FROISSART René, Alfred [écrit parfois par erreur FROISSARD René]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 19 juin 1890 à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais), fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mineur puis cultivateur ; militant communiste du Pas-de-Calais puis de l’Yonne ; membre de triangle départemental clandestin en Indre-et-Loire (1941-1942) ; maire adjoint socialiste d’Hénin-Liétard (Pas-de-Calais) de 1919 à 1921 ; membre de la commission de contrôle des finances du PCF.

René Froissart
René Froissart

Fils d’Edmond Froissart, houilleur, militant socialiste, et de Marie Calonne, ménagère, René Froissart fut mobilisé en août 1914 dans l’infanterie mais fut réformé à la suite d’une blessure.
Mineur, puis installé comme cultivateur, il assurait en novembre 1919 le secrétariat de la section socialiste d’Hénin-Liétard. Signataire de la motion dite Cachin-Frossard en tant que membre du Comité de la IIIe Internationale, il fut délégué au congrès de Tours (décembre 1920) où il appartint à la commission de vérification des mandats et fit fonction d’assesseur à la séance du 30 décembre. Élu premier adjoint au maire socialiste d’Hénin-Liétard en décembre 1919, Froissart aurait été, selon le témoignage de son cousin Nestor Calonne, ancien maire de la ville, suspendu en 1921 par la préfecture après son arrestation dans une manifestation. Sans doute démissionna-t-il, car des élections eurent lieu et il fut battu. Le 17 juin 1922, la Fédération communiste du Pas-de-Calais lui demanda de la représenter à une réunion tenue avec les délégués de la fédération du Nord et des deux unions départementales CGTU en vue de la création d’un quotidien régional.
René Froissart quitta le Pas-de-Calais vers 1924-1925, pour s’installer comme fermier à la tête d’une exploitation de vingt hectares à La Fourchotte par Brion, région de Migennes (Yonne). Après un voyage en URSS, il fit, début 1926, une tournée de propagande en France. Le Parti communiste le présenta comme candidat aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans la première circonscription de Joigny-Tonnerre : il obtint 2 264 voix au premier tour et 474 au second (pour 22 925 inscrits, soit 9,8 % et 2 %). On ignore pourquoi le Comité central s’opposa à sa candidature au scrutin de mai 1932, mais Nestor Calonne témoigne qu’il en fut très affecté. Il se présenta à nouveau dans la circonscription de Joigny-Tonnerre en avril-mai 1936. Le Parti communiste en avait fait son porte-drapeau aux élections du conseil général à Joigny en novembre 1934, à Migennes en février 1935 et du conseil d’arrondissement à Joigny en octobre 1937. Il était conseiller municipal de Brion. Froissart avait été délégué au congrès mondial contre la guerre, à Amsterdam, en août 1932.
Principal dirigeant communiste de l’Yonne, Froissart intervint au VIIIe congrès du Parti communiste (Villeurbanne, 22 au 25 janvier 1936) et fut élu à la commission de contrôle des finances du PCF. Le congrès d’Arles (25 au 29 décembre 1937) le confirma dans cette fonction. Il était secrétaire de la Région communiste de l’Yonne depuis sa création en octobre 1936. Celle-ci comptait en 1939 1 500 adhérents, répartis en 84 cellules locales, et une cellule d’entreprise (arch. Albert Vassart).
Arrêté en mai 1940, il s’évada du camp de Chibron, commune de Signes (Var), le 17 octobre 1940, avec la complicité de son fils aîné. Le Parti communiste clandestin l’envoya, en décembre 1941, comme responsable à Tours (Indre-et-Loire), où il formait avec André Chartier et Jean Guillon le triangle de direction. Il fut arrêté le 18 février 1942, sur dénonciation semble-t-il. Incarcéré au camp de Romainville, il fut désigné comme otage le 11 septembre 1942 et fusillé le 21 septembre au Mont-Valérien, en représailles à l’attentat contre le cinéma Rex en septembre 1942. Les corps des 46 otages ont été incinérés.
Marié en avril 1921, René Froissart était père de cinq enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107788, notice FROISSART René, Alfred [écrit parfois par erreur FROISSARD René] par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 14 novembre 2010, dernière modification le 22 juillet 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

René Froissart
René Froissart

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Nat. F7/12992, F7/13021, F7/13029, F7/13091. – Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 2387. – Arch. Dép. Var, 4 M 291. – Bulletin communiste, 4 novembre 1920. – Le Travailleur (Yonne), 1er mars 1928, 10 septembre 1932, années 1934-1938. – Renseignements fournis par la mairie d’Hénin-Beaumont. – Lettres de Nestor Calonne à Jacques Girault, août 1979. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit., p. 214. – Le Congrès de Tours, édition critique, op. cit. – Notes Jean-Pierre Besse, Jacques Girault et Yves Le Maner.

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