LE DEM Alain, dit BEHEL Alain, dit RENAN, dit VIDAL Claude-Alain

Par Rodolphe Prager

Né le 29 octobre 1913 à Carhaix-Plouguer (Finistère), mort le 7 janvier 2008 à Quimper (Finistère) ; ouvrier sellier puis correcteur d’imprimerie ; militant trotskyste dans la région parisienne puis en Bretagne.

Orphelin à l’âge de six ans, Alain Le Dem, dont le père avait été sabotier et la mère ouvrière, fut élevé par son grand-père maternel, charpentier. Subissant à la fois l’influence chrétienne et anarcho-syndicaliste de son milieu familial, il fréquenta l’école communale et le cours complémentaire de 1920 à 1928. Puis, la crise économique l’entraîna loin de chez lui.

C’est à Versailles (Seine-et-Oise), en février 1932, qu’il adhéra aux Jeunesses socialistes et au Parti socialiste SFIO. Il travaillait alors à l’imprimerie Gutenberg, ce qui le conduisit à adhérer à la 72e section de la FFTL, où il resta pendant trois ans. Il participait aussi aux activités de l’Union locale CGT et créa un groupe de Faucons rouges. Il entretenait des relations aussi bien avec les Jeunesses communistes qu’avec le petit groupe de l’Union communiste ou la Ligue communiste (trotskyste) qu’il rejoignit fin 1933.

Délégué, en 1934, de la Fédération de Seine-et-Oise au congrès national des JS, il soutint les militants trotskystes présents. À cette époque, il rencontra Léon Trotsky et discuta avec lui de l’adhésion des trotskystes à la SFIO.

De retour dans le Finistère, Alain Le Dem créa la Fédération des Jeunesses socialistes et en fut le secrétaire fédéral. À ce titre, il signa la motion bolchevik-léniniste présentée à la conférence nationale de Lille en juillet 1935. Puis, suivant la majorité de la Fédération de la Seine exclue à ce moment, il soutint, lors de la scission survenue en décembre 1935, le groupe de La Commune. Ce dernier ayant fondé, sous la direction de Pierre Frank et Raymond Molinier, le 7 mars 1936, le Parti communiste internationaliste, il devint membre de son Comité central. Alain Le Dem fit, au congrès (fin mai), un rapport sur la question paysanne.

Le 10 octobre, au premier congrès du Parti ouvrier internationaliste (POI), il participa à la commission de contrôle des mandats. Responsable du travail paysan, il écrivit de nombreux articles pour le journal la Terre aux paysans qu’il avait créé avec Jacques Desnots. Il milita à la Confédération nationale paysanne avec François Tanguy-Prigent, fonda un Foyer paysan et une coopérative paysanne de boulangerie.

Au cours du débat qui s’ouvrit dans le POI à la fin de 1938 concernant une éventuelle adhésion collective au Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert, Alain Le Dem s’affirma hostile à cette solution mais s’y résigna au printemps 1939. Il fut l’un des deux délégués de la région (Finistère, Côtes-du-Nord et Morbihan) au congrès national des 27-28 mai à Paris où, pressentant l’approche de la guerre, il insista sur la nécessité d’une structure clandestine. Il ne parvint pas à se faire entendre et la mobilisation dispersa bientôt les militants.

Alain Le Dem s’employa alors à renouer les fils rompus, reprit des contacts à Nantes et à Paris, édita une Étincelle régionale et des feuilles diverses jusqu’à l’occupation allemande. Des membres des Auberges de la Jeunesse qui ayant constitué, à Brest, une section des Jeunesses socialistes ouvrières et paysannes (JSOP liées au PSOP), il devint l’élément moteur de l’organisation clandestine que rallièrent d’autres militants, dont des instituteurs militants de l’École émancipée comme Marc Bourhis. Pivot de cette organisation, Le Dem se rendit à plusieurs reprises à Paris où il assista aux conférences nationales clandestines. Domicilié au Cloître-Peyben, il cacha la compagne juive de Paul Valière (Chaja Zalkmann) et sa fille.

À la suite d’une dénonciation, il fut arrêté en septembre 1942, interné au camp de Voves (Eure-et-Loir) et accusé d’avoir réuni des paysans en liaison avec la Confédération nationale paysanne de Tanguy-Prigent. Il refusa de de souscrire à l’engagement sur l’honneur de ne plus combattre le régime de Vichy et fut maintenu en détention. Choisi par les détenus de sa baraque, en majorité communistes, il participa à une délégation qui tenta de rencontrer la direction du camp le 22 septembre 1942 (jour anniversaire des fusillades de Châteaubriant) et qui fut dispersée par la gendarmerie. Gravement malade, il fut bientôt admis à l’hôpital de Chartres d’où il s’évada le 15 février 1943 en faisant une chute de près de huit mètres. Aidé par Montfort, dirigeant communiste de Saint-Nazaire, qui lui fit donner les premiers soins, il parvint à Paris et fut envoyé en convalescence à Saint-Germain-la-Pôterie (Oise) où se tint, en 1944, une conférence européenne de la IVe Internationale. Trop recherché en Bretagne, Le Dem demeura à Paris. Son expérience fut mise à contribution pour réorganiser la région parisienne du Parti ouvrier internationaliste. Mais, toujours malade, il partit par la suite à Nantes et dans les Côtes-du-Nord où, la Libération approchant, il rassembla les militants qui avaient échappé aux arrestations.

Le Parti communiste internationaliste qui le comptait parmi les membres de son Comité central, en fit sa tête de liste dans le Finistère aux élections législatives de juin 1946. Les autres candidats étaient : André Cavès, Louis Dalmas, Marguerite Métayer, Anne-Marie Fauglas, Gérard Trévien, Élian Ronël, Jean Leostic, Pierre Gueguen, Aice Bourhis.
Le Dem s’éloigna du PCI en 1953 et collabora pendant une courte période, en 1954, avec le groupe « Le Communiste » dirigé par Michèle Mestre et Mathias Corvin.

Devenu correcteur d’imprimerie, il s’établit dans la région parisienne et fit partie du Parti socialiste unifié. Il milita activement, dans les années soixante, au Comité Vietnam national. Après avoir adhéré à Force ouvrière pendant deux ans, il fut admis au Syndicat CGT des correcteurs en 1955. Il travailla chez Maulde et Renou à partir de 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107776, notice LE DEM Alain, dit BEHEL Alain, dit RENAN, dit VIDAL Claude-Alain par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 13 novembre 2010, dernière modification le 31 juillet 2021.

Par Rodolphe Prager

SOURCES : IISG carton 143. - La Vérité, 1934 et 1935. — Révolution, 3 septembre 1935. — La Commune, 13 mars et 5 juin 1936. — La Lutte ouvrière, 1936 et 1937. — La Vérité, 24 mai 1945 et 1er novembre 1946. — S. Ketz, De la naissance du GBL à la crise de la section française de la LCI, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1974. — Renseignements recueillis par J.-M. Brabant. — Témoignage d’Alain Le Dem, 1978. — Profession de foi des candidats du PCI aux élections générales du 10 novembre 1946 dans le Finistère. — Acte de décès. — Arch. municipales de Quimper, fonds Alain Le Grand, 22 J 210.

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