Marseille et les Bouches-du-Rhône formaient deux départements. Le rapport Flora de la Gestapo de Marseille, daté du 19 juillet mentionne l’arrestation de Leca, « français, célibataire, catholique, autrefois membre dirigeant de la SFIO, franc-maçon de grade élevé, chef de Franc-Tireur à Marseille ». Cette arrestation eut lieu le 19 avril 1943. Leca fut transféré à Fresnes le 28 juin suivant, puis déporté en Allemagne où il mourut à Buchenwald le 13 janvier 1944.

Le nom de Jean-François Leca a été donné, après la Libération, à une rue de Marseille, près de la Joliette, ainsi qu’à la 3e section SFIO de la ville, en 1951, dans les mêmes quartiers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107754, notice LECA Jean-François par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 12 novembre 2010, dernière modification le 16 avril 2020.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/43, 48, 56 ; VM 2/224, 282, 285 et 289 ; M6/10793 ; M6/10804 ; XIV M 25/45. — Le Petit Provençal, 1921-1937. — Marseille-matin, 4 octobre 1934. — Rouge-Midi, Marseille-socialiste, notamment le 6 juin 1936 (photo). — Le Provençal, 17 juin 1951. — Photocopie du rapport Flora et des pièces d’état civil communiquées par Madeleine Baudoin. — M. d’Agostino, Les militants socialistes..., Mémoire de Maîtrise, op. cit. — Chr. et J. Jannone, La Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône..., op. cit.Le Congrès de Tours..., op. cit., p. 832. — Le Mémorial des Corses..., op. cit., t. VI.

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